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Baromètre des villes cyclables : plus de 113 000 Français s’expriment

Une première en France. Avec plus de 113 000 réponses en trois mois, la première édition du Baromètre des villes cyclables est un succès et l’objectif initial de 30 000 réponses de la FUB largement dépassé. Cette enquête qui constitue la plus grande contribution citoyenne aux Assises de la mobilité illustre l’engouement des Français pour le vélo. Le Baromètre tombe bien car les premiers résultats des Assises seront dévoilés le 13 décembre. Souhaitons que la voix des citoyens soit entendue pour peser dans la future loi d’orientation des mobilités.

Un raz-de-marée d’expression

Le Baromètre des villes cyclables est la plus grande enquête jamais menée en France sur le vélo, et la deuxième d’Europe après le Fahrradklima-Test qui a récolté plus de 120 000 réponses en 2016. « Le nombre élevé de réponses montre que les Français veulent s’exprimer. Cette contribution massive interroge vraiment sur la place que le vélo devrait prendre demain » appuie Olivier Schneider, président de la FUB. Inspiré par le Fahrradklima-Test*, la FUB a initié cette année le premier Baromètre des villes cyclables : « Parlons vélo ». Objectif ? « Après l’interpellation des candidats aux élections présidentielles et législatives sur leur stratégie vélo, nous souhaitions également donner la parole aux usagers » explique Olivier Schneider. Cette enquête évalue la satisfaction des cyclistes, actuels et potentiels, ville par ville à travers une quarantaine de questions classées en cinq catégories : ressenti général, sécurité, confort, importance du vélo, stationnement et services. « Les résultats de cette enquête nous permettront de mieux comprendre les enjeux locaux et par conséquent d’accélérer le report modal » précise Adeline Gogé Lefaivre de Bemobi, partenaire du Baromètre.

Sécurité, bienveillance et stationnement vélo

Les premiers résultats nationaux du Baromètre révèlent une forte demande pour davantage de sécurité. 80 % des participants plaident pour des aménagements cyclables en site propre, séparés de la circulation automobile et 90 % estiment que les conditions actuelles ne permettent pas aux enfants ou aux personnes âgées de se déplacer à vélo en sécurité. « Ce manque d’aménagements cyclables sécurisés est un frein majeur à la mobilité à vélo. La France recense aussi de très nombreuses coupures urbaines à cause desquelles la part modale vélo s’effondre dès qu’on quitte le centre-ville » commente Olivier Schneider. Autre point d’insatisfaction ? Le stationnement vélo. Seuls 20 % des participants estiment facile de stationner son vélo en sécurité près d’une gare ou d’une station de transports publics. Conséquence de ce manque, l’enquête révèle le besoin de lutter contre le vol et le recel de vélos. 92 % des répondants déplorent les fréquents vols de vélo. Les cyclistes souffrent également du volume et de la vitesse de la circulation motorisée. 90 % des participants dénoncent le stationnement intempestif des automobilistes sur les pistes et bandes cyclables et seuls 8 % se sentent respectés par les conducteurs de véhicules motorisés.

Assumer et financer

« Les Français sont prêts à pédaler, à condition de disposer d’un système vélo sincère et financé » conclut Olivier Schneider. « La France accuse un vrai retard en matière de politique cyclable nationale en comparaison avec d’autres pays européens comme l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne. Aujourd’hui la politique cyclable française nécessite une impulsion nationale. » Les Assises nationales de la mobilité et la future loi d’orientation qui en découle sont une bonne occasion d’assumer la rupture avec la politique du tout-voiture et d’améliorer la cyclabilité de la France. Pour porter cet enjeu national aux côtés des collectivités, la FUB demande à l’État d’adopter une vraie stratégie nationale vélo, déclinée en 26 propositions, qui reprend le cap de la France à vélo en 2030 des Départements & Régions Cyclables. « Nous demandons à l’État de créer un fonds national vélo d’au moins 200 millions d’euros par an, c’est-à-dire l’équivalent de 10 kilomètres de tramway, pour assumer les objectifs d’une France cyclable » complète le président de la FUB. Ce fonds sera consacré à la résorption des coupures urbaines, à l’achèvement des 8400 km du Schéma national vélo d’ici 2030, à la création de 200 000 stationnements vélo dans l’ensemble des gares et à la mise en place d’une stratégie nationale positive de communication. Le développement d’un système vélo pourrait également passer par un appel à projets « territoires pilotes », financé par le fonds national pour servir d’inspiration à la mobilité durable à la française. Et Olivier Schneider d’ajouter : « Le vélo représente un levier économique important. 100 euros investis dans le vélo créent 15 fois plus d’emplois que 100 euros investis dans l’automobile. »

Suites

Bercy ne devrait pas être insensible à pareil argument. Il semble difficilement concevable, fort de l’importance de l’expression pour ce Baromètre, que le vélo soit absent des annonces des Assises de la mobilité le 13 décembre. D’autant plus au regard de la gravité des enjeux de santé publique et de transition écologique. Les résultats détaillés et le palmarès des villes cyclables seront par ailleurs rendus public le 16 mars 2018 au congrès de la FUB 2018 à Lyon. Histoire de capitaliser également au niveau local sur l’expression des cyclistes français.

* Le Fahrradklima-Test de la fédération allemande du vélo ADFC fait ses preuves depuis 1988. Il est soutenu par le ministère allemand du Transport et des Infrastructures digitales.

Dorothée Appercel

Politiques cyclables