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Tourisme à vélo : cap vers 2030 !

Deux ans de travaux collectifs, c’est le temps qu’il aura fallu pour phosphorer, argumenter, affiner une stratégie nationale ambitieuse qui fixe le cap de la destination France à vélo. Conduit sous la houlette de Vélo & Territoires, ce plan d’actions décliné en 27 mesures a constitué le fil rouge de la Conférence nationale du tourisme à vélo à Grenoble les 12 et 13 juin derniers. Un nouveau palier de franchi dans cette course à étapes pour hisser la France au premier rang des destinations mondiales du tourisme à vélo à horizon 2030… en piste !

Un tourisme à vélo multi-facettes

Un tourisme à vélo qui se veut pluriel, durable, attractif et adapté, plus particulièrement envers une cible jeune : voilà les qualificatifs qui ont animé les échanges et ateliers durant ces deux journées en Isère.

Cibler la diversité des pratiques, sans se limiter à l’itinérance, est rapidement apparu comme un leitmotiv dans l’élaboration de la stratégie nationale du tourisme à vélo. Et quel meilleur exemple que le territoire hôte, l’Isère, pour illustrer cette pluralité ! Ici, la porosité entre le vélo du quotidien, le tourisme et un cyclisme plus sportif ou « actif » s’exprime au travers d’axes structurants tels que La Belle Via, la ViaRhôna ou Chronovélo, le réseau express vélo de la métropole grenobloise, des « pépites » comprenant à la fois des cols de renom, des parcours VTT ou gravel, mais aussi des services associés. Et le territoire peut compter sur une volonté politique forte de « s’accorder entre tous les maillons de la chaîne, publics et privés, pour développer l’écosystème et générer l’émulation », insiste Jean-Pierre Barbier, président du Département.

Cette synergie entre les acteurs est d’ailleurs portée unanimement : seul on va plus vite mais ensemble on va plus loin, et cette stratégie, élaborée par une cinquantaine de structures, en est la preuve. Créer les conditions d’un tourisme à vélo accessible et attractif, aussi bien pour les visiteurs au long cours que les touristes de proximité, dans le respect du territoire et de ses habitants, relève d’un équilibre subtil à trouver collectivement pour imaginer de véritables destinations vélo, locomotives du tourisme en France.

Soutenez la stratégie nationale du tourisme à vélo

Dévoilée à l’occasion de la Conférence nationale du tourisme à vélo 2024, cette stratégie nationale a besoin de financements et de moyens adaptés pour être portée et mise en œuvre. C’est pourquoi le collectif en appelle à toutes les structures concernées, gouvernementales, territoriales, professionnelles, fédérales et associatives à soutenir cette stratégie. Comment ? En signant le manifeste et s’emparant de la stratégie.

Vers un tourisme à vélo plus durable

Qui dit tourisme à vélo n’implique pas forcément un tourisme durable… Derrière ce terme parfois galvaudé se cachent à la fois des attendus en matière d’environnement et d’adaptation au changement climatique, mais aussi des défis économiques et sociaux, voire sociétaux, auxquels le futur tourisme à vélo doit s’attacher à répondre. Car « le respect des trois piliers du développement durable tend à devenir un standard et un critère de choix dans les destinations pour les visiteurs », rappelle Armelle Solelhac, experte en tourisme outdoor.

Pointé comme l’un des enjeux transversaux de la stratégie, l’adaptation du tourisme à vélo au changement climatique s’affiche déjà comme une réalité dans nombre de territoires. Dans un département comme l’Isère, partagé entre la plaine et la montagne, le vélo fait partie intégrante d’un tourisme quatre saisons, facilité par le vélo à assistance électrique. « C’est une nouvelle façon de créer de l’activité dans des territoires en transition », précise Thomas Honoré, co-gérant d’Altebike, avec de plus en plus une interaction avec le local et la nature environnante. Véritable manne économique, le développement du tourisme à vélo ne doit pas pour autant se faire « au détriment de ceux qui vivent là », souligne Pierre Mayade du Parc naturel régional du Vercors.

Cette cohabitation entre usagers doit s’accompagner d’une éducation dans le comportement et d’une clarification de l’information mise à disposition des touristes. « La démultiplication des modes de transport apporte à la fois des solutions et de la complexité, des outils sont nécessaires pour s’orienter », rappelle Fabien Ferdinandy, président des solutions Loopi. Des outils et une amélioration des conditions d’accès et d’intermodalité, maillon faible du tourisme à vélo en France.

La Belle Via en Isère ©P. Cholette

Sensibiliser et séduire les jeunes

Alors comment agir ? Une acculturation au tourisme à vélo apparaît comme un préalable indispensable, du côté des acteurs du transport certes, mais pas uniquement. Car si le vélo, un temps en désamour, a de nouveau le vent en poupe, poussé post-Covid par un besoin de (plein) air, rien n’est acquis. Il faudra fidéliser et sensibiliser, à commencer par les plus jeunes, pour convaincre et « démystifier le tourisme à vélo, le rendre moins intimidant », avance Jérôme Sorrel, journaliste et animateur d’une table ronde. « Le vélo c’est costaud, la bicyclette c’est plus poète, nous sommes des vendeurs de rêve et nous nous devons d’aspirer vers autre chose, d’inspirer », rappelle Christian Mourisard, vice-président d’ADN Tourisme.

Cette sensibilisation dès le plus jeune âge, nos voisins allemands y ont travaillé, en développant des offres adaptées pour les mini (1 à 3 ans), midi (4 à 9 ans) ou maxi (10 à 13 ans), en agissant tant sur les infrastructures (sécurité et trafic, largeur du cheminement, revêtement) que sur la distance proposée (différente selon les tranches d’âges) ou encore les services à disposition (aires de jeux, équipements adaptés aux enfants, signalétique ludique). « Cette diversité des situations et des besoins, nous l’intégrons dans la conception de l’offre, mais aussi dans la pédagogie et la communication que nous menons jusqu’au développement de tarifications favorables aux familles », explique Konstanze Meyer, experte en tourisme à l’ADFC, réseau d’usagers pour le développement du vélo en Allemagne. Avec un maitre-mot : la réassurance. « Le tourisme à vélo se démocratisera d’autant plus qu’on sera dans une réassurance de toute la chaîne. L’offre d’infrastructures, de services est là, renforcée par des labels comme Accueil Vélo, il nous faut aussi travailler sur l’accès à l’information, aux éducateurs, sur l’accessibilité », insiste Olivier Amblard, président de France Vélo Tourisme.

Un savoureux mélange à doser pour créer des expériences à vélo qui font mouche et, pourquoi pas, générer des vocations. « Dès mon premier voyage, le vélo est devenu mes bottes de sept lieux. Une fois qu’on y a goûté, ça nous tient pour la vie », confie Nicolas Mercat, vice-président de Vélo & Territoires, partageant son expérience personnelle. Cet imaginaire peut également s’appuyer sur le Tour de France, cet outil formidable au service de la France à vélo : « Les champions de notre enfance sont les champions de notre vie », aime à répéter Christian Prudhomme, directeur de l’épreuve ; « quand les champions et les championnes empruntent un Vélib pour rentrer de la présentation du parcours, ils véhiculent une image positive et encouragent aussi le développement du vélo du quotidien ».

Une nouvelle illustration de la porosité des pratiques et de la nécessité d’adresser une offre plurielle, réflexion qui aura guidé les échanges pendant ces deux journées et plus largement les travaux collectifs menés pour élaborer la toute nouvelle stratégie nationale du tourisme à vélo. Soyez-en le premier relais !

Karine Lassus

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