Réalisation du Schéma national : un millésime 2022 constant en volume avec une majorité de site propre

Des réalisations à tous les niveaux de schéma

Grâce à l’Observatoire national des véloroutes, Vélo & Territoires note que tous les niveaux de schéma ont progressé en 2022. Au total ce sont 1 010 km de véloroutes qui ont été ouverts, dont la moitié sur le Schéma national, environ un quart sur les schémas régionaux et le quart restant sur les schémas départementaux et locaux.

Le Schéma national priorisé avec 510 km réalisés, dont 140 km d’EuroVelo

Huit itinéraires ont concentré plus des deux tiers des réalisations du Schéma national en 2022 :

• 71 km ont été ouverts en Haute-Vienne et en Dordogne sur la V56, principalement en site partagé ;
• 55 km en voie verte dans les Ardennes sur la V34 – Véloroute du canal des Ardennes ;
• 45 km en Haute-Vienne sur la V93, essentiellement en site partagé ;
• 40 km dans le Finistère et le Morbihan sur la V45 – La Littorale, majoritairement en site partagé ;
• 31 km sur la V81 – Véloroute du piémont pyrénéen dans les Hautes-Pyrénées et dans les Pyrénées-Atlantiques respectivement en site partagé et en site propre.

Du côté du schéma européen, trois itinéraires ont particulièrement progressé, à la faveur de réalisations majoritairement en site propre, disséminées sur l’ensemble de leur tracé :

• 38 km sur l’EuroVelo 4 – La Vélomaritime ;
• 37 km sur l’EuroVelo 3 – La Scandibérique ;
• 32 km l’EuroVelo 8 – La Méditerranée à vélo.

230 km réalisés sur les schémas régionaux

Si en 2021 toutes les ouvertures observées en schéma régional vélo (SRV) étaient concentrées sur le seul SRV corse, en 2022 les réalisations en SRV sont plus diffuses. Au total, on observe 230 km de réalisation sur les SRV, dont plus de la moitié concerne trois itinéraires des SRV de Nouvelle-Aquitaine, Centre-Val de Loire et Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur :

• 53 km sur la V743 – Marmande Casteljaloux Labouheyre Mimizan, ouverts dans les Landes en voie verte ;
• 51 km sur la V203 – La Touraine-Berry à Vélo, réalisés en Indre-et-Loire, essentiellement en voie verte ;
• 26 km sur la V862 – La Durance à vélo, ouverts dans les Bouches-du-Rhône essentiellement en voie verte.

Seulement neuf schémas départementaux en progression avec 170 km réalisés

Cette année encore, on note que les itinéraires de dimension strictement départementale progressent lentement. Seuls neuf schémas départementaux (SDV) ont connu des réalisations en 2022. 60 % des ouvertures réalisées sur les SDV touchent trois itinéraires :

• 40 km sur la V5101 dans la Marne, majoritairement en site partagé ;
• 38 km sur la V8702 – Véloroute Bujaleuf / Rempnat en Haute-Vienne, en site partagé ;
• 22 km sur la V6100 – Voie Verte Briouze Bagnoles dans l’Orne, en voie verte.

Le Schéma national des véloroutes frôle les 80 % de réalisation

Sur les 26 115 km de véloroutes que le SNV totalise au 1er janvier 2023, 20 755 km sont réalisés (79,5 %), dont 9 605 km en site propre (46 % du réalisé). Cela inclut les 8 400 km d’EuroVelo, dont le taux de réalisation est de 94,7 %.

Après quelques faux-départs, tous les itinéraires sont en progression

Très bonne nouvelle : pour la première fois depuis la création du Schéma national en 1998, l’ensemble des itinéraires est en mouvement. Autre élément notable, la moitié des itinéraires inscrits au SNV, 29 d’entre eux pour être précis, ont vu leur taux d’avancement augmenter en 2022, contre seulement 14 en 2021.

L’état de réalisation des itinéraires du SNV se répartit comme suit au 1er janvier 2023 :

• 21 itinéraires sont achevés ou très proches de l’être (plus de 95 % de réalisation), soit trois de plus qu’en 2021 :
  • trois itinéraires montent dans cette catégorie (EuroVelo 12 – North Sea Cycle Route, V42 – Véloroute de la Rance et de la Vilaine, V82 – Véloroute de la Baïse), auxquels s’ajoute la toute nouvelle V95.
  • la V92 – La Flow Vélo sort de cette catégorie du fait de sa récente extension.

