Mieux équiper un réseau cyclable : la Vendée avance
Du simple banc à l’aire de repos complète, les équipements publics font vivre l’infrastructure de l’itinéraire cyclable. La dernière enquête menée sur La Vélodyssée confirme qu’une offre d’aires d’accueil est fortement attendue par les cyclistes. Comment inventorier l’existant et identifier les besoins en matière d’équipements ? Le département de la Vendée s’est penché sur cette question. Décryptage de son travail de structuration réalisé en lien étroit avec les territoires concernés.
- Vélo & Territoires : Quel est le contexte du vélo en Vendée ?
Cécile Barreau, présidente de la Commission Territoires et Collectivités au Département : Le Département s’est engagé depuis 1996 dans la réalisation d’itinéraires cyclables à l’échelle de son territoire. Aujourd’hui, le réseau cyclable d’intérêt départemental compte 1150 km dont 420 km en site propre. A ce réseau s’ajoutent 29 boucles locales labellisées qui représentent 630 km. Le tout est regroupé sous la marque « Vendée Vélo », dont le Département fait la promotion auprès de ses visiteurs. A ce réseau d’intérêt départemental s’ajoutent, en Vendée, 1000 km d’itinéraires locaux. Le Département a engagé en parallèle une stratégie tournée vers les services pour mieux répondre aux attentes et aux besoins des touristes à vélo, toujours plus nombreux. L’investissement du Département en faveur du développement des infrastructures cyclables est aujourd’hui complété par l’engagement des professionnels qui représentent 180 prestataires labellisés Accueil Vélo, soit près de 30 % de l’offre régionale. Parmi les touristes à vélo qui choisissent notre territoire comme destination pour leurs vacances, 71,2 % d’entre eux considèrent la possibilité de faire du vélo comme un facteur essentiel dans leur choix de séjour. Preuve s’il en fallait que la Vendée est une véritable destination vélo.
- Quels besoins des cyclistes en matière d’aires d’arrêt et de services avez-vous pu identifier ?
Cécile Barreau : Une première enquête clientèle auprès des cyclistes a été réalisée en 2015 par quatre agences départementales touristiques volontaires (dont Vendée Expansion) dans le cadre du projet de La Vélodyssée. Celle-ci a révélé que 46 % des touristes à vélo interrogés, soit près d’un cycliste sur deux, jugeaient que les services le long de l’itinéraire n’étaient pas satisfaisants. Ces retours nous ont sensibilisés aux besoins en services des touristes à vélo (toilettes, points d’eau, aires de pique-nique, …). La nouvelle enquête menée sur La Vélodyssée, dont les résultats ont été restitués cette année, est riche d’enseignements. Elle a notamment permis de mettre en lumière les atouts du réseau cyclable vendéen qui bénéficie aujourd’hui d’un bon niveau de satisfaction de la part des touristes à vélo. Celui-ci est très apprécié pour son environnement paysager, son entretien, la qualité des revêtements et sa signalétique. Parmi les cyclistes interrogés, 78 % qualifient l’itinéraire bon, voire excellent. En revanche, l’enquête a confirmé qu’une offre de services est attendue. Tout cela conforte la démarche du Département dont l’objectif est de structurer un réseau d’aires d’accueil et de services sur La Vélodyssée d’ici à la fin 2021.
- Comment avez-vous procédé pour mettre au point une analyse précise de l’offre territoriale d’équipements à destination des cyclistes ?
