Clap de fin pour le projet AltanticOnBike
Après trois ans de travaux, 70 élus et techniciens des sept pays partenaires du projet AtlanticOnBike[1] se sont réunis virtuellement les 28 et 29 octobre dernier pour clôturer ce projet portant sur l’EuroVelo 1. Vélo & Territoires a particulièrement apporté son expertise sur l’observation, le signalement et la pérennisation des comités d’itinéraire. Retour sur les avancées, les livrables du projet et les perspectives de collaboration à l’issu du projet européen, qui marque le début de l’histoire collective. Longue vie à l’EuroVelo 1 !
L’EuroVelo 1, désormais Atlantic Coast Route, partage ses avancées
« En cette période exceptionnelle, le développement du tourisme à vélo est un sujet stratégique au regard des enjeux en termes de développement durable et de pratiques touristiques » introduit Jean-Jacques Lasserre, président du conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques, collectivité cheffe de file de la démarche. « AtlanticOnBike a jeté les bases d’un travail qui servira pour les années à venir ». Pour Chrystelle Beurrier, présidente de Vélo & Territoires « ce projet a rapproché les partenaires et les nations par la mise en commun de leur savoir. Il a été un véritable soutien pour un développement de politiques publiques en droite ligne avec les impératifs qui s’imposent à nous aujourd’hui, en termes de crise sanitaire et de réchauffement climatique ». Mais quels sont les apports concrets de ce projet ?
Pendant trois ans, l’ensemble des partenaires du projet AtlanticOnBike porté par le conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques ont travaillé à la construction de l’image de la désormais dénommée Atlantic Coast Route. Au programme : marketing, communication, services, qualité, observation. Le volet marketing et communication coordonné par la coordination de La Vélodyssée a permis à la marque Atlantic Coast Route de voir le jour à la suite d’une étude stratégique mettant en exergue les potentialités et les cibles de l’itinéraire et ses sections aussi diverses que les pays traversés pour relier la Norvège au Portugal. Les actions de communication ont été articulées autour de deux cibles : le grand public et les professionnels. Des supports print et numérique comme un film promotionnel, une brochure, une carte transnationale ou encore un site Internet transnational hébergé sur la plateforme de l’European Cyclists’ Federation (ECF) et six sites web nationaux ont été conçus. Le lancement officiel de la marque était prévu pour cette année, mais crise sanitaire oblige, remis à plus tard. Le temps de poursuivre le travail engagé auprès des éditeurs de topo-guide et notamment Esterbauer pour la publication d’un guide Bikeline à l’échelle de tout l’itinéraire EuroVelo.
Le rôle de Vélo & Territoires ? Outre accompagner les partenaires dans les réflexions au quotidien, Vélo & Territoires a travaillé sur une meilleure prise en compte des problèmes rencontrés par les utilisateurs sur le terrain. La solution proposée ? Un outil de signalement qui permet la communication directe entre les usagers et les maîtres d’ouvrages concernés. Le tout s’appuie sur la solution technique SIG hébergée sur l’Observatoire national des véloroutes et voies vertes (ON3V) de Vélo & Territoires. Après un premier test sur l’EV1-La Vélodyssée, l’outil est en cours de déploiement sur La Véloscénie, La Vélo Francette et à l’échelle du département des Pyrénées-Atlantiques. Il fera prochainement l’objet d’une adaptation de façon à s’articuler avec le dispositif national “Suricate”, déjà prisé pour le suivi des sites d’activités de pleine nature en France.
Le retour sur investissement est à l’image de la mobilisation des acteurs ? Pour le savoir Vélo & Territoires a collaboré à mettre en place un dispositif d’observation transnational calé sur les outils français. Grâce aux 6 000 questionnaires collectés et à une plateforme transnationale agrégant les données de comptages, on estime à 10,5 millions le nombre de cyclistes ayant parcouru l’Atlantic Coast Route en 2019, générant plus de 198 millions d’euros de retombées économiques pour les territoires concernés. Ce vaste travail autour de l’observation a été l’occasion pour Vélo & Territoires de formaliser la « Méthode nationale pour l’évaluation des véloroutes ÉVA-VÉLO », à paraître début 2021, pour détailler et décrypter le guide explicatif de la méthode EuroVelo 6 de référence.
Autre avancée majeure ? Vélo & Territoires a consacré des ressources pour réfléchir au difficile sujet de la gouvernance et de la gestion des itinéraires cyclables sur le long terme. C’est dans ce cadre que le Club des coordonnateurs a vu le jour en 2020. Il se pose comme un lieu d’échanges et un incubateur d’idées et sera animé au-delà du projet AtlanticOnBike.
Des efforts à poursuivre
Malgré les bons chiffres de fréquentation, il reste du chemin à parcourir pour l’EuroVelo 1, notamment en termes d’aménagement. La moitié de ses 11 000 km a été passée au crible de l’audit de certification EuroVelo. Résultats ? Si la plus grande partie (81 %) de l’itinéraire audité propose une bonne qualité d’aménagement et de revêtement, un gros effort reste à faire sur la signalétique. Près d’un tiers des sections enquêtées sont mal, voire pas balisées. Pour remédier aux points noirs soulevés par ce diagnostic, dix plans d’action sont d’ores et déjà définis par les différents partenaires. Pour la France, près de 700 actions représentant plusieurs millions d’euros d’investissement ont été identifiées. En ligne de mire : faire de l’EuroVelo 1 une destination d’excellence. Des opérations à flécher dans le cadre des financements du plan de relance ?
Vers un partenariat transnational
Ce séminaire de clôture du projet AtlanticOnBike fut également l’occasion de bâtir les fondations du futur accord de partenariat transnational (ou Long Term Management Agreement) qui sera porté par l’ECF au nom des partenaires, à l’instar d’autres itinéraires comme l’EuroVelo 15, dont le retour d’expérience a été partagé à travers les témoignages du département du Bas-Rhin et d’Alsace Destination Tourisme.
La vie de l’Atlantic Coast Route ne fait donc que démarrer. Christophe Najdovski, président de l’ECF, se réjouit que l’équipe d’ECF puisse animer le collectif transnational autour de l’itinéraire au-delà du projet européen. Objectif ? « Travailler avec les pays partenaires pour positionner l’EuroVelo 1 comme une des premières destinations cyclables internationales. Pour cela, il faudra concentrer les efforts sur le développement de l’offre et l’amélioration des aménagements ». Cinq axes de travail seront au cœur de ce premier contrat d’une durée de trois ans et réunissant cinq pays : l’aménagement, les services, le marketing/promotion, l’évaluation et la gouvernance. L’espoir ? Que l’engagement des partenaires soit aussi durable au niveau européen qu’il l’est encore aujourd’hui sur sa partie française. À l’occasion de ce séminaire, la coordination de La Vélodyssée a annoncé la signature d’une quatrième convention de partenariat qui devrait embarquer à son bord 41 intercommunalités en plus des trois régions et neuf départements impliqués de longue date. L’aventure française engagée en 2010 se poursuivra donc au moins jusqu’en 2024.
Stéphanie Mangin