Le vélo façonne et fascine la ville : le congrès 2017 de la FUB
Plus de 250 personnes se sont réunies le 28 avril à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes pour la 17e journée d’études de la FUB. Elus, techniciens, représentants nationaux, acteurs de l’économie du vélo, chercheurs et militants associatifs ont croisé leurs regards et conclu sur une évidence : le vélo fascine et façonne nos villes, lentement mais sûrement, tant sur le plan architectural, urbanistique que par son utilisation grandissante. Retour sur ce grand rendez-vous national des usagers de la bicyclette de haute tenue.
La co-construction
Pour construire une politique cyclable, « l’enjeu est d’ouvrir le dialogue pour accompagner le changement de mobilité et identifier les freins » introduit Johanna Rolland, présidente de Nantes Métropole. Mener des politiques vélo globales réussies passe aussi par la volonté des villes et collectivités à co-construire les projets avec les usagers et leurs associations. C’est là que la légitimité des 250 associations locales de la FUB, qui portent la parole des cyclistes auprès des collectivités au quotidien, devient déterminante. A l’instar de l’association nantaise Place au vélo, co-organisateur de ce 17e congrès de la FUB, les associations d’usagers « recyclent leur savoir précieux au sein des collectivités », selon Laurent Fraisse, membre associé au Laboratoire Interdisciplinaire de Sociologie Economique. Il est important que les usagers soient représentés, visibles et audibles. L’enjeu est donc fort pour les associations qui, en fonction du contexte local, s’approprient leur rôle d’aiguillon ou de partenaire pour les collectivités au service de l’intérêt général. Et Olivier Schneider, président de la FUB d’ajouter : « La co-construction nécessite l’implication, l’écoute et le respect mutuel de tous les acteurs. »
Le vélo, une solution à adapter et à anticiper
Favoriser l’usage du vélo, c’est répondre aux préoccupations grandissantes sur la pollution de l’air et sur la baisse drastique d’activité physique et de performances cardiovasculaires chez les plus jeunes. Au-delà de ce grand impact sur la santé, le cadre de vie, les premiers apprentissages des enfants, Johanna Rolland souligne que « le vélo est un vecteur de la démocratisation écologique ». Du vélo pour tous et le vélo partout alors ? Philippe Grosvalet, président du département de Loire-Atlantique, prévient : « La demande sociale des villes diffère de celle des territoires ruraux. La fragmentation sociale est aussi une fragmentation spatiale et la question de la mobilité traite des demandes très différentes ». Prendre en compte la diversité des profils d’usagers du vélo est donc incontournable. Avec son programme Alvéole, par exemple, la FUB entend faciliter l’accès des ménages en précarité énergétique à la mobilité à vélo. Objet simple et compact, le vélo offre une vraie réponse aux enjeux contemporains si son développement est bien orienté et bien conduit. D’où l’importance que les véloroutes et voies vertes trouvent leur place dans les documents d’aménagement, de planification et de développement du territoire : PDU, PLUi, et bien sûr, les Sraddet, chers aux DRC. En tout état de cause, la mobilisation et la co-construction des acteurs sur le sujet seront déterminantes.
La ville de demain ?
La construction des villes respirables, saines et dynamiques passe par leur végétalisation, la réduction des vitesses, de la place et de l’omniprésence de la voiture. « La ville de demain est inventée par les citoyens et le vélo est un vecteur d’urbanité » se projette Johanna Rolland. Pour cela, la FUB insiste sur l’importance à sensibiliser les enfants dès le plus jeune âge (et leurs parents avec) aux modes alternatifs à la voiture individuelle. L’avenir est au partage de l’espace entre les différents modes de transport. Intimement liée aux mutations urbaines et sociétales, cette cohabitation sur l’espace publique est d’autant plus importante qu’elle est imprédictible en raison de l’émergence de nouvelles mobilités. « La ville de demain est fonction de son rapport au temps et à la vitesse » complète un intervenant de la journée. Et Michel Gillot, vice-président de Tours Métropole Val de Loire de conclure : « Le retour à la proximité pour nos activités se révèle être un élément clé de nos villes de demain et le vélo y aura toute sa place ».
La culture vélo de Nantes
Ville hôte de ce 17e congrès de la FUB, Nantes Métropole illustre comment le vélo peut devenir un mode de vie et façonner le territoire. Selon Johanna Rolland : « Ce n’est pas uniquement une question de logistique, mais une question de projet : le vélo est un agrément et un mode de déplacement. » Le fait d’être passée de 2 % de part modale vélo en 2008 à 6 % aujourd’hui est un message fort envoyé par Nantes aux autres villes de taille équivalente : il est possible de développer une culture vélo s’il y a une vraie volonté et mobilisation des acteurs. Le plan vélo 2015 – 2020 de Nantes Métropole, doté de 50 M€, vise 12 % de part modale à horizon 2030 et la création de 200 nouveaux kilomètres d’aménagements cyclables d’ici 2020. Augmentation de places de stationnement sécurisé, mise en place de vélos en location de longue durée et dispositif d’éco-mobilité scolaire sont les autres grands axes de ce plan. Le dialogue citoyen, à l’instar du conseil des usagers de l’espace public, s’expérimente et essaime comme une nouvelle façon de construire les projets dans l’agglomération en y associant les citoyens, collectifs d’usagers et associations. Si Nantes s’est hissée au rang des villes attractives, notamment pour les cyclistes, c’est aussi grâce à un tissu associatif dynamique et à son aptitude à considérer leur apport. Au croisement de l’EuroVelo 1 / La Vélodyssée et l’EuroVelo 6 / La Loire à Vélo, Nantes a par ailleurs une belle carte à jouer sur le plan du tourisme à vélo en ville. La démarche Nantes Vélo Tourisme, première de ce genre en France, vise à positionner Nantes comme destination de city-breaks à vélo. Nantes où quand ville cyclable rime avec cadre de vie.
Dorothée Franke