Une Alliance pour le vélo inédite entre collectivités, citoyens et entreprises
Face aux enjeux climatiques, sociaux et économiques soulevés par la mobilité, l’implication de chacun est essentielle. Pour répondre à ce défi collectif, plus de 680 acteurs de l’écosystème vélo se sont réunis les 10 et 11 février à Tours pour le 22e Congrès de la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB). L’occasion pour la FUB, Vélo & Territoires, le Club des villes et territoires cyclables et marchables (CVTCM), l’Union Sport & Cycle et l’Association de promotion et d’identification des cycles et de la mobilité active (APIC) de dévoiler une inédite Alliance pour le vélo. L’ambition ? Faire front commun entre citoyens, collectivités et entreprises et porter le vélo comme un atout pour la France, sur fond d’élections présidentielles et législatives.
Le vélo, acteur de la transition
Reprenant à son compte les dix-sept ODD (objectifs de développement durable) fixés dans l’Agenda 2030, Bettina Laville, présidente et fondatrice du Comité 21 pose le décor de la table ronde de clôture du congrès de la FUB au titre évocateur « Quelle place pour le vélo dans les élections 2022 ? » : « économique, respectueux de la biodiversité, égalitaire, etc., le vélo touche tous les ODD ce qui est rare. Il permet d’être acteur de la transition et d’engager une véritable réflexion sociétale ». Olivier Schneider, président de la FUB et maître de cérémonie, avance que « pour répondre à tous ces enjeux, il faut que tous les acteurs sans dissonance soient alignés sur des propositions communes, car nous sommes à un moment clé du système vélo ».
Depuis quelques années, les questions de mobilité sont sur le devant de la scène et poussent de plus en plus dans le débat public. Si l’envie de pédaler n’a jamais été aussi forte en France, force est de constater que nos concitoyens ne sont pas libres et égaux dans leur choix de mobilité. Que l’on se fie aux indicateurs nationaux de fréquentation cyclable (+28 % entre 2019 et 2021, tous territoires confondus), à la participation record au troisième Baromètre des villes cyclables (avec 277 384 contributions et 1 625 communes classées) ou à la croissance des ventes de cycles (+25 % de chiffre d’affaires en 2020 par rapport à 2019), tous les voyants sont au vert. Ce décalage entre envie populaire et insuffisance de conditions favorables à la pratique du vélo constitue un enjeu politique majeur.
Pour y répondre, la FUB (réunissant 465 associations locales), Vélo & Territoires et le CVTCM (regroupant plus de 400 collectivités), l’Union Sport & Cycle (fédérant plus de 1 400 entreprises du cycle) et l’APIC ont décidé de coopérer au sein d’une inédite Alliance pour le vélo. Collectivités, acteurs économiques et citoyens, tous portent collectivement une vision du vélo en tant qu’outil d’intérêt général et de transformation positive face aux défis contemporains. Tous expriment d’une voix unique et exigeante pour engager les chantiers nécessaires au développement du vélo en France. Dans tous les territoires, le vélo doit apparaître comme une solution de mobilité.
Une ambition collective pour une politique vélo ambitieuse
Acteurs incontournables pour encourager et installer la pratique des modes actifs, les collectivités territoriales y contribuent à travers des actions systémiques et la mobilisation de multiples leviers au regard de leurs compétences de politiques publiques. « Les collectivités doivent avoir une vision globale de l’inclusion du vélo dans l’ensemble de la ville, et notamment vers les publics qui y trouvent davantage d’obstacles », rappelle Françoise Rossignol, présidente du CVTCM. La participation grandissante au Baromètre illustre à quel point le potentiel de développement du vélo est immense à l’échelle de l’hexagone, quels que soient les territoires. « La ruralité a aussi envie d’avancer, mais la mise en œuvre n’est pas tout à fait la même qu’en zones urbaine et périurbaine », décrit Chrystelle Beurrier, présidente de Vélo & Territoires.
Pièces maîtresses d’un marché du cycle en pleine croissance, les entreprises du secteur accompagnent, par leurs investissements et leurs innovations, le développement de la pratique du vélo pour tous et dans tous les territoires. Patrick Guinard, président de l’APIC représentant l’Union Sport & Cycle, en est persuadé : « le vélo est LE mode de déplacement du futur. Il faut continuer à développer une vraie industrie du vélo en France car celle de l’automobile ne joue plus ce rôle aujourd’hui. Il faut la transformer et la faire venir vers le vélo, ce que nous ne pourrons réussir qu’avec l’ensemble des acteurs du vélo. »
Autre maillon essentiel de la chaîne, les usagers. Regroupés en collectifs ou en associations, ils sont des interlocuteurs bienveillants (mais exigeants) des collectivités pour porter des propositions issues de leur expertise d’usage du quotidien. « Le Baromètre permet de connaître les attentes, d’identifier les points noirs, d’encourager et de motiver les décideurs publics. Les avis des usagers comptent et doivent permettre de faire avancer les choses », insiste Olivier Schneider.
Une alliance autour d’un socle de propositions structurantes
Cette Alliance pour le vélo entend interpeler les candidats aux élections présidentielles et législatives pour porter une vision ambitieuse du vélo. Son objectif : faire de la France un pays où le vélo constitue, partout et à tout âge, un mode de déplacement désirable, fer de lance de la redynamisation des territoires. De cette vision partagée, l’Alliance a présenté lors du congrès de la FUB dix mesures stratégiques organisées autour de cinq défis : la solution vélo face aux défis d’un égal accès à la mobilité, de l’emploi, d’une meilleure santé, de l’inclusion sociale, au défi climatique et environnemental. Ces propositions sont détaillées au sein d’un Livre blanc mettant en avant trois mesures phares.
