Bourgogne-Franche-Comté : le potentiel des lignes non circulées pour les voies vertes selon SNCF Réseau
« SNCF Réseau est le deuxième propriétaire foncier de France. Aujourd’hui, nous évoquons l’utilisation des lignes non circulées » selon Abdelkrim Amoura, Directeur Territorial SNCF Réseau Bourgogne Franche-Comté. Les lignes non circulées, il y en a 600 km rien qu’en Bourgogne-Franche-Comté dont 40 km sont déjà valorisés en voies vertes. Consciente du fort potentiel, la direction territoriale de SNCF Réseau organisait ce 24 novembre un séminaire sur ses lignes non circulées. Une première pour SNCF Réseau. On la souhaite annonciatrice de collaborations fructueuses entre les collectivités et ce pourvoyeur d’emprises foncières. Et pas seulement en Bourgogne-Franche-Comté.
Un intérêt marqué
Les organisateurs attendaient 60 participants. Ils ont dû changer de salle car 90 élus et techniciens de Haute-Saône, Côte d’Or, Jura, Nière, Yonne, Doubs, de communes, d’intercommunalités et de la Région ont finalement répondu à l’invitation. Tous déjà une réalisation à leur actif ou un projet de voie verte, cyclo-draisienne ou chemin de fer touristique, trois réutilisations possibles des lignes non circulées.
SNCF Réseau est à disposition des territoires
Préserver le patrimoine ferroviaire
« Nous n’avons pas la prétention d’apporter des réponses toutes faites, mais nous efforçons de co-construire avec les porteurs de projet », explique Abdelkrim Amoura. 40 km de voies vertes ont été réalisées sur ces lignes non circulées en Bourgogne-Franche-Comté selon Maël Szabelski du pôle développement durable. « Il y a des projets sur 80 km et 450 km restent disponibles. Pour ceux-là, la direction territoriale SNCF Réseau de Bourgogne Franche-Comté est à disposition des territoires ». La direction territoriale met en avant le partenariat gagnant-gagnant : la convention de transfert de gestion permet à la collectivité d’effectuer les aménagements et d’en assurer l’entretien sur une emprise mise à disposition gratuitement pour 25 ans par SNCF Réseau (ou SNCF Immobilier, l’interlocuteur varie selon les directions territoriales). Cette dernière en reste propriétaire et préserve ainsi la réversibilité du potentiel ferroviaire à moyen ou long terme.
D’hier à aujourd’hui
« Le réseau ferré français a atteint son apogée en 1932 » explique Frédéric Faucon, maître de conférence en géographie humaine à l’université de Clermont-Ferrand. « Une autre époque » pendant laquelle la France comptait 30 millions d’habitants seulement, répartis sur le territoire à dominance rurale. Le chemin de fer est le seul transport mécanisé répandu et assure la desserte fine de chaque petite ville. L’avènement de la voiture conduit naturellement à moins de capillarité. Pour autant, beaucoup d’emprises et de patrimoine remarquable sont encore dans le giron de la SNCF ou des collectivités. « Dès la fin d’une exploitation, il y a 1 ou 2 ans avant que la flore et la faune reprennent leurs droits. Il est donc crucial de se mettre autour de la table rapidement pour ne pas perdre de temps », conseille Frédéric Faucon qui « constate une prise de conscience sensible dans les territoires après des années d’abandon » à propos du patrimoine ferroviaire.
Par et pour les territoires
Il va de ces projets de voies vertes comme d’autres projets : sans engagement politique fort, rien n’est possible. « Nous élus, n’avons qu’un mot à la bouche : l’attractivité de notre territoire », explique Gérard Pelleteret, président de la communauté de communes du Pays de Villersexel et vice-président du département de la Haute-Saône. « Le comportement de nos concitoyens bouge à toute vitesse : ils déménagent, suivent la nouvelle mode, circulent toujours plus, … ». Dans ce contexte, il faut des projets qui durent, qui ont du sens et qui sont utiles et rentables localement. « Si nous apportons la démonstration qu’à 80 000€ du km c’est 30 000 € de retombées économiques annuelles, c’est gagné ! ». Réalisée sur 12 km sur une ligne non circulée, la première tranche de la voie verte de Villersexel devrait être prolongée en 2017 pour cheminer sur les communautés de communes des pays de Villersexel, Lure et Rougemont et desservir les pôles économiques et touristiques du territoire. « Grâce à la voie verte, l’Auberge de la terrasse a multiplié son chiffre d’affaire par deux et la moyenne surface fait +20% en saison estivale », témoigne l’édile. 620 000€ pour 12 km cofinancés à 50% par la DETR et les fonds Leader. Pas très cher pour ces territoires qui ont eu la chance de ne pas être concernés par des zones de classement spécifiques dont les études d’impact auraient rallongé la durée de projet.
Des projets locaux dans leur contexte
« La présence des DRC aujourd’hui souligne l’intérêt à établir des contacts plus réguliers avec les porteurs de projets d’itinéraires cyclables » saluait Adeline Dorbani, directrice du pôle environnement et développement durable SNCF Réseau Bourgogne Franche-Comté. Les DRC ont, quant à eux, insisté sur l’importance de l’interconnexion des voies vertes locales avec le schéma départemental, régional, national des véloroutes et voies vertes et d’EuroVelo. « C’est dans ce contexte interconnecté que vous obtiendrez la plus forte valeur ajoutée pour ces projets chèrement défendus au sein de vos assemblées ».
« Il faudrait la même chose avec d’autres pourvoyeurs de foncier comme SNCF Réseau ! », réagissait un élu aux 20es Rencontres des DRC en Alsace, à l’annonce du partenariat entre les DRC et VNF. En écho à ce vœu, l’initiative de SNCF Réseau Bourgogne Franche-Comté est à saluer et pourrait représenter, on le souhaite, un premier pas dans cette direction.
Camille Thomé