Innovation vélo : le congrès 2016 de la FUB
Tenue à guichet fermé, la Journée d’études de la FUB a rassemblé 250 participants à La Rochelle. Sous le signe de l’innovation, cet évènement a balayé les sujets au cœur de l’actualité vélo : Villes 30, Indemnité kilométrique vélo, entreprendre à vélo, vélo social et solidaire, … Retour sur une journée riche qui démontre toute la qualité du réseau FUB.
L’innovation dans les politiques publiques
Le première table ronde de la journée d’études a été consacrée à l’innovation en termes de politiques publiques. Comment les collectivités s’emparent-elles de la politique vélo et soutiennent son développement ? L’enjeu est fort pour le réseau de la FUB dont les associations adhérentes travaillent en étroite collaboration avec les collectivités, pour défendre les besoins des cyclistes, inciter les collectivités à agir ou pour les accompagner dans leurs actions. Et les politiques vélo des villes et territoires ont profondément évolué en quelques années. L’innovation se décline sous plusieurs formes : nouveaux outils réglementaires pour des villes apaisées ; nouvelles méthodes avec le développement de politiques vélo globales et la concertation ; mais aussi nouveaux argumentaires. La volonté de mener des politiques vélo globales passe par un soutien au développement de la marche et du vélo et surtout par une réduction de la vitesse et de la place de la voiture.
Déplacements à vélo VS tourisme à vélo ?
La question du lien entre tourisme à vélo et déplacements à vélo a également été posée. Réponse de Jean-Marc Soubeste, adjoint à la ville de La Rochelle : « Le tourisme à vélo est moteur pour les investissements et a un effet entrainant pour les usagers ». Lorelei Limousin, experte Tranports du Réseau Action Climat, complète « Les schémas véloroutes et voies vertes maillent les territoires et connectent les villes entre elles. Cela associé à l’augmentation de l’usage du VAE peut permettre d’augmenter la pratique utilitaire dans les zones peu denses, et répondre à un véritable enjeu ». Et Stéphane Villain, vice-président du Département de Charente-Maritime, d’ajouter : « Nous observons une demande exponentielle pour le tourisme à vélo et un intérêt croissant de la part des élus. Convaincre reste une priorité pour démontrer la nécessité de tout faire pour le vélo. Dans le Département, nous avons fait ce choix avec le fléchage d’une taxe d’aménagement augmentée sur le sujet. Quand il s’agit de vélo, il ne faut pas avoir peur d’y mettre les moyens ». Tirer parti des différents usages du vélo pour soutenir son développement semble être la clés du succès.
La FUB, partenaire privilégié des collectivités
« Nous les élus, nous avons besoin des associations pour nous donner des conseils et répondre aux questions que nous continuons de nous poser » affirme Jean-Marc Soubeste. Les associations d’usagers sont dotées d’une expertise extrêmement précieuse qui, mise au service des collectivités, permet d’améliorer les politiques publiques et d’accompagner l’augmentation de la pratique du vélo. Mais pour cela, il est important que les usagers soient représentés, visibles, audibles et partenaires des collectivités. La voix des usagers du vélo se structure et se renforce. La qualité de la Journée d’études de La Rochelle le démontre. Toutefois, la voix des cyclistes pourrait être plus forte en France. L’exemple suisse est parlant : une association nationale puissante, Pro Vélo ; un tissu associatif local affilié à la fédération nationale, comme Pro Vélo Genève par exemple ; des moyens issus dans une proportion importante des adhésions et des dons. L’augmentation des moyens financiers de la FUB et de ses membres semble être un point essentiel pour permettre aux usagers de mener des projets plus ambitieux au service du développement du vélo. L’Assemblée générale de la FUB, au lendemain de la Journée d’études, a franchi un pas en ce sens, en augmentant la part des cotisations locales au service de la fédération.
Indemnité kilométrique vélo : acquis et enjeux à venir
Le sujet des trajets domicile-travail à vélo a bénéficié d’un coup de pouce en 2016 avec la mise en place d’une indemnité kilométrique vélo (IKV) en France à 25 centimes du kilomètre et un plafond de 200€ par an pour l’exonération de charges sociales. L’enjeu est maintenant de déployer cet outil facultatif à l’échelle nationale puisqu’il permet de véritablement augmenter la pratique sur le long terme. Pour accompagner cela, l’Ademe et le Club des villes et territoires cyclables ont mis en place un Observatoire de l’IKV dont l’objectif est de faire connaitre, de convaincre et d’aider à la mise en place de ce système. Pour le moment, 12 entreprises sont renseignées dans l’Observatoire comme mettant en place l’IKV. Une question reste néanmoins ouverte : celle de l’application de l’IKV dans le secteur public. Alors que certaines collectivités sont déjà prêtes à mettre en place l’IKV pour leurs agents, le décret pour ce secteur n’est pas encore publié, contrairement à celui pour le secteur privé publié en février 2016. Le lobby des acteurs du vélo doit se poursuivre sur ce point.
Des chiffres et encore des chiffres
En France, le vélo se porte bien. De nombreux indicateurs viennent confirmer cette impression : les chiffres 2015 du marché du cycle sont en hausse pour une deuxième année consécutive (+4,5%), le Baromètre 2015 du Tourisme à vélo indique une progression de 8 ,3% des séjours avec pratique du vélo en France entre 2013 et 2014, la réalisation des véloroutes et voies vertes progresse chaque année avec 625km inaugurés en 2015 et 58% du Schéma national réalisé. L’usage du vélo est en pleine croissance. Pour autant, le vélo ne semble pas peser suffisamment dans le débat public. Pierre Gogin, président délégué de la FPS : « Notre industrie est jugée sympathique mais n’est pas assez prise au sérieux. (…) Nous avons encore du travail à faire pour convaincre que le vélo, c’est aussi bon pour l’économie et le social ». Comment expliquer cela ? Selon Olivier Razemon, journaliste au Monde, la raison pourrait être « le déficit de communication dont souffre le vélo ». Son conseil : « des chiffres, tout le monde veut des chiffres ». D’où le besoin de renforcer la voix des usagers FUB, de donner plus de poids aux actions de la fédération et de lui permettre de produire des études chiffrées. Il reste du pain sur la planche, mais cette Journée d’études confirme que l’on est sur la bonne voie.
Agathe Daudibon