SlowUp Alsace, « ralentir la cadence pour augmenter le plaisir ! »
Pour célébrer les 60 ans de la Route des Vins, Alsace Destination Tourisme a impulsé le slowUp. Depuis 2013 l’évènement invite à « réduire la cadence pour augmenter le plaisir ». Un programme proposé chaque année au mois de juin, que nous décrit Marie-Jo Simon, d’Alsace Destination Tourisme.
- Pouvez-vous présenter la Route des Vins d’Alsace ?
L’Alsace est une région à forte identité, dont l’ADN est précis. D’un point de vue touristique, la destination a tout ce qu’il faut pour plaire : histoire, patrimoine culturel et naturel, gastronomie, randonnée. L’Alsace est une terre de vin et de bière et présente des marqueurs de nos valeurs sur lesquels nous pouvons capitaliser.
La Route des Vins d’Alsace est créée en 1953 par la volonté conjointe des organisations touristiques et viticoles de mettre en tourisme ce territoire, projet précurseur à l’époque. L’itinéraire dédié aux automobiles est élaboré, avec près de 120 communes traversées. En 2013, nous souhaitions profiter de cette date anniversaire – les 60 ans de l’inauguration de la route – en vue de trouver un prétexte supplémentaire pour attirer sur notre destination, mais aussi permettre aux Alsaciens de se réapproprier leur Route des Vins. De plus, la Véloroute du Vignoble est aménagée à cette occasion, dont environ 80 % de l’itinéraire est en site propre. Même si la Route des Vins est animée toute l’année, il nous semble important de créer un événement fédérateur qui fasse briller l’Alsace !
- Où avez-vous puisé l’inspiration pour créer un événement comme le slowUp ?
Lors d’une réunion cyclo à l’été 2012, j’ai entendu parler du concept des slowUps suisses et pris contact avec Suisse Mobile, à l’origine du concept. Développé en Suisse depuis les années 2000, le concept du slowUp consiste à proposer un parcours dans un environnement attrayant, le réserver pour une journée à toute activité non motorisée, et prévoir un grand panel d’activités. Suisse Mobile nous cède le droit d’usage de la marque, en contrepartie du versement d’une somme financière, une première pour une organisation hors de leur pays ! L’agence suisse nous accompagne également pour mettre sur pied les fondamentaux de l’événement : le logo, la charte graphique, ainsi qu’une promotion sur le marché suisse. Le projet est lancé fin 2012. Nous mettons en place un comité de pilotage, un comité technique et un comité communication, puis organisons un éductour avec les élus et techniciens alsaciens sur un slowUp suisse pour nous rendre compte de l’ambiance sur place. Après une grosse mobilisation, des réunions de sensibilisation, de sécurité et d’animation, le dimanche 2 juin 2013 a lieu le premier slowUp alsacien. Les participants sont invités à pédaler – 80 % des véhicules sont des vélos, mais tous les modes actifs non motorisés sont acceptés – tous de blanc vêtu, un clin d’œil à la couleur de nos vins d’Alsace.
- Comment agissent les territoires autour de cet événement ?
Les territoires se sont pleinement mobilisés. En 2013, sept communes du Haut-Rhin et du Bas-Rhin sont traversées par le slowUp. Chacune peut organiser sur la place de son village des festivités, mettre en avant ses associations locales et permettre aux vignerons d’ouvrir leur cave. Alsace Destination Tourisme gère les villages d’accueil, vitrines du tourisme alsacien et des partenaires financiers.
Le portage politique est fort. Grâce à la force de frappe des services des routes des deux départements d’alors – Haut Rhin et Bas Rhin, aujourd’hui unifiés dans la Collectivité européenne d’Alsace – se sont tout de suite mobilisés pour prendre part à l’évènement. Nous mettons également en place un partenariat avec la Région afin de déployer des TER dédiés, permettant l’embarquement des vélos depuis les villes de Strasbourg, Colmar et Mulhouse. Quand la commune de Sélestat intègre le parcours l’année suivante, sa gare entre dans ce dispositif intermodal.