Wilfrid Montassier, président de l’Agence de Services aux Collectivités Locales de Vendée et président de Vendée Expansion : En 2017, le Département a confié à l’Agence de Services aux Collectivités Locales de Vendée (ASCLV), une étude visant à structurer un réseau d’aires de services dédiées à l’accueil des touristes à vélo pour répondre à leurs attentes et besoins. Dans ce cadre, l’analyse en matière d’équipements et de services a été très méthodique et précise. Nous sommes partis d’un inventaire des services de base implantés le long de La Vélodyssée réalisé par le Département en 2012. Cet inventaire a ensuite été complété et mis à jour. Au total, 368 services ont été répertoriés : aires de pique-nique, bancs, panneaux d’information, points d’eau, RIS, stations de gonflage, stationnements vélos, stationnements voitures, toilettes, offices de tourisme ou bureaux d’information touristique. A partir de ces services inventoriés, plusieurs sites « clés » ont été identifiés selon trois indicateurs : tout d’abord, le site clé devait regrouper plusieurs services. Nous avons privilégié la requalification d’un lieu existant plutôt que la création d’un nouveau point d’accueil sauf dans le cas d’une longue distance sans service. Deuxième critère : le site devait être à proximité d’un point d’intérêt touristique phare du territoire. Enfin, dernier critère : le site devait être à la jonction entre La Vélodyssée et un autre itinéraire cyclable structurant. Pour les 41 sites clés sélectionnés, des audits ont été conduits sur la base d’une grille créée par l’ASCLV. Tout ceci a permis de constituer une base de données géo référencée sur l’implantation de ces services et leur état, ainsi que des fiches de synthèse pour chaque site audité. Nous avons ensuite procédé à une analyse comparée des sites clés au regard de leur localisation, du cadre et de l’environnement, des services présents et de la fréquence d’implantation.
- Comment avez-vous organisé ce travail (gouvernance, moyen) ?
Wilfrid Montassier : Cette étude a nécessité la mise en place d’une méthodologie qui n’existait pas auparavant. L’ASCLV a associé les territoires, avec la désignation de référents locaux (issus des offices de tourisme et/ou d’EPCI), qui ont contribué à enrichir et à mettre à jour l’inventaire des services. Chaque référent a réalisé un important travail de terrain en conduisant les audits des sites clés répertoriés sur son territoire. L’outil d’audit a d’abord été testé par un office de tourisme puis, déployé et utilisé par les référents locaux. Ce travail collaboratif avec les territoires a été précieux dans cette démarche que nous pouvons qualifier d’innovante. Il a permis de les impliquer dès le début dans la démarche et de contribuer à la réussite de ce projet. Des réunions de restitution ont été instaurées à chaque étape pour partager la méthodologie mise en place et les résultats avec les territoires concernés.
- Quels sont les principaux résultats de cette démarche ?
Cécile Barreau : L’étude a permis de déterminer 19 aires d’accueil sur les 200 km de la partie vendéenne de La Vélodyssée (10 aires principales et 9 aires secondaires), soit une aire tous les 10 km en moyenne répondant à un cahier des charges de services minimum à proposer. Dès la fin de l’étude, le Département a adopté un règlement d’aide pour accompagner les collectivités (communes et EPCI selon leur compétence) dans la réalisation des aires d’accueil définies sur leur territoire. Dans le même temps, nous avons saisi la région des Pays de La Loire pour étendre son dispositif de soutien financier destiné aux aires d’accueil de La Loire à Vélo aux aires d’accueil de La Vélodyssée. Le règlement régional a été modifié en ce sens cet été et nous nous en réjouissons. Pour offrir des aires de qualité, nous avons sollicité le Conseil en Architecture, Urbanisme et Environnement (CAUE). L’objectif ? Élaborer une charte de recommandations pour intégrer au mieux les aménagements et les équipements dans leur environnement. Ce travail sera finalisé à la fin de cette année. Plusieurs collectivités nous ont déjà confirmé leur volonté d’aménager les aires d’accueil en 2020. Nous suivons l’avancement de la structuration de ce réseau de près …
- Avez-vous des conseils à donner aux territoires désireux de se lancer dans un travail comparable ?
Cécile Barreau : Comme souligné précédemment, il me paraît essentiel d’associer les territoires pour les impliquer dès le début dans la démarche et garantir la réalisation des aménagements futurs. Les territoires ont une connaissance fine du terrain qui permet d’apprécier plus justement la localisation et les besoins en équipements. Le Département garde un rôle de suivi et de coordination des territoires pour s’assurer que les aires soient créées de manière cohérente le long de l’itinéraire.
Propos recueillis par Agathe Daudibon
Pour aller plus loin :
Fiche-action n°8 : Équipements et aires d’arrêt (réservée aux adhérents)