Seine-Saint Denis : département 100 % cyclable d’ici 2024 !
Pour confirmer la place du vélo comme solution de transport à part entière en Seine-Saint-Denis, les élus du Conseil départemental ont adopté la Stratégie vélo départementale pour un territoire 100% cyclable d’ici 2024. Une ambition olympique affirmée pour ce département densément peuplé et urbanisé avec les défis que cela suppose.
Changement de braquet pour de Département
En 2018, les objectifs du Plan mobilité durable (PMD) 2016-2020 de la Seine-Saint-Denis (30 kilomètres d’aménagements cyclables) étaient atteints, trois ans en avance. « Nous avions deux solutions : en rester-là puisque nous avions fait ce qu’il fallait, ou changer de braquet. Nous avons donc opté pour 100 % de voirie cyclable d’ici 2024 » témoigne Frédérique Denis, conseillère départementale du Département. La Stratégie vélo prend donc le relai du PMD en insistant encore davantage sur le partage de l’espace public et les infrastructures cyclables. Côté budget, les 150 millions d’euros sur quatre ans sont comparables à l’investissement de métropoles engagées sur le vélo. Un vrai coup d’accélérateur pour soutenir la mobilité cyclable de manière structurée en Seine-Saint-Denis.
Trois axes pour la Stratégie vélo 2024
Votée le 18 avril, la stratégie vélo 2024 s’organise en trois axes. D’abord, avec 100 % de voirie départementale cyclable, l’infrastructure favorisera l’accès aux gares. Selon le contexte de chaque voie départementale, plusieurs solutions d’aménagement pourront être mobilisées pour optimiser les conditions de confort, de sécurité et de « cyclabilité » (pistes sécurisées, bandes cyclables en marquage, aménagement de zones 30…) dans un contexte de contraintes liées à la densité urbaine et au budget. «Nous allons adapter l’existant : apaiser la voirie, réduire les files de circulation et la largeur en veillant à ne pas créer de bouchons, c’est-à-dire concevoir un plan de voirie départemental en accord avec les plans municipaux tout en gardant de la fluidité avec un trafic très dense », détaille Vincent Malard, chef du bureau Aménagement durable du Conseil départemental. Deuxième axe, la culture vélo sera encouragée par le soutien aux associations via des appels à projet pour le développement de leurs animations (réparation, vélo-école), par la mise en place de services (maison du vélo, station de gonflage) ainsi que des actions ciblées auprès des collégiens, du grand public ou des agents des administrations (mise à disposition de vélos à assistance électrique de service…). Enfin, le troisième axe mettra l’accent sur la gouvernance pour concerter l’action avec les villes, les établissements publics et les associations. « Des comités techniques se rassembleront autour des plans des aménagements avant réalisation. Nous avons déjà contacté Mieux se déplacer à bicyclette et Paris en Selle pour recueillir des retours d’usagers. Et la démarche fonctionne puisque le réseau cycliste Ile-de-France est en train de se développer. »
Un contexte favorable
L’année 2024 est marquée par l’accueil des Jeux Olympiques à Paris. Une opportunité dans l’optique d’un héritage durable des jeux et la mise en place des infrastructures pérennes. Par ailleurs, la construction du Grand Paris Express impulse la création de nouvelles gares à l’est de Paris. « 95% des habitants et des emplois de Seine-Saint-Denis seront à moins de 2 km d’une gare du réseau parisien. Développer le vélo devient alors très pertinent. » Avec les nombreux projets de prolongement de lignes de métro et de tramway, l’objectif est de mailler le territoire dans le cadre d’une intermodalité gare-RER-métro-tram et vélo. Avec 1,6 millions d’habitants sur le département, diversifier les modes de transports est un enjeu primordial. Le vélo est un mode de déplacement économique répondant aux besoins de la population. « La Seine-Saint-Denis est une des populations les moins motorisés de France. Moins d’une personne sur deux possèdent une voiture. Ce territoire compte beaucoup de piétons. » Autre enjeu de la Stratégie vélo ? La sécurisation des piétons pour laquelle « certains projets permettent d’élargir les trottoirs, de développer le vélo et la marche. » confirme Vincent Malard. L’autre facteur de la mobilisation se situe clairement au niveau de l’urgence environnementale et sanitaire. « La circulation différenciée, notamment sur l’Autoroute A86 en période de canicule crée des problèmes de circulation. Selon l’Agence régionale de santé, le nombre de morts prématurés en Île-de-France dû à la pollution est estimé à 6000 personnes, publics fragiles et actifs confondus. Cela incite à agir. » précise-t-il. Très exposé à la pollution, le Département compte 2000 km de voirie dont plusieurs autoroutes gérées par l’Etat et 342 km de voies départementales sur les axes principaux.
Diversifier les pratiques : tourisme et mobilité quotidienne
Carrefour du tourisme à vélo, la Seine-Saint-Denis est traversée par trois véloroutes importantes : l’EuroVelo 3 – la Scandibérique, la V33 – La Seine à vélo et l’Avenue Verte London-Paris. Ces axes structurants incitent à développer des connexions et des rabattements pour la mobilité quotidienne. « Les nouveaux usages s’intensifient sur le territoire. Il y a une prise de conscience de la nécessité de se déplacer autrement.» La stratégie est aux aménagements de voirie attractifs favorisant un réseau fluide et sécurisé. C’est le cas de la première piste cyclable solaire de France réalisée le long du canal de l’Ourcq à Bobigny sur l’EuroVelo 3 – la Scandibérique. En fonction depuis fin 2018, elle permet d’éclairer en journée la sous face d’un pont ferroviaire très sombre et d’améliorer la visibilité et la sécurité des usagers. Une démarche innovante qui s’inscrit elle aussi dans une politique d’aménagement en soutien à la pratique du vélo et non à l’écoulement des flux automobiles. Pour Frédérique Denis, « c’est la fin du tout voiture. Il y a une demande de mobilité cyclable liée à une prise de conscience des inconvénients comme la qualité de l’air, le bruit ou la chaleur et cette demande devient plus forte dans les zones plus denses, à l’intérieur de la petite couronne notamment. » C’est 100 % motivé que le Département illustre une nouvelle fois que le vélo est une réponse aux enjeux contemporains.
Amandine Dupré
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