Île de La Réunion : une région cyclable en action
Avec son plan régional vélo La Réunion se veut exemplaire en matière de développement durable. Focus sur la politique vélo ambitieuse de l’une des Régions adhérentes de la première heure aux Départements & Régions Cyclables sous la forme d’un échange avec Fabienne Couapel-Sauret, conseillère régionale déléguée aux Transports, aux Déplacements, à l’Intermodalité et au Monorail.
DRC : Pouvez-vous nous rappeler le contexte vélo de La Réunion ?
Fabienne Couapel-Sauret : L’usage du vélo s’est surtout développé dans sa dimension sportive à La Réunion. Conscients de l’enjeu de développement urbain et environnemental, la Région et ses partenaires visent à intégrer le vélo comme un mode de déplacements dans la chaîne de l’intermodalité. Le vélo représente un réel potentiel pour les déplacements urbains et périurbains de courtes et moyennes distances.
Quelles sont les réalisations de ces dernières années ?
La Région, en étroite collaboration avec les associations et les collectivités, a élaboré plusieurs schémas directeurs et outils de planification comme le Schéma Régional des Infrastructures et des Transports (SRIT). Le plan régional vélo, voté en 2014, est également le fruit de cette concertation. Piloté par la Région, il s’organise autour de 4 orientations stratégiques déclinées sous la forme d’un programme d’actions :
- coordonner les actions vélo à l’échelle de l’île ;
- créer des aménagements sécurisés et continus ;
- déployer une offre de services coordonnée ;
- promouvoir le vélo.
L’élaboration d’une stratégie globale a permis de mettre en évidence les priorités des actions vélo. La pertinence des déplacements internes aux communes a été soulignée, ainsi que celle des liaisons complémentaires aux transports collectifs pour les déplacements interurbains.
Quels sont les objectifs principaux de La Réunion en matière de politique cyclable ?
Afin de développer la pratique du vélo sous toutes ses formes notre objectif principal est de créer un réseau cyclable continu à l’échelle régionale. Ce dernier pourra s’appuyer sur la Voie vélo régionale, réseau structurant du tour de l’île, le maillage urbain et les sites touristiques à valoriser. Le plan régional vélo priorise ainsi les liaisons à aménager pour la mise en place d’une offre cyclable cohérente :
- Priorité 1 – Desserte des zones urbaines ou touristiques par des boucles ;
- Priorité 2 – Liaisons intercommunales ;
- Priorité 3 – Liaisons dans les mi-pentes.
Combien de kilomètres sont aménagés à ce jour ?
Le linéaire de la Voie vélo régionale, qui fera à terme une boucle de l’île de 210 kilomètres, se poursuit. Aujourd’hui, le taux de réalisation avoisine 110 kilomètres. N’oublions pas les spécificités territoriales de La Réunion : la typologie de l’île et les nombreuses ravines à traverser compliquent parfois la mise en place du plan régional vélo. S’y ajoutent des procédures réglementaires liées à son classement au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO.
Qu’en est-il des actions de communication autour du vélo ?
Depuis 2010, la Région organise une opération d’envergure : la fermeture à la circulation routière d’une portion de 15 kilomètres de la Route des Tamarins, un dimanche par an, pour la dédier aux modes doux. Cette démarche rencontre un succès grandissant avec plus de 20 000 participants chaque année. Elle s’inscrit dans une communication globale en faveur de la chaîne des déplacements pour promouvoir les alternatives à la voiture.
Quel budget est consacré à la politique cyclable ?
Les budgets sont conséquents : La Réunion prévoit un investissement d’environ 100 millions d’€ pour réaliser la Voie vélo régionale. La Région a d’ailleurs pu obtenir 11 millions d’€ de cofinancements européens via le FEDER. Le programme d’entretien du réseau routier intègre également celui des itinéraires cyclables qui se chiffre à 500 000 € par an.
De prochains défis à relever ?
L’animation, la coordination et la mise en œuvre des projets vélo en appui aux maitrises d’ouvrage ne sont pas toujours évidentes. Chef de file, la Région encourage les communes et intercommunalités à développer des projets conformes au plan régional vélo pouvant bénéficier de financements régionaux et européens. Néanmoins, la volonté politique communale en matière de vélo se traduit de façon hétérogène par les 24 communes de La Réunion. Pour l’accompagner dans le développement des mobilités durables, la Région a confié à la SPL MARAINA et à l’agence d’urbanisme AGORAH l’élaboration et la mise en œuvre des outils de planification et d’aménagement du territoire. Souhaitons que l’ensemble de collectivités se mobilise pour porter la dynamique vélo aux côtés de la Région.
La Réunion est adhérente au réseau des Départements & Régions Cyclables depuis 2009 : que signifie cette adhésion et qu’est-ce qu’elle vous apporte ?
Le réseau des DRC est un espace d’échanges, de création de projets qui peuvent être confrontés et enrichis en tenant compte des spécificités locales de chaque territoire. Notre adhésion aux DRC permet de mieux faire connaître La Réunion qui n’est pas assez valorisée, comme d’ailleurs la plupart des outre-mer. Le seul bémol : il est compliqué pour les élus et agents de la Réunion d’assister à toutes les réunions et manifestations organisées par les DRC compte tenu de la distance.
Propos recueillis par Dorothée Franke
En savoir plus sur La Réunion :
- L’article rédigé par les DRC suite à l’adoption du plan régional vélo
- Le plan régional vélo
- Schéma régional d’itinéraires cyclables