Stationnement vélo en gare : un bilan contrasté un an après l’échéance fixée par la LOM
La Loi d’orientation des mobilités (LOM), adoptée en 2019, a impulsé un tournant dans la politique de transport en France, avec un objectif ambitieux pour le vélo : favoriser l’intermodalité entre le vélo et le train en équipant au moins 1 133 gares en stationnements sécurisés pour les vélos. Un an après l’échéance du décret, seules 59 % des gares respectent ou dépassent le nombre minimum de places de stationnement requis, soit 5 points de plus en un semestre et 13 en un an. Via ses nouveaux tableaux de bord par région, le Réseau vélo et marche, mesure le chemin parcouru depuis 2021.

Quelques rappels :
L’objectif initial énoncé par le décret d’application n°2021-741 de la LOM était de déployer à minima 75 891 places de stationnement sécurisées dans 1 133 gares, représentant environ 37 % des gares ferroviaires françaises. Pour chaque gare identifiée, le décret fixe un nombre minimum d’équipements à atteindre. Ce seuil, allant de 10 à 1 000 places, est calculé en fonction de la fréquentation journalière entrante de chaque gare.
Qu’entend-on par « stationnement sécurisé » ?
Au sens du décret d’application de la LOM, ces équipements doivent obligatoirement permettre de stabiliser et de fixer le vélo par deux points. Par opposition aux stationnements « libres » (arceaux, lices ou appuis vélos), ils doivent aussi bénéficier d’un système de fermeture sécurisée, de surveillance humanisée ou de vidéo-surveillance. Par ailleurs, le décret précise que les stationnements doivent être situés dans des endroits couverts, éclairés et implantés à moins de 70 m d’un accès à la gare, sauf en cas d’impossibilité technique avérée.
Un bilan national en demi-teinte mais des résultats encourageants dans l’ensemble des régions
Un an après la date de l’échéance du décret, 41 % des gares LOM identifiées ne remplissent pas le contrat. Néanmoins, il faut souligner l’effort des régions. Si aucune d’elle n’atteint l’objectif, plus de 85 % des gares LOM sont équipées dans la majorité des régions : Auvergne-Rhône-Alpes, Bretagne, Centre-Val de Loire, Grand Est, Occitanie, Pays de la Loire et Provence-Alpes-Côte d’Azur. Le nombre de gares conformes à la LOM a doublé en quatre ans (+104%), avec 29 519 nouveaux stationnements sécurisés installés. Ces avancées témoignent de la dynamique positive du déploiement, bien qu’il reste encore des efforts à fournir pour atteindre pleinement l’objectif fixé par le décret.

Une dynamique positive, y compris dans les régions retardataires
Dans les Hauts-de-France, une nette accélération s’est opérée ces six derniers mois avec + 57 % des gares conformes entre le 1er juillet 2024 et le 1er janvier 2025. En Bourgogne-Franche-Comté, 55 % des gares n’ont encore atteint l’objectif, mais dans 43 % d’entre elles, 80 % des places de stationnements nécessaires ont été installées. Ce différentiel restant s’explique, dans certains cas, par des projets de stationnements lancés avant la publication du décret LOM qui prévoyaient moins de places de stationnements.

Le contexte de la Région Île-de-France est singulier car elle représente à elle seule 58 % de l’objectif national de stationnements sécurisés, soit 400 gares LOM. A ce jour, seules 18 % de ces gares atteignent l’objectif. Néanmoins, la stratégie de déploiement des stationnements lancée avant le décret LOM par Île-de-France Mobilités va au-delà et couvre 570 gares. Dans le cadre de cette stratégie régionale, 168 gares ont été équipées en consignes et 224 gares en consignes ou stationnements en libre-accès. Au-delà de l’effort à accomplir dans un contexte urbain dense, la difficulté réside aussi dans le recensement de l’ensemble des stationnements sécurisés au sens de la LOM. Actuellement les abris vélos en libre accès vidéosurveillés installés aux abords des gares ne sont pas tous relevés et n’apparaissent pas dans les données que nous partageons pour la région Île-de-France. Un recensement sur 550 gares franciliennes, prévu entre mars et mai 2025, devrait permettre de disposer de données plus complètes notamment sur les abris vélos en libre accès vidéosurveillés.
Vers un suivi élargi du stationnement en gare ?
Les chiffres présentés dans le tableau de bord dédié au suivi du stationnement vélo en gare proviennent des données transmises par SNCF Gares & Connexions, et corrigées par les régions d’une part et les DREAL d’autre part, sans exhaustivité garantie. Ces données ne permettent pas aujourd’hui de montrer l’effort de déploiement de stationnement sécurisé porté sur les gares « hors LOM » – c’est-à-dire celles de moins de 100 000 voyageurs par an. Il serait aussi intéressant d’étendre le suivi au stationnement libre de type arceaux aux abords des gares. Autant d’indicateurs utiles dans le contexte de la mise en œuvre des projets de SERM et de la Stratégie nationale du tourisme à vélo qui misent sur l’intermodalité.
Armelle Boquien
Pour aller plus loin :
- Le tableau de bord Stationnement vélo en gare du Réseau vélo et marche (mis à jour tous les six mois)
- L’Enquête nationale sur les politiques modes actifs 2022 réalisée par le Réseau vélo et marche
- L’étude intermodalité vélo – transports terrestres réalisée en 2021 par Vélo & Territoires
- Le guide de recommandations pour réussir un projet de stationnement en gare du collectif Vélo Île-de-France