L’Agence Écomobilité Savoie Mont-Blanc : des projets innovants pour une mobilité éco-responsable

« Des idées pour avancer », tel est le slogan de l’Agence Écomobilité Savoie Mont-Blanc, qui accompagne les collectivités de Savoie et de Haute-Savoie dans le développement de projets alternatifs à la voiture individuelle. Définition et pilotage de projets, conseil en mobilité, animation et gestion de services vélo : autant de missions auxquelles l’agence apporte un regard neuf. Portrait d’une structure innovante au service des territoires cyclables avec son directeur Julien Manniez.

• Pouvez-vous revenir sur la création de votre agence en 2001 ?

L’Agence Écomobilité a été créée suite à la volonté politique de l’agglomération de Chambéry de mettre en place un service de location de vélos. C’était une première pour un territoire de cette taille-là. Le service a ouvert sous forme associative en 2002 et le public a très vite été au rendez-vous. Fort de ce premier succès, nos missions se sont rapidement diversifiées. En 2010, notre conseil d’administration a décidé d’élargir nos actions au reste du département savoyard. Puis, des collectivités de Haute-Savoie ont demandé à être assistées sur leur territoire. Nouveau changement en 2017 : l’agence est devenue bi-départementale.

• Quels services proposez-vous ?

Le plus emblématique de nos services reste la Vélostation de Chambéry. Elle organise la location courte ou longue durée de vélos standards, à assistance électrique (VAE) et de vélos enfants. La location de vélos à hydrogène est actuellement expérimentée auprès d’un panel d’habitants et de salariés du territoire. La Vélostation propose aussi des animations autour du vélo : contrôles techniques, marquages Bicycode, vélo-écoles… Ces moments sont de véritables espaces d’échanges avec les usagers. Enfin, l’agence gère un service de consigne. Il atteindra les 500 places après l’ouverture de nos nouveaux locaux situés en gare de Chambéry. L’inauguration est prévue début mars.

La Vélostation de Chambéry
en 2018 :

• 5072 contrats de location
• 906 locations de VAE
• 444 consignes
• 158 animations
• 155 vélo écoles

• Vous avez aussi développé le service Vélobulle. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Vélobulle est un service de transport à la demande en triporteurs électriques. Il permet de se déplacer à coût réduit dans le centre-ville. Il fonctionne sur un circuit prédéfini de 3 km, avec une prise en charge et une dépose sur n’importe quelle portion de la ligne. Avec une gratuité pour les abonnés Stac[1] de plus de 65 ans, l’idée de ce service est surtout d’améliorer la mobilité des personnes âgées. Le Vélobulle facilite le déplacement de ces publics en complément des transports en commun.

• Votre action s’avère plus vaste que le vélo ?

L’Agence Écomobilité considère le vélo comme un moyen de transport actuellement incontournable et elle agit surtout sur les modes alternatifs à la voiture individuelle. Depuis le départ, c’est une volonté politique de nos élus de ne pas opposer les modes. Ainsi, il est possible de bénéficier de services de mobilité de qualité sans être cycliste. Par exemple, nous avons récemment mis en place un service de covoiturage avec des bornes dynamiques.

• Vous êtes également spécialisés dans le conseil en mobilité ?

Les plans de mobilité dans les entreprises ou établissements scolaires sont notre deuxième grand axe de travail. L’agence accompagne aussi des collectivités dans leurs projets de mobilité. Actuellement, nous participons au développement d’un service de VAE dans un écoquartier situé à Cognin. L’idée consiste à proposer aux habitants de louer un VAE à prix réduit et de bénéficier d’ateliers de mise en selle. Nous avons aussi aidé la communauté d’agglomération Grand Lac dans la mise en place d’une aide de 200 euros à l’achat de VAE en 2018. L’originalité de cette aide est qu’elle est directement déduite du prix du vélo en magasin auprès des revendeurs locaux agréés. Cette incitation à l’achat plus efficace assure ainsi des retombées économiques sur le territoire. Enfin, pour faciliter le retour à l’emploi des personnes en situation de précarité d’un quartier prioritaire d’Aix-les-Bains, nous proposons des conseils en mobilité personnalisés et la location courte durée de VAE à 50 centimes par jour.

• Vous êtes donc une structure d’expérimentation de la mobilité ?

Nous nous positionnons au maximum sur des initiatives innovantes. L’action « MobiLAB »  permet de tester gratuitement des modes de déplacement alternatifs à la voiture individuelle : vélos standards, pliants ou VAE, trottinettes, scooters électriques, hoverboard… Les volontaires sont accompagnés pour essayer ces différents véhicules, en complément des transports en commun, sur leurs trajets quotidiens. Une expérience qui fonctionne car un volontaire sur deux choisit de délaisser la voiture au profit du nouveau mode de déplacement.

Les ateliers MobiLAB sont aussi organisés auprès des salariés des entreprises du territoire.

• Quel bilan faites-vous des dix-huit années d’existence de votre agence ?

Nous avons eu quelques insuccès et nous avons aussi pu faire de très belles choses. Grand Chambéry l’agglomération a réalisé des aménagements cyclables importants ces dernières années. Entre ces aménagements et nos services, le vélo progresse fortement. Entre 2017 et 2018, la piste cyclable qui traverse Chambéry a connu une hausse de fréquentation de 17 %. Le territoire change et cela nous incite à changer nous aussi. Notre structure va évoluer en Société publique locale[2] en 2019. Avec cette transformation, les élus souhaitent garder la main sur les différentes actions de l’agence, tout en conservant une dynamique associative via un conseil de développement. À ma connaissance, il n’existe pas d’autres structures de conseil en mobilité qui fonctionnent en SPL. Ce nouveau statut est surtout utilisé dans le domaine des transports pour la gestion des réseaux publics. C’est donc tout à fait nouveau et c’est très stimulant ! 

[1] Service de transport de l’agglomération chambérienne

[2] Une Société publique locale (SPL) est une société dont seules les collectivités territoriales peuvent être actionnaires