Quel sera l’avenir du plan vélo après 2025 ?
« Ce qui a été essentiel dans le Plan Vélo 2023-2027, en plus de l’augmentation de 50 à 250 millions annuels, c’était sa dimension pluriannuelle » a déclaré Françoise Rossignol, lors du Congrès de la Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB). La co-présidente du Réseau Vélo et Marche était aux côtés de deux co-présidents du Club des élus nationaux pour le vélo, Jacques Fernique et Guillaume Gouffier-Valente pour parler du Plan Vélo national. Quels seront les prochains rendez-vous cruciaux ? Quelles positions et ambitions les collectivités porteront sur cette séquence politique du Congrès de la FUB ?

La pluriannualité, l’essentielle du plan vélo
Françoise Rossignol, co-présidente du Réseau Vélo et Marche et maire de Dainville, a naturellement exprimé sa frustration face à l’arrêt brutal du plan vélo en 2024 et souligné combien le retard menace non seulement les projets en cours, mais aussi les projets à venir. Ceux-là même qui sont destinés à sécuriser la pratique cyclable. Malgré une volonté de faire, le manque de moyens des collectivités territoriales pour investir massivement dans le vélo est criant. « Ce qui a été essentiel dans le Plan Vélo de 2023/2027, c’était sa dimension pluriannuelle. Pour la première fois, il ne s’agissait pas simplement d’appels à projets vélo, mais d’un véritable cadre sur sept ans ». Avec cette pluriannualité, les collectivités avaient la stabilité nécessaire pour planifier et réaliser des aménagements durables. « Aujourd’hui, nous sommes dans une crise du financement des collectivités. A l’heure où nous validons les derniers budgets, cela retarde les investissements, et peut même mettre les projets en péril à l’arrivée des nouvelles équipes municipales ». Françoise Rossignol n’a pas manqué de saluer les collectivités et 650 élus signataires du soutien au Plan Vélo et Marche pour lesquels l’arrêt brutal des financements fait que « la confiance dans la parole de l’État est remise en cause ».
Pour une politique nationale structurante et cohérente
Pourtant, « l’État doit être là pour structurer la dynamique et le changement de mentalité », a déclaré Guillaume Gouffier Valente, député du Val-de-Marne et co-président du Club des élus nationaux pour le vélo. Avec le changement de mentalité palpable ces dernières années, les associations et les élus attendaient de l’État qu’il prenne ses responsabilités. A lui d’offrir une « politique cohérente » pour soutenir et développer le système vélo, estime le député. Le vélo ne doit pas être limité à une problématique écologique, mais bien reconnu comme un enjeu de mobilité quotidienne.
Des crédits réintégrés in extremis
Pour le Sénateur Jacques Fernique, malgré les annonces de soutien du Gouvernement, les financements pour le vélo sont largement insuffisants. Aujourd’hui, 50 millions d’euros de crédits de paiements du Fonds vert sont désormais envisagés en lieu et place des 250 millions annuels promis en 2023 lorsque l’Alliance pour le vélo en réclamait … 500 millions par an sur le quinquennat. La séquence politique de l’annonce de la suspension du plan vélo aura d’ailleurs été ubuesque puisqu’annoncée à l’occasion de la rencontre organisée par le ministre Francois Durovray avec les associations suite à la macabre violence d’un automobiliste envers le défunt cycliste Paul Varry ! « Les choses ont ensuite évolué en dernière minute » avec le Gouvernement Bayrou, non sans négociations. Le sénateur du Bas-Rhin et co-président du Club des élus nationaux pour le vélo et la marche invite à relancer un comité interministériel vélo.

Les collectivités face aux budgets contraints
Franck Dhersin, sénateur du Nord, a également exprimé son inquiétude : la situation budgétaire des collectivités ne permet pas de financer les projets vélo. Dès lors, « le prochain grand rendez-vous pour les mobilités, ce seront les élections municipales de 2026 ». Les futurs élus devront alors prioriser les aménagements pour le vélo et la marche dans leurs programmes. Un autre rendez-vous 2025 sera celui de la conférence nationale de financement, fixe ce grand connaisseur des mobilités des Hauts-de-France. La question sera alors de la fin des concessions autoroutières entre 2031 et 2034 : sera posée. « Comment bien entretenir les autoroutes tout en réorientant les fonds vers la politique de mobilité ? » pour anticiper la fin des concessions autoroutières. Cette séquence sera l’occasion, même si la place du vélo y reste floue, de poser les questions et faire entendre les attentes sur le vélo.
Les citoyens en attente
Les usagers, par la voix de Céline Scornavacca, co-présidente de la FUB, partagent le constat des élus : « Le Plan Vélo de l’État n’est pas simplement une décision technocratique, il donne une direction et une légitimité à cette politique ». L’État doit prendre une position plus forte et engager de réels financements pluriannuels. Les usagers insister sur l’importance de maintenir la place du vélo dans les politiques publiques. Il ne s’agit pas seulement de le soutenir comme un outil loisirs, mais de le considérer comme un mode de transport essentiel du quotidien.
Domitille Lécroart & Valentin Joubert