Programme TEPCV : une opportunité pour le vélo dans le Jura ?
En 2015, le département du Jura a été désigné Territoire à énergie positive pour la croissance verte (TEPCV), aux côtés des 500 territoires lauréats de l’appel à initiatives du même nom lancé par la ministre de l’Environnement. Conscient que le secteur des transports est responsable de plus d’un quart des consommations énergétiques et des émissions de gaz à effet de serre sur le territoire, le Département s’engage à mettre le vélo au cœur de son projet TEPCV et répondre ainsi à bon nombre des défis écologiques contemporains. Les DRC vous proposent le portrait du Jura et appellent à un engagement étroit de l’État auprès des collectivités au service de la transition écologique.
Contexte : l’approche transversale du dispositif TEPCV
Le programme TEPCV vise à accompagner les dynamiques territoriales dans leur ensemble : préservation de la biodiversité, réduction des consommations d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre, développement des modes de déplacement alternatifs à la voiture, éducation à l’environnement et implantation de filières vertes. Les territoires lauréats, Communes et Intercommunalités pour la plupart, s’engagent à proposer un programme global pour un nouveau modèle de développement, plus sobre, plus durable et plus soutenable, porté par les acteurs locaux. Objectif ? Donner une impulsion forte pour encourager des actions concrètes dans les territoires au service de la transition énergétique et écologique. La Caisse des Dépôts gère l’appui financier dédié à cette opération et assure ainsi la continuité, la fluidité et la lisibilité du dispositif auprès des bénéficiaires.
Environnement et vélo : enjeux croisés dans le Jura
Le département du Jura intègre l’aménagement de ses itinéraires cyclables dans leurs milieux environnemental et humain au service de la transition énergétique. L’engagement du Département lauréat TEPCV se décline en 4 grands axes : valoriser les territoires jurassiens par l’aménagement de véloroutes ; préserver la biodiversité ; mettre en place des actions d’éducation à l’environnement ; favoriser la mobilité décarbonée. D’ici 2018, il aménagera un tronçon de 6 km sur l’EuroVelo 6 entre Orchamps et Ranchot et une section de 12 km entre Champagnole et Pont-du-Navoy sur la véloroute dite Voie Paris-Lyon-Méditerranée (PLM). La volonté du département du Jura est d’intégrer la notion de respect de l’environnement tout au long du projet d’aménagement. Dans les faits : choix des périodes de travaux, démarche ERC (éviter, réduire, compenser) et méthodes d’entretien raisonnées et spécifiques pour citer quelques actions mises en œuvre. Supports par excellence de mobilité zéro émissions au service de l’économie locale, de la santé et du cadre de vie, ces itinéraires cyclables permettront de sensibiliser à l’écosystème jurassien dans lequel ils s’intègrent. Six ruches seront implantées par le Département en lien avec l’UNAF (Union Nationale de l’Apiculture Française). Les ruchers deviendront un support de communication et apporteront une valeur éducative aux deux véloroutes. Ne plus aborder l’environnement comme une contrainte mais bien comme un atout pour valoriser les aménagements vélo, c’est bien là tout l’enjeu du programme TEPCV. À ce titre, l’installation de panneaux pédagogiques, réalisés en collaboration avec les écoles, le long de l’EuroVelo 6 et de la Voie PLM, contribueront à la connaissance des milieux naturels traversés. Maître d’ouvrage associé aux différentes actions, la communauté de communes Champagnole Nozeroy Jura souhaite favoriser le report modal pour les déplacements au quotidien ou pour les loisirs avec l’acquisition et la location d’une flotte de VAE. L’ensemble des actions prévues dans le cadre du dispositif représente un coût total de 1 million d’euros financé à 50 % par l’État. Si le dispositif TEPCV s’avère un levier primordial pour le département du Jura, cette aide prendra fin le 31 décembre 2018. Compte-tenu de l’avancement actuel de ses projets TEPCV (60 % de réalisés sur l’année 2017), le Jura respecte le calendrier de sa convention avec le ministère de l’Environnement et démontre par la même occasion son dynamisme sur les sujets vélo.
En savoir plus :
- Présentation du Jura à l’atelier « Vélo et stratégies environnementales » des 21es Rencontres DRC
- Véloroutes et voies vertes du Jura
Les DRC appellent l’État à un engagement étroit auprès des territoires
Le dispositif TEPCV serait-il donc à considérer comme un levier sérieux de transition écologique et énergétique ? Rien de moins sûr car selon la circulaire envoyée par Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique, aux préfets de Région fin septembre, le dispositif serait dans une impasse de financement. L’ensemble des engagements conclus sous le précédent quinquennat s’élèvent à 750 millions d’euros, alors que la Caisse des Dépôts n’en a jusque-là reçu que 475 en crédits de paiement. Conséquence ? Les règles de gestion des conventions passées et des crédits alloués aux 500 lauréats seront durcies. La transition écologique nécessite des moyens financiers, une stratégie transversale, une animation territoriale et un engagement étroit de l’État auprès des collectivités dans la continuité, à l’instar d’un hypothétique Schéma national vélo actualisé que les DRC appellent de leurs vœux dans le cadre des Assises nationales de la mobilité. À l’issue de la COP23 et à l’aune de l’appel des 15 000 scientifiques au regard de la gravité des enjeux environnementaux, cap et continuité font défaut au développement durable et à la politique nationale du vélo en France. Encore longtemps ?
Dorothée Appercel