La Saône : une destination fluvestre en construction
Le 4 juillet, une centaine de personnes participait au séminaire sur le développement touristique de la Saône organisé par les régions Bourgogne-Franche-Comté, Auvergne-Rhône-Alpes et Voies Navigables de France. Mobilisés pour valoriser cet atout touristique et économique pour les territoires, les acteurs présents ont exprimé une volonté unanime d’impulser une dynamique de développement touristique fluvestre autour de la Saône. Les DRC ont participé à la préparation du séminaire sur le volet tourisme à vélo et pour anticiper l’articulation avec la V50, véloroute qui longe la Saône sur 400 km.
Un fort potentiel touristique
La Vallée de la Saône, c’est une station thermale, cinq routes des vins, 400 km de véloroutes V50, 119 lieux de visite, 362 km de voies d’eau navigables sur la Grande et Petite Saône, trois villages classés et de nombreuses villes touristiques : Lyon, Mâcon, Châlon-sur-Saône, le triangle Dôle-Dijon-Beaune,… Côté tourisme à vélo, la Saône est d’autant plus attractive qu’elle s’intègre à la V50, véloroute nationale de la frontière avec le Luxembourg jusqu’à Lyon (700 km), connectée à l’Allemagne par la Moselle. Un territoire à forte valeur ajoutée sur lequel les acteurs publics entendent fabriquer une destination fluvestre de premier plan en Europe. Pour cela, ils misent sur l’itinérance douce à travers notamment le tourisme fluvial et le tourisme à vélo.
Vers une stratégie touristique commune
« La Saône est un véritable outil de développement économique pour les territoires qu’elle traverse » introduit Jean-Patrick Courtois, maire de Mâcon. Longtemps délaissée, elle est aujourd’hui redevenue un territoire de projets et de solidarités, à l’image du réaménagement des quais de Saône à Mâcon. Patrick Ayache, vice-président de la région Bourgogne-Franche-Comté en charge du tourisme, souhaite que les nombreux projets qu’elle suscite s’inscrivent dans une stratégie touristique commune : « Il est primordial que tous les acteurs concernés par le développement touristique travaillent ensemble de manière concertée autour du développement de cette destination touristique ». Et Monique Novat, directrice régionale de Voies Navigables de France (VNF) d’ajouter : « Notre souhait est de fédérer les énergies publiques et privées pour donner plus de visibilité à la destination Saône à l’étranger. Pittoresque et facile à naviguer, elle peut incarner une façon de redécouvrir la France autrement à partir de la voie d’eau. Pour cela, VNF est aux côtés des territoires et acteurs économiques à travers son engagement financier et la mise à disposition de son domaine public fluvial. » « Vélo et fluvial, une vraie tendance de fond » conclut Nicolas Daragon, vice-président de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Les défis à relever
1 : Créer une identité de marque pour la destination
Une identité forte, originale, valorisante et fédératrice, qui fasse le lien entre les territoires traversés permettra à la Saône de se démarquer comme destination touristique de poids face à ses concurrentes. Entre Petite et Grande Saône, elle offre des paysages de grande qualité et une importante richesse patrimoniale. La Saône s’écoule lentement, calmement et traverse successivement zones rurales et bâties jusqu’à l’embouchure à Lyon. Quel imaginaire la représente le mieux ? Douce et secrète, souvent nimbée de brume, la Saône est représentée comme une femme, par opposition au Rhône, masculin, rapide et puissant. La Saône pour sa part renvoie une image bohème au voyageur. Une identité commune incarnera la destination sur le terrain et auprès des clientèles ciblées.
2 : Développer des équipements adaptés à l’itinérance
La Saône est déjà dotée d’équipements fluvestres de qualité : une offre fluviale importante (un bon maillage de haltes, des ports équipés régulièrement répartis, …), un itinéraire cyclable réalisé à 87% avec des ruptures de continuité déjà identifiées et pour certaines programmées… Ces derniers pourraient toutefois être améliorés. D’une part à travers l’identification de pôles fluvestres (points de passage obligés pour des itinérants) et d’autre part par l’amélioration de l’itinéraire dans sa continuité. Une mise en cohérence à l’échelle de la destination parait également importante. Pour cela, un état des lieux plus précis des équipements pourra être mené.
3: Améliorer l’offre et la qualité des services
Si la destination possède de nombreux atouts, son offre de service pourrait être améliorée. La destination doit se structurer pour renforcer son attractivité via une mise en cohérence de l’offre et une coordination des acteurs. Il est nécessaire de capitaliser sur les services proposés aux itinérants, qu’ils soient en vélo ou en bateau, tout en œuvrant à la création d’animations et d’événements pour diversifier l’offre. Monter en qualité pour les clientèles itinérantes passera par un travail sur les hébergements à la nuitée, le déploiement de la marque Accueil Vélo, le volet tourisme et handicap et l’hébergement insolite.
V50 et Saône : complémentarité
L’itinéraire cyclable V50 longe la Saône sur 400 km de Corre (70) à Lyon (69). Au-delà de la vallée de la Saône, la V50 offre des connexions avec l’Allemagne via la Moselle et avec le Nord de l’Europe via le Luxembourg. Ces connexions représentent un levier de développement économique et touristique majeur pour la vallée de la Saône. Capitalisant sur le succès du tourisme à vélo en France et valorisant les nombreux aménagements déjà réalisés autour de la V50 (+ de 80% en 2017), la destination peut s’appuyer sur cette véloroute en cours de structuration. Les deux démarches destination Saône et V50 se développent concomitamment, de façon cohérente, et apparaissent comme des alliées l’une de l’autre !
Et quelle suite alors ? « Vous avez à vos côtés les deux Régions pour accompagner ce mouvement dynamique et mettre en tourisme cette destination » concluait Patrick Ayache. Rendez-vous est pris fin 2018 pour donner suite au séminaire.
Théo Vintaer