Visite de Clément Beaune sur La Véloscénie
Début août, le nouveau ministre délégué chargé des Transports Clément Beaune s’est rendu en Eure-et-Loir sur La Véloscénie, la véloroute reliant Paris au Mont Saint-Michel. Au programme et à vélo bien sûr, la rencontre avec des cyclotouristes et les acteurs œuvrant au développement du tourisme à vélo sur le terrain. L’occasion pour le ministre d’affirmer son attachement au vélo et à son essor dans tous ses usages : « C’est une filière qui se développe, pas seulement pour les grandes villes ». L’occasion pour Vélo & Territoires de rappeler qu’il reste encore beaucoup d’effort à fournir pour faire de la France la 1ère destination mondiale du Tourisme à vélo. L’association était représentée lors de cette visite par sa vice-présidente et présidente du comité d’itinéraire de La Véloscénie, Isabelle Mesnard, également présidente de Chartres Tourisme, qui répond ici à nos questions.
Que représente pour vous la venue du ministre des Transports sur la Véloscénie ?
Isabelle Mesnard : J’étais vraiment réjouie que le ministre des Transports choisisse La Véloscénie pour sa visite à vélo. Cela signifie que l’itinéraire est reconnu. Il est vrai qu’Illiers-Combray – l’arrivée de la visite – avec la Maison de Marcel Proust notamment est une étape importante sur la route de Paris au Mont Saint-Michel. Y passent également les chemins de Saint-Jacques et La Vallée du Loir à vélo (V47). De plus, la portion parcourue à vélo mêlait voie partagée et piste cyclable dédiée, ce qui a mis en lumière différents types d’aménagements présents le long de notre véloroute. Nous avons aussi fait plusieurs haltes, ce qui a permis d’aller à la rencontre des cyclotouristes et des acteurs œuvrant au développement du tourisme à vélo sur le terrain. Leurs retours d’expériences ont permis d’être vraiment dans le vif du sujet.
Quels sujets particuliers avez-vous évoqués lors de cette visite ?
Lors d’un arrêt dans un camping, nous avons rencontré trois groupes de cyclotouristes, tous avec un profil différent : une famille avec des adolescents, un couple avec un enfant en bas âge dans une carriole, et un couple de jeunes retraités faisant du vélo sportif. Et tous les trois on fait remonter au ministre la question de l’intermodalité, soulignant à chaque fois les difficultés d’accès en train à l’itinéraire. Et ce n’est pas le cas uniquement sur La Véloscénie. Avec Maria Jebli-Chedeville, présidente du collectif Mai à vélo, vice-présidente du Club des villes et territoires cyclables et marchables et adjointe en charge du vélo à la ville de Chartres, nous avions d’ailleurs abordé la question de l’intermodalité avec le ministre plus tôt dans la journée : il y a de vrai progrès à faire en France sur ce point-là, que ce soit en milieu urbain ou pour les pratiques de cyclotourisme. La location one-way pourrait être une solution, mais ce n’est pour le moment pas rentable, notamment pour le rapatriement des vélos car nous avons un déséquilibre de sens de circulation sur l’itinéraire. Beaucoup de gens vont de Paris au Mont Saint-Michel, et très peu font le chemin inverse.
Lors d’une seconde halte dans un atelier-boutique vélo récemment installé, nous avons pu aborder l’importance des services vélo le long des itinéraires et des difficultés rencontrées pour les déployer. Dans ce cas, Mathieu, le propriétaire de l’atelier, n’a pas encore eu le temps (ni l’argent) pour se former à la réparation des VAE, travaillant à plein temps depuis l’ouverture de son local il y a trois mois. Il faut trouver des solutions pour aider et encourager ce type d’initiative. Ici, par exemple, la mairie d’Illers-Combray et le département d’Eure-et-Loir ont mis à disposition gratuitement le local (une ancienne boucherie), ce qui a lui permis de se lancer à son compte. Ce genre d’initiative doit être soutenue par les collectivités locales.
Que retirez-vous de cette visite ?
Cette visite estivale était une bonne façon d’aborder ces différents sujets, et le ministre m’a paru plutôt réceptif et attentif. On espère réellement qu’il y aura des retombées, notamment dans un nouveau Plan vélo national. Il y a déjà eu les annonces du prolongement des aides à l’achat de vélo, mais il faudra aller plus loin, et sur de nombreux sujets comme l’intermodalité, le tourisme à vélo, et le développement de la filière économique du vélo. De façon plus générale, le tourisme à vélo à connu une vraie explosion ces dernières années. Tout le monde s’y met, et les élus sont de plus en plus conscients des retombées et des impacts positifs sur leurs communes : il y a une vraie économie derrière le vélo, et il faut savoir en profiter. Les restaurateurs, hôteliers et autres professionnels du tourisme qui sont à proximité des itinéraires comme La Véloscénie ne s’y trompent pas : la majorité de leur clientèle en été est constituée de cyclotouristes. Il en est de même avec le développement des services vélo : leur implantation participe au développement de l’économie et au dynamisme de la vie locale.
propos recueillis par Jilliane Pollak