- Au-delà de ces partenariats publics, le slowUp Alsace s’appuie aussi sur les associations et les prestataires privés. Comment ont-ils été associés ?
Nous organisons des réunions de sensibilisation auprès de la population pour associer toutes les parties prenantes, et notamment les socio-professionnels. Nous nouons des partenariats avec des structures privées. Les loueurs de vélos sont associés à l’évènement pour proposer notamment des flottes de vélos aux abords des gares et des parkings. Pour mesurer la fréquentation de l’événement, nous mettons en place un partenariat avec Eco-Compteur. Nous proposons des partenariats sous forme de sponsoring à nos fournisseurs pour transformer une prestation payante en support de promotion, de manière à maîtriser le budget. Quant aux associations locales, nous nous appuyons sur elles pour créer une dynamique dans chaque commune, leur proposer de tenir des stands et vendre tartes flambées, vins et bières pour en contrepartie disposer de signaleurs bénévoles qui sécurisent le parcours. Nous faisons aussi appel à des groupes de musique. Par exemple, un groupe de jazz circule dans une carriole sur tout le parcours, des fanfares locales et des groupes folkloriques animent les places festives. Le résultat ? Une vraie dynamique multi-partenariale pour l’organisation de l’événement. Au total, plus de 90 associations locales sont mobilisées et nous pouvons compter sur plus de 1 000 bénévoles. Et le jour J, c’est toute l’équipe d’Alsace Destination Tourisme qui se rend disponible et assure les missions d’accueil de la presse, du poste de commandement, d’information et de services divers… une très belle aventure humaine !
- Comment expliquez-vous que le budget s’amenuise d’année en année ?
En effet, nous avons pratiquement réduit de moitié le budget en six ans. En 2013, le budget était de 162 000 €, la moitié de ce budget étant consacrée à la communication pour créer une image, une attractivité. Lors de la dernière édition en 2019 – COVID oblige – le budget était de 73 000 €, avec un poste sécurité qui prend de l’ampleur. Cette différence s’explique par le fait que nous avons réduit le budget dédié à la communication et capitalisons sur l’image et la notoriété grandissante.
- Quel public participe au slowUp ?
Pour la première édition, le slowUp a réuni un public multigénérationnel composé de plus de 15 000 participants, essentiellement alsaciens. L’année suivante, on a doublé la fréquentation avec 29 000 personnes et avions agrandi le parcours avec deux communes supplémentaires pour fluidifier les flux. En 2015, nous avons enregistré 36 000 participants, puis 42 000 participants en 2019. Le public est composé à environ 80 % d’Alsaciens, et à 20 % de touristes étrangers (suisses, allemands, belges), mais aussi français. Nous sommes convaincus que l’événement permet aussi aux Alsaciens de se mettre en selle et d’adopter le vélo au quotidien.
- Quelles sont vos perspectives pour les prochains slowUps ?
Après avoir créé une association dédiée à l’organisation de l’évènement mettant l’ensemble des communes et intercommunalités concernées autour de la table, Alsace Destination Tourisme assure aujourd’hui la communication et le maintien des valeurs fondamentales autour du slowUp. Nous sommes ainsi en train d’amorcer l’organisation de l’édition 2022 après deux ans de pause forcée, et d’imaginer un nouvel évènement pour fêter les 70 ans de la Route des Vins en 2023 pour toujours séduire, attirer et surprendre nos visiteurs. Le concept essaime, après le deuxième slowUp de France, organisé dans la Vallée de l’Ognon en septembre 2021, quelques territoires se rapprochent de nous pour se renseigner sur l’organisation d’un tel événement.
Propos recueillis par Myriam Bossard
Pour aller plus loin :
- Cet article s’inscrit dans le cadre de la publication du guide « Développer le tourisme à vélo dans les territoires » de Vélo & Territoires. Vous retrouverez une version synthétique de ce retour d’expérience dans la publication consultable en téléchargement ici.
- Site Internet dédié au slowUp Alsace
- Site Internet d’Alsace Destination Tourisme
Le guide « Développer le tourisme à vélo dans les territoires » est réalisé avec le soutien technique et financier de l’Agence de la transition écologique (Ademe)