• 16 itinéraires sont très avancés (75 à 95 % de réalisation) soit quatre de plus qu’en 2021 :
  • six itinéraires montent dans cette catégorie (EuroVelo 8 – La Méditerranée à vélo, V45 – La Littorale, V73 – Via Fluvia, V81 – Véloroute du piémont pyrénéen, V86 – La Vallée du Lot à Vélo, V93).
  • un itinéraire descend dans cette catégorie du fait de sa récente extension (la V92 – La Flow Vélo)
  • trois la quittent du fait de leur progression (voir ci-dessus)

• 16 itinéraires sont avancés (50 à 75 % de réalisation), soit quatre de moins qu’en 2021 :
  • deux itinéraires montent dans cette catégorie (V34 – Véloroute du canal des Ardennes, V55)
  • six itinéraires la quittent du fait de leur progression (voir ci-dessus)
• 7 itinéraires sont peu avancés (moins de 50 % de réalisation), soit deux de moins qu’en 2021 (voir ci-dessus).

Le SNV continue sa progression, mais le rythme observé des réalisations reste trop timide au regard de l’objectif de l’achèvement du SNV en 2030. Pour le tenir, les ouvertures devraient avoisiner les 700 km par an.

Une bonne part de linéaires en site propre et des ouvrages emblématiques

Autre élément marquant pour les réalisations 2022 ? Plus de la moitié (54 %) des ouvertures enregistrées sont en site propre, alors que le SNV réalisé total en comptabilise 46 %. Sur les six dernières années, 2022 est celle qui présente le kilométrage réalisé et la part de site propre les plus importants après l’année 2020, année record marquée à la fois par la fin d’un cycle lié aux termes de mandats politiques et une accélération des aménagements en lien avec la crise sanitaire.

Parmi ces ouvertures, notons également que plusieurs ouvrages d’art ont été mis en service sur différents itinéraires. Sans être exhaustif, on peut citer :

• la passerelle du Pont de Valvins sur EuroVelo 3 – La Scandibérique ;
• le viaduc de Douvenant à Saint-Brieuc et la passerelle sur la Vire à Condé-sur-Vire pour l’EuroVelo 4 – La Vélomaritime ;
• la passerelle sur la Moselle à Thionville et l’estacade sur la Saône à Trévoux pour la V50 – La Voie Bleue ;
• la passerelle sur l’Yonne à Escolives-Sainte-Camille pour la V51 – le Tour de Bourgogne à vélo et la V56 ;
• la passerelle sur la Giffre à Marignier pour la V61.

Ces ouvrages emblématiques et stratégiques résorbent des points noirs et sécurisent le réseau cyclable, mais ils sont également très coûteux. À titre d’exemple, la passerelle du Pont de Valvins et l’estacade de Trévoux ont respectivement nécessité un investissement de 1,2 et 3,8 millions d’euros, sans compter les études préalables.

Réaliser une véloroute, un chemin semé d’embûches ?

Sur 148 collectivités contributrices de l’enquête annuelle de l’Observatoire national des véloroutes en 2022, 32 ont mentionné rencontrer des difficultés, voire des blocages dans leurs projets de véloroutes. Ces éléments n’ont pas valeur de sondage, mais ils peuvent toutefois donner un éclairage :

• dans 23 % des cas, les maîtres d’ouvrage rencontrent des problèmes liés au foncier, qui peuvent impliquer des acquisitions de terrain ou le montage de conventions avec des propriétaires privés ;
• pour 23 %, les projets sont freinés du fait que les élus locaux et/ou les riverains ne sont pas convaincus de leur intérêt ;
• 20 % des porteurs de projets interrogés mentionnent des difficultés d’ordre administratif impliquant notamment les études environnementales et les déclarations d’utilité publique, qui augmentent les délais de réalisation ;
• dans 17 % des cas, les blocages sont intrinsèques à la collectivité, notamment pour les collectivités ayant acquis récemment la compétence sur le sujet et/ou en raison de recrutements qui peinent à aboutir ;
• Enfin, pour 13 % des répondants, le montage financier du projet est mentionné, il peut s’agir d’une difficulté à financer les projets, à mobiliser certains fonds (notamment européens), mais aussi à faire face à l’augmentation des coûts des matériaux.

Fabien Commeaux