Le vélo pour préserver l’environnement sur une destination touristique
La communauté de communes de Petite Camargue, située dans le sud du département du Gard, est un territoire fluvial. Les contraintes environnementales fortes, l’inscription dans la démarche Grands Sites de France et la volonté d’opérer une transition vers un tourisme plus durable, sont autant d’arguments en faveur du développement du tourisme à vélo sur le territoire. Regard d’Alain Reboul, vice-président délégué au port de plaisance de Gallician à la Communauté de communes.
- Pouvez-vous présenter le territoire de la Petite Camargue ?
La communauté de communes de Petite Camargue est composée de cinq communes et compte plus de 27 000 habitants. Le territoire est fluvial et en rétro-littoral. Notre destination est prisée par les randonneurs et les cyclistes qui bénéficient de 120 km de chemins de randonnée, ainsi que de deux boucles vélo locales (la boucle de la Camargue Gardoise et celle des Costières). Le territoire est traversé par deux EuroVelo : EuroVelo 17 – ViaRhôna et EuroVelo 8 – La Méditerranée à vélo. Avec le port de Gallician, la commune de Vauvert possède un attrait touristique majeur, situé sur le canal du Rhône à Sète et classé en zone Natura 2000. Le port labellisé « Qualité Plaisance » est marqué Accueil Vélo depuis 2019. Les cyclistes peuvent par exemple y effectuer de petites réparations. Les contraintes environnementales sur notre territoire, et tout particulièrement sur le port, nous conduisent à favoriser les déplacements doux, ce qui coïncide bien avec le positionnement touristique « nature » du territoire. Ce tourisme de découverte est en adéquation avec les orientations environnementales adoptées par la Communauté de communes. Notre territoire est plat ce qui facilite la découverte à vélo. En revanche, quand le mistral et la tramontane soufflent fort, les déplacements à vélo sont moins aisés. La densité d’infrastructures cyclables favorise les trajets entre plusieurs sites touristiques. Par exemple, la ViaRhôna entre le port de Gallician et le Grau du Roi emprunte le chemin de halage le long du canal du Rhône à Sète. Les cyclistes peuvent poursuivre jusqu’à la pointe de l’Espiguette, une des plus grandes plages sauvages du littoral méditerranéen en France. En bref, nous disposons d’un large éventail d’offres qui permet de répondre à une diversité de demandes et qui sert à la fois aux touristes et aux locaux, lors de leurs promenades de loisirs.
- L’ensemble de la communauté de communes est aussi situé sur le territoire du Syndicat Mixte de la Camargue Gardoise qui porte les démarches « Grand Site de France de la Camargue gardoise » et « Grand Site d’Occitanie ». Ces deux démarches ont-elles un impact sur le tourisme à vélo sur votre territoire ?
Le Syndicat Mixte de la Camargue Gardoise rassemble huit communes du sud du département. Il est dépositaire du label « Grand Site de France » qui reconnait la qualité de gestion des paysages remarquables et du label « Grand Site Occitanie ». Ces deux labels nous permettent de ne pas tomber dans les dérives du tourisme de masse. L’objectif ? Accueillir mieux pour préserver nos paysages. En 2021, le Syndicat Mixte a mené une étude pour réaliser un schéma de mobilité et de stationnement. Nous travaillons à la manière dont habitants et touristes circulent et stationnent sur le territoire afin de minimiser l’impact sur les espaces naturels et le patrimoine. Les habitants demandent à pouvoir disposer d’alternatives sécurisées aux déplacements en voiture individuelle. Les touristes veulent poser leur voiture pour toute la durée de leurs vacances et donc réaliser leurs déplacements de loisirs et utilitaires par d’autres modes de déplacement. Le vélo est une réponse à ce double enjeu !
- Le vélo constitue un levier à actionner vers un tourisme plus durable. Dans quelle mesure les prestataires sont mobilisés vers cet horizon ?
Les socioprofessionnels du tourisme sont de plus en plus sensibilisés à l’enjeu d’un tourisme plus durable et travaillent à proposer des prestations plus éco-responsables. De nombreux porteurs de projet proposent des prestations articulées à la découverte de notre faune et notre flore exceptionnelles, et, par conséquent, beaucoup offrent des services vélos aux touristes, comme des visites à vélo ou encore de la location.
- Le port de Gallician opère une belle synergie fluvestre, entre usagers du port, cyclistes, locaux et touristes. Observez-vous des conflits d’usages ponctuels ?
Le port de Gallician est un nœud touristique où cohabite une multiplicité d’usages. Sur les routes partagées, des panneaux signalent aux automobilistes le passage des cyclistes. Sur la ViaRhôna, les tronçons en site propre sont parfois empruntés par des cyclistes sportifs qui la prennent « pour un vélodrome ». Néanmoins, ces aménagements sont aussi utilisés par un public familial qui apprécie ces voies sécurisées. Les conflits d’usage sont un dommage collatéral. Comment y répond-on ? Agir sur des comportements individuels est compliqué et passe nécessairement par la sensibilisation des cyclistes sportifs au partage de l’espace public. Les conflits d’usage sont aussi le corolaire de notre environnement, rural et protégé. Les chemins passent le long des vergers et certains cyclistes font leurs provisions d’abricots. Pour certains acteurs, tels que les ornithologues, le passage des cyclistes exercerait une influence néfaste sur la nidification des oiseaux. Tout est question de civisme ! Nous comptons nouer des échanges avec les clubs cyclistes alentours et le comité départemental de cyclotourisme. Notre rôle en tant que collectivité territoriale est de faire preuve de pédagogie et de sensibiliser tous les usagers à un usage respectueux d’autrui.
Propos recueillis par Myriam Bossard
Pour aller plus loin :
- Cet article s’inscrit dans le cadre de la publication du guide « Développer le tourisme à vélo dans les territoires » de Vélo & Territoires. Vous retrouverez une version synthétique de ce retour d’expérience dans la publication consultable en téléchargement ici.
- Site Internet de la communauté de communes de Petite Camargue
Le guide « Développer le tourisme à vélo dans les territoires » est réalisé avec le soutien technique et financier de l’Agence de la transition écologique (Ademe)