Le tourisme fluvial et fluvestre, un secteur en mutation

Un secteur qui fédère et une activité qui évolue

À travers son évènement SLOWW !, organisé tous les deux ans, VNF fédère les acteurs de l’écosystème touristique fluvial et fluvestre. Les messages portés lors des conférences et ateliers soulignent les enjeux de dynamique collective et d’évolution des engagements responsables et durables dans le secteur. Lionel Rouillon, directeur du développement chez VNF « mise sur la synergie entre privés et collectivités pour la réussite des projets ». Frédéric Avierinos, vice-président d’Entreprises Fluviales de France, quant à lui, « ne connaît que des exemples de coopération réussie qui s’organisent autour de projets structurés et complets ». Conscient du besoin d’une mutation écologique pour préserver l’attractivité du secteur, « les labellisations vertes dans le tourisme », « la motorisation verte pour les opérateurs » ou encore « la certification ports propres » étaient au cœur des débats.

Côté pratique, les choses évoluent également comme démontrent les chiffres clés 2021 du tourisme et du transport fluvial du bassin Rhône-Saône publiés par VNF en décembre dernier. La crise sanitaire continue de toucher l’activité des croisières fluviales (paquebots fluviaux et péniches hôtels) avec un démarrage tardif, qui s’explique probablement par un lent retour des clientèles étrangères. À l’inverse, la plaisance privée et locative a enregistré une année record sur la période estivale en 2021, même si la pratique reste inférieure à 2017 ou à 2019. L’émergence d’une nouvelle clientèle française, encline à la déconnexion, aux rencontres et à la proximité avec la nature, contribue à cette tendance.

La dynamique fluvestre se concrétise

Vélo & Territoires a activement participé à la manifestation avec l’organisation de l’atelier « Comment dynamiser un itinéraire fluvestre ? ». L’occasion de concrétiser les travaux engagés depuis 2016 avec le partenaire privilégié qu’est VNF et de présenter la dynamique des comités d’itinéraires aux acteurs de l’agence fluviale. Malvina Richez, responsable du bureau Tourisme Territoires et Concessions Portuaires chez VNF, a d’ailleurs planté le décor, en confirmant « le souhait d’une implication plus forte avec, dès 2023, un engagement financier de Voies Navigables de France au sein de plusieurs comités d’itinéraires ». Une implication qui se concrétise déjà sur le terrain à l’instar de l’étude de fréquentation sur le Canal des 2 mers à vélo qui sera menée cette année avec la contribution de VNF. L’objectif ? « Comprendre le comportement de la clientèle fluviale : fait-elle du vélo ? quels sont ses besoins ? Si nous n’étions pas partenaire du comité d’itinéraire, ça n’aurait pas forcément été pris en compte. »

Dynamiser un itinéraire fluvestre passe aussi par des services adaptés aux usagers de la voie d’eau et de ses abords. « Nous avons développé des hébergements insolites à proximité des haltes grâce à un partenariat avec nos amis belges », témoigne Valérie Grimbert, directrice de l’association Lys Sans Frontières qui fédère les communes et les intercommunalités riveraines de la Lys. Véronique Ropp et Bernard Spitz de la Compagnie des Canotiers Rhône Saône, basée à Lyon, quant à eux, insistent sur l’importance de pouvoir identifier les services : « La marque Accueil Vélo© est une réponse idéale, mais il faut s’efforcer de signaler ces services. La communication est primordiale pour identifier un départ, un service ou un produit touristique. »

Sur le volet marketing, là encore, les témoignages convergent sur l’intérêt des collaborations pour aboutir à un résultat efficient. En plus des actions « classiques » comme l’édition d’un guide vélo Ouest France « La Lys en roue libre », d’une carte de réseau point-nœuds ou des campagnes de valorisation via différents médias ou réseaux sociaux, Valérie Grimbert présente la plateforme de commercialisation franco-belge « Cap sur la rivière d’or » mise en place par l’association. Location de vélos et de bateaux électriques, initiations à la pratique du canoë, d’activités de bien-être ou évènements organisés le long de la voie d’eau, la plateforme facilite le lien entre des acteurs d’univers variés permettant de valoriser pleinement la voie d’eau, ses abords et son cadre privilégié. La boucle Bleu-Vert-Vapeur est un autre exemple de collaboration réussie. La Compagnie des Canotiers, le train de l’Ardèche et l’itinéraire La Dolce Via ont uni leurs forces pour proposer un produit touristique unique en Europe : sur trois jours, la boucle offre de combiner la découverte à vélo sur La Dolce Via, une croisière en bateau sur le Rhône et la remontée de la Vallée du Doux en train à vapeur. Depuis le lancement du produit en 2021, le taux de remplissage du bateau atteint plus de 90 %. Un véritable succès qui permet d’augmenter le nombre de départs : de six dates proposées en 2021, il y en aura dix en 2023. La clé de la réussite ? Un produit atypique qui offre aux touristes une véritable déconnexion.

La synergie et la coopération entre les acteurs du fluvial et du vélo sont des leviers pour le développement de ces filières. Les partenariats, à l’image de celui engagé entre Vélo & Territoires et VNF, et les initiatives menées dans les territoires font incontestablement évoluer les pratiques sur les voies d’eau et à leurs abords. Favoriser la complémentarité des activités et proposer des services mutualisés incitera les usagers à passer davantage d’une activité à l’autre, quelle qu’elle soit. Rendez-vous en 2024 pour faire le point lors de la prochaine édition de SLOWW !.

Sophie Rapinel