Le marché du vélo poursuit sa progression en 2017
Ce 13 avril, l’Union Sport & Cycle dévoilait les chiffres de l’observatoire du cycle 2017. Si le marché se renforce, se diversifie et franchit la barre symbolique des 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires, avec un phénomène de fond sur le VAE, le potentiel de croissance du vélo en France s’avère encore considérable. Les acteurs du marché souhaitent le voir se préciser avec le lancement d’un vrai Plan national vélo sincère, assumé et financé. Focus sur les principales tendances et perspectives.
Les chiffres progressent
2,78 millions, c’est le nombre de vélos vendus en France en 2017. Si le volume de cycles vendus se stabilise entre 2016 et 2017, le chiffre d’affaires atteint lui le record de 1,28 milliards d’euros, avec +9,6 % par rapport à 2016. Alors que les détaillants (55 %) et les surfaces multisports (32 %) se partagent le marché, les ventes en ligne représentent 8 % du chiffre d’affaires et sont en hausse de 22 % par rapport à 2016. Les ventes d’équipements et d’accessoires, quant à eux, culminent à 749 millions d’euros. En tout, le marché du cycle a donc généré 2,03 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2017. Preuve s’il en fallait que les Français investissent dans leur vélo. Le prix moyen ? Il progresse de 9 % porté par l’engouement pour l’achat de VAE. Mais à 459 euros, il reste peu coûteux comparé à certains homologues européens.
Un marché emporté par le VAE …
Le VAE, produit à forte valeur ajoutée, connait une belle croissance depuis plusieurs années. Ses ventes ont été multipliées par plus de 25 en dix ans pour atteindre 255 000 unités vendues et un volume quasi doublé par rapport à 2016. « Le bonus VAE a créé un effet de levier très important beaucoup plus en termes de médiatisation qu’en termes financiers : tout à coup, l’intérêt du VAE a été porté à la connaissance des Français » souligne Jérôme Valentin, coprésident de l’Union Sport & Cycle. Les VAE de ville et VTC à assistance électrique tirent le marché du VAE dont ils représentent 86 % des ventes 2017. 77 % de ces cycles ont été acquis auprès d’un détaillant spécialisé, confirmant le besoin en conseil et en suivi personnalisé de ce segment.
… au potentiel immense sur le report modal
De ville, VTC, VTT, cargo ou vélos de course, le VAE ouvre de nouveaux usages, de nouveaux modes de transport, de livraison, de déplacement et séduit de nouveaux cyclistes au service de la mobilité décarbonée. Selon le Cerema, 7 % des bénéficiaires du bonus VAE ont délaissé leur voiture suite à l’achat de leur VAE. Reprenant les ratios du centre de ressource, l’Union Sport & Cycle fait les comptes : 255 000 VAE vendus, c’est 17 000 voitures en moins, 165 millions de kilomètres automobiles et 51 000 tonnes de CO2 évités. Un effet très vertueux sur le report modal que tout le monde appelle de ses vœux. Mais la performance de ce marché VAE ne risque-t-elle pas de prendre un coup avec le quasi abandon du bonus depuis le 1er janvier 2018 ? « Le ralentissement de la croissance constaté depuis la refonte du bonus ne durera pas » pronostique Jérôme Valentin. « La comparaison avec les pays voisins confirme le potentiel du marché français du VAE. En France, le VAE représente moins de 10 % des volumes vendus, contre 45 % en Belgique et 19 % en Allemagne, où on estime qu’il pourrait monter jusqu’à 35 % à terme. »
La filière de recyclage des batteries s’organise
Le VAE pose évidemment des questions de l’impact environnemental du marché du vélo. Pour le réduire, l’Union Sport & Cycle et Corepile travaillent de concert pour la collecte et le recyclage de batteries de VAE. Trois mois après le lancement, 350 points de collecte sont opérationnels dans toute la France et plus de cinq tonnes de batteries usagées ont été collectées. La perspective de développement de cette filière de retraitement est très importante au regard de la croissance phénoménale des ventes de VAE depuis plusieurs années.
Évolutions du marché et politique nationale
Pour son observatoire du cycle 2018 l’Union Sport & Cycle prévoit d’analyser le marché du VAE par type (VTT, VTC, ville, cargo) afin de faciliter la comparaison avec les autres pays européens. L’analyse du marché des loueurs, de l’occasion ainsi que de la vente aux collectivités et entreprises apparaissent également stratégiques pour affiner l’observation du marché du cycle à l’avenir. Ces indicateurs, les innovations, la progression et la vitalité générale du marché du cycle ne doivent pas laisser croire qu’une culture vélo s’est installée en France. Le réalisme reste en effet de mise : « Il faut investir dans le vélo » plaide Karima Delli, présidente de la commission Transports du Parlement européen. « Nous devrons faire en sorte qu’il ne soit pas seulement considéré comme un mode de loisirs, mais comme un mode de déplacement à part entière. Au regard du réchauffement climatique et de la pollution, le vélo a un rôle essentiel à jouer. La politique cyclable doit être une politique de réconciliation de l’industrie, de l’économie et de l’écologie. » Seule une vraie politique nationale vélo « sincère, financée et assumée », ainsi que le répètent à l’envi la FUB et les DRC, donnera l’impulsion nécessaire à une mobilité à vélo du quotidien de nature à pérenniser le dynamisme du marché et le déploiement d’un système vélo. L’exemple de tous les voisins européens le démontre.