La Vallée du Loir à vélo, un itinéraire touristique spontané
« La Vallée du Loir à vélo se destine plutôt à une clientèle familiale. 320 km ce n’est pas long. Cela fait une semaine à vélo à raison de 40 – 50km par jour. L’idée est de découvrir le petit patrimoine rural et insolite : les chapelles, les lavoirs, les châteaux que l’on aperçoit le long de la vallée. Le vélo est une des niches de clientèle que nous essayons de viser en Eure-et-Loir avec la St Jacques à Vélo, La Véloscénie et aujourd’hui cette Vallée du Loir à vélo », explique Nathalie Bézault, Directrice de l’Office de Tourisme de Châteaudun en Eure-et-Loir.
De St-Éman à Durtal, l’itinéraire à 90% en site partagé traverse 2 régions et 4 départements. La véloroute s’est réalisée de manière très spontanée autour d’une identité évidente « la Vallée du Loir ». Focus sur ce petit itinéraire promis à un bel avenir sous la forme d’un échange avec une de ses animatrices, Pascaline Vannier, chargée de développement à l’office de tourisme de la Vallée du Loir (72).
- Quelles sont les caractéristiques de la Vallée du Loir à vélo ?
L’itinér aire est matérialisé sur le terrain par une signalisation continue identifiable des sources du Loir à St-Éman (28), jusqu’à Durtal (49). Mais le carnet de route fait l’objet d’une promotion jusqu’à Angers. Nous proposons ainsi un itinéraire des sources du Loir à la confluence avec la Loire. C’est logique. Tous les offices distribuent ce carnet de route gratuitement et il est disponible en téléchargement. Nous y avons indiqué les locations de vélo, les hébergements, les prestataires Accueil Vélo, les sites de visites accessibles au public, etc.
- Ça se réalise en si peu de temps, 320 km ? Cela semble incroyable …
Tout n’était pas censé se passer aussi vite ! Le projet de réalisation du carnet de route s’est su. Alors en moins de 6 mois, le Département d’Eure-et-Loir a jalonné, et la véloroute est sortie. Ce qui devait être une opération de lancement d’un carnet de route se transforme en inauguration d’itinéraire le 21 avril. Il s’agit d’un itinéraire en site partagé essentiellement. Sur la partie que je connais le mieux, en Sarthe, le site propre était déjà en place et il s’agissait juste de connecter des portions de voies vertes et d’ajouter le jalonnement. Ceci a été assuré par le Département dans le cadre du projet « Sarthe à vélo ». Nous avions alors insisté pour que les connections avec le Maine-et-Loire en aval et le Loir-et-Cher en amont soient assurées. Voyant que nos voisins loir et chériens aménageaient à leur tour la V47, nous souhaitions inscrire progressivement l’itinéraire « Vallée du Loir à vélo » dans l’imaginaire collectif avec 130-140km au départ. Puis, le Département d’Eure-et-Loir a suggéré d’attendre deux mois le temps d’assurer la connexion avec le train au départ de Chartres. Pour les euraliens, il s’agissait de porter des cartouches supplémentaires à leur balisage St Jacques à vélo. Cela nous permet aujourd’hui de sortir un carnet de route cohérent sur l’ensemble de la Vallée du Loir à vélo. Pour les puristes, le départ à vélo peut se faire depuis les sources du Loir à St-Éman. Cette idée d’itinéraire de la source à la confluence plait énormément.
- Maintenant que c’est fait, il faut faire évoluer les schémas de référence en conséquence?
Effectivement. Au départ, le Maine-et-Loire souhaitait que la V47 (ainsi que ce tronçon est désigné au schéma national, ndlr) atteigne Angers. L’idée d’une extension sur Chartes avait reçu un accueil mitigé, mais finalement, l’Eure-et-Loir l’a fait. L’important est de disposer d’une identification commune. Maintenant, le schéma régional doit être actualisé et le schéma national en conséquence.
- Vous parlez de connexions avec le train, y en a-t-il le long de l’itinéraire ?