En premier lieu, doubler le réseau cyclable actuel pour le porter à 100 000 km durant le quinquennat. L’aménagement d’infrastructures cyclables continues et sécurisées apparaît comme un préalable pour encourager la pratique auprès de tous ceux qui n’oseraient passer le cap. Une mesure qui nécessite de doter le Plan vélo national d’un budget d’investissement de 2,5 milliards d’euros (hors collectivités) sur la durée du mandat, soit un équivalent de 30 €/habitant/an tous financements confondus. « Derrière l’infrastructure, il faut de la simplification et un État volontariste, qui s’engage de façon ambitieuse à nos côtés pour répondre aux attentes des citoyens ; c’est un cycle vertueux », plaide Chrystelle Beurrier. Le tout « en complémentarité entre la marche, le vélo et les transports collectifs dans un parcours fluidifié », complète Françoise Rossignol.
Autre mesure phare : mettre tous les publics à vélo. Il s’agit en particulier de généraliser le Savoir Rouler à Vélo et soutenir la sécurisation des abords des établissements scolaires pour « étendre la pratique de façon universelle et équitable de ce formidable outil d’autonomie », renchérit la présidente du CVTCM. Mais la mobilité à vélo des séniors, l’adaptation du vélo aux différentes formes de handicap, ou encore la généralisation de l’indemnisation des salariés vélotaffeurs est tout aussi essentielle.
Enfin, troisième mesure phare et non des moindres, l’alliance ambitionne de faire de tous les territoires des espaces agréables à vivre et de dynamiser les villes et villages par le vélo. En limitant l’étalement urbain, en soutenant la reconquête des centre-bourgs, en plaidant pour une généralisation des liaisons cyclables intercommunales et une réduction de la vitesse de circulation, cette mesure appelle à construire une France de la proximité par le vélo.
Et Bettina Laville de conclure : « nous n’avons que l’usufruit de la planète. Aussi je crois beaucoup au remplacement de la propriété par l’usage et le vélo est un très bel exercice pour s’habituer à ce changement de modèle. »
Alors, que vous soyez élu ou technicien, usager, une entreprise ou une association, n’hésitez pas à vous emparer de ces mesures. A les partager. A les porter. Pour faire entendre une voix collective forte et ambitieuse en faveur d’une France à vélo auprès des décideurs nationaux.
Dix mesures stratégiques
1. Doubler le réseau cyclable français sur le quinquennat, le rendre attractif, continu et maillé en augmentant le budget d’investissement de l’Etat d’au moins 2,5 milliards d’euros sur cinq ans.
2. Généraliser et financer le Savoir Rouler à Vélo à l’école pour que chaque écolier entre au collège en sachant faire du vélo. Des piqûres de rappel sont indispensables au collège et au lycée, avec une initiation à l’équilibre dès la maternelle.
3. Rendre le Forfait mobilité durable obligatoire, totalement cumulable avec le remboursement des transports en commun et réellement incitatif pour inciter les salariés du secteur privé comme public à venir au travail à vélo ou à pied.
4. Favoriser l’intermodalité entre transports collectifs et vélo avec la création de 200 000 places de stationnement sécurisé supplémentaires dans les gares et pôles de transports.
5. Accompagner le déploiement de cinq millions d’emplacements de stationnement vélo pour les copropriétés, le logement social et l’habitat ancien, notamment en mobilisant des financements liés aux mesures de performance énergétique.
6. Renforcer les mesures d’accompagnement social aux mobilités actives, à travers une aide à l’achat de cycles non-conditionnée à l’existence d’aides locales, une extension de la prime à la conversion et la création d’une prime à la démotorisation renforcée selon des critères sociaux. Cibler notamment l’acquisition de vélo à haut niveau de service (pliants, cargos, vélomobiles), sans se limiter au soutien des seuls vélos à assistance électrique.
7. Placer la promotion des modes actifs au cœur des politiques de santé publique, de prévention primaire, secondaire et tertiaire, depuis le plus jeune âge, et jusqu’au maintien dans l’autonomie de nos ainés.
8. Soutenir l’émergence d’une filière vélo française et européenne. Favoriser la création d’un écosystème économique innovant et exemplaire (privé, public et associatif), porteur d’emplois non délocalisables pour la fabrication, la réparation et le réemploi des vélos, ainsi que dans les services autour du vélo. Faire de la France la première destination mondiale du tourisme à vélo.
9. Soutenir la revitalisation des villes et villages par des plans favorisant la piétonisation des centre-bourgs et villes, en aménageant les entrées de ville et en mettant fin à l’étalement urbain des commerces, des zones d’emploi et de l’habitat. Développer les liaisons cyclables intercommunales sécurisées.
10. Faire du 30 km/h en agglomération la règle et du 50 km/h l’exception, et limiter la vitesse hors agglomération en absence d’aménagements cyclables sécurisés.
Karine Lassus
En savoir plus :
- Livre blanc « Faire du vélo un atout pour la France »
- Communiqué de presse commun du 22 février 2022
- [Article] Baromètre des villes cyclables 2021 : une nouvelle édition record
- La plateforme détaillant les engagements à jour des candidats à l’élection présidentielle sera mise en ligne le 10 mars au lien suivant.