Sur toute la partie amont (28) de la couronne francilienne, oui. Sur la partie basse de la Vallée du Loir, c’est en revanche plus problématique. Il faut redescendre à Château-du-Loir ou Angers pour rejoindre une connexion SNCF. En Sarthe les trains circulent en Nord-Sud alors que l’itinéraire est orienté Est-Ouest. Cela oblige à des correspondances sur Le Mans et Tours. Nous devons absolument travailler ce sujet qui est notre talon d’Achille. Pour de l’itinérance en 3 ou 4 jours, le taxi peut permettre d’acheminer des gens vers une gare, mais ce n’est pas satisfaisant.
- Avez-vous identifié d’autres verrous ?
La location en « one way » est aussi une problématique à considérer. Sur ce sujet nous avons quelques partenaires. Fort de la présence de deux itinéraires cyclables, la société Vallée Loisirs installée à la Jaille-Yvon (49) vient d’acquérir un parc de vélos. Monsieur Aubry, le directeur, s’est lancé quand il a constaté être situé à moins de 50km de la Vallée du Loir à vélo et de La Vélo Francette (sur laquelle il est installé). Il a déposé une quarantaine de vélos classiques de toutes tailles dans les différents points d’accueil de l’office de tourisme. Il passe faire l’entretien chaque semaine et ajuste le nombre des vélos en fonction de la demande. La première année, nous l’avons aidé pour l’acquisition de son parc. Aujourd’hui, l’OT le rémunère pour le service d’entretien pour lequel nous sommes engagés sur 3 ans. Aujourd’hui, deux campings sont volontaires pour être aussi dépositaires de vélo et prendre le relais de l’OT qui dispose d’une capacité limitée.
- Avez-vous déjà enregistré des retours ?
Pas vraiment car le vrai lancement pour tout l’itinéraire, c’est cette année. Sur les 140km déjà en place l’an passé cependant, je dois dire que nous avons fait mouche sur les salons. Le concept d’un affluent de La Loire à Vélo et le côté campagne plaisent beaucoup. Notre compteur installé depuis juillet 2013 à une convergence de plusieurs trajectoires sur une portion de voie verte à proximité du du Zoo de la Flèche, comptabilise environ 60 000 passages annuels. Certes, l’été dernier aura été beau, mais nous y constatons une augmentation constante.
- Des Accueil Vélo … sans chambres d’hôtes en Sarthe
Pour l’instant, nous dénombrons 27 Accueil Vélo sur la partie Sarthoise de l’itinéraire. 70% d’entre eux sont des hébergeurs. Nous avons la chance de disposer d’une offre d’hôtels rénovés et de qualité. Le Zoo de la Flèche joue un rôle moteur dans notre secteur qui comprend aussi un bon réseau de campings le long du Loir. En tout, nous avons 35-40 professionnels Accueil Vélo sur l’ensemble de la Sarthe. Nous souhaiterions développer davantage le label auprès des propriétaires de chambre d’hôtes. Ils sont une vingtaine à être situés à proximité de l’itinéraire. Beaucoup accueillent déjà des cyclotouristes mais ne sont pas inscrits dans une démarche qualité « nationale », critère indispensable à la labélisation « Accueil Vélo ». La démarche « Chambre d’hôtes de référence », si elle était déployée en Sarthe, pourrait leur permettre d’accéder plus facilement au label, nous allons donc travailler en ce sens.
- Prochaine étape ?
Nous aimerions entamer une coopération plus formalisée dans un format de type comité d’itinéraire. Nous pourrions mutualiser notre budget « promotion » par exemple. Par ailleurs, nous sommes tous concernés par des territoires « Leader ». Par le biais des Pays, nous aurions donc la possibilité d’établir une convention de partenariat avec un budget sur 3 à 5 ans. Cela donne un caractère officiel à notre démarche, c’est rassurant et mobilisateur sur un temps donné et dans un cadre donné. cet outil local et ces financements européens constitueraient une réelle opportunité pour la valorisation et la promotion touristique de l’itinéraire Vallée du Loir à vélo.
Téléchargez le carnet de route de La Vallée du Loir à vélo
Propos recueillis par Camille Thomé