La Drôme, territoire cyclable
Extrait de Vélo & Territoires 41
Hôte les 24 et 25 septembre 2015 des 19es Rencontres annuelles des DRC, le conseil départemental de la Drôme avait déjà fait l’objet d’un gros plan dans Vélo & Territoires – il s’agissait alors du n°28, daté Printemps 2012. Trois ans et 13 numéros plus tard, l’occasion était belle de prendre à nouveau le pouls de cette collectivité.
Interview d’André Gilles
Vice-président chargé de l’Agriculture, des Routes et de la Politique vélo
Quel bilan tirez-vous de l’organisation des Rencontres 2015 des DRC ?
Un bilan assurément très positif. Il me semble en effet que nous avons su accueillir dignement les acteurs du vélo, en leur offrant un cadre agréable tant pour les rencontres elles-mêmes du jeudi
que pour la balade à vélo du vendredi. Nous avons profité du positionnement à la croisée des chemins de deux VVV inscrites au Schéma national pour offrir un tour d’horizon des aménagements de qualité de nos VVV , avec en prime un parcours effectué en vélo à assistance électrique. Ce n’était pas rien de parvenir à mobiliser 120 VAE sur un seul événement, et je salue la contribution appréciée de la Compagnie nationale du Rhône qui nous a permis de le faire. Je dois dire aussi que le succès de ces Rencontres repose pour une bonne part sur la forte implication des services du Conseil départemental, qui se sont mobilisés de manière transversale pour préparer cet événement.
La préparation de cet événement a-t-elle eu une incidence sur l’adoption et la mise en oeuvre de votre schéma directeur cyclable ?
Le schéma directeur cyclable a été approuvé en janvier 2015, à l’issue d’une réflexion engagée dès 2013 et conduite tout au long de l’année 2014. Parce que le vélo transcende les clivages, parce qu’il est au coeur de multiples enjeux de la société, le changement de majorité n’a pas affecté cette ligne forte. Depuis longtemps, et à travers plusieurs alternances politiques, la Drôme aime le vélo et cherche à lui donner toute sa place dans les politiques qui sont conduites. J’ai donc grand plaisir à porter cette politique cyclable, en collaboration avec plusieurs de mes collègues élus impliqués dans la mise en oeuvre du schéma directeur cyclable (tourisme, sports, santé, collèges…). Outre l’adoption de ce schéma directeur, l’année 2015 a été marquée par l’accueil en Drôme de deux étapes du Tour de France, mais aussi par la troisième place au trophée Destination Vélo de la FFCT . Les Rencontres DRC venaient donc en point d’orgue de cet excellent cru pour le vélo en Drôme.
Un réseau comme celui des DRC est-il un facilitateur dans la mise en place d’une politique cyclable ?
Plusieurs des sujets abordés lors des Rencontres DRC ont conforté nos engagements en faveur du vélo. Les riches échanges dans les ateliers, mais aussi lors des moments de convivialité, permettent aux élus et aux techniciens d’approfondir leurs connaissances, de découvrir des expériences innovantes dans de nombreux domaines. Le monde du vélo fourmille d’idées et d’envies, et ce ne sont pas forcément les plus coûteuses qui sont les plus pertinentes. La présence des associations d’usagers et d’acteurs locaux, que nous avions invités à participer aux Rencontres a aussi permis
des échanges fructueux, et cela nous sera utile pour déployer le schéma directeur cyclable dans les prochaines années. En effet, le Département ne pourra pas déployer seul le schéma directeur
cyclable, il s’agira de fédérer et de coordonner les intentions de multiples acteurs. À ce titre, le réseau des DRC est un exemple du travail partenarial et collégial qui mènera au succès d’une politique cyclable à l’échelle du département.
Interview de Pascal-Eric Chomel
Directeur-adjoint des Déplacements
Nous avions effectué un premier zoom sur la politique cyclable du conseil départemental de la Drôme début 2012 [cf. V&T n°28]. Quelles sont les principales avancées depuis cette époque ?
Le zoom réalisé en 2012 faisait la part belle aux aménagements cyclables, et il faut dire qu’il y avait de la matière avec la réalisation des deux grands itinéraires que sont la ViaRhôna et la VVV de la vallée de l’Isère [voir encadré page 10]. Mais nous menions d’autres actions, comme celle en faveur des collégiens, et d’autres encore, moins connues de ma direction [la direction des Déplacements, NDLR], comme le développement de circuits VTT . De plus, la mise en tourisme des VVV conduisait à croiser de plus en plus les actions menées par diverses directions du Conseil départemental. Ces éléments de contexte ont amené presque naturellement à la nécessité et l’opportunité de bâtir un schéma directeur cyclable (SDC ) afin de mutualiser les actions, de créer des synergies entre services et d’amplifier les actions déjà nombreuses en faveur du vélo.
Un mot sur la démarche de coordination inter-directions qui a présidé à l’élaboration de ce schéma départemental cyclable : pourquoi avoir procédé ainsi ?
Pour une raison simple. Si traditionnellement ce sont les actions d’aménagement menées par la direction des Déplacements qui étaient sous les feux de la rampe, il était impensable de ne pas
prendre en compte d’autres actions, initiées par le service des Sports ou le service Tourisme. Fort heureusement, ces trois directions travaillaient déjà ensemble, de manière épisodique et ponctuelle. Lorsque la démarche d’élaboration du SDC s’est engagée, la question du portage s’est bien sûr posée.
Quelle direction a pris la main ?
Chaque service avait sa part de légitimité et il restait encore bien des actions à mener en lien avec les infrastructures. Or, comme c’était la direction des Déplacements qui avait initié la démarche, le choix s’est orienté vers un portage par cette direction. Son expertise vélo acquise au fil des ans, tout en s’ouvrant sur les usages et non pas seulement sur l’infrastructure, confortait ce choix. Et je dois dire que chacun a joué le jeu, et que nous avons su tisser de vraies relations de travail collaboratives.
Comment avez-vous fonctionné ?
La coordination des réflexions puis des actions en faveur du vélo m’a été confiée, non pas pour dessaisir chaque direction de ses propres compétences, mais plutôt pour en assurer la synergie. L’externalisation de l’étude a été confiée à INDDIGO , Nicolas Mercat s’y impliquant lui-même directement. Cela a permis de fédérer les directions en douceur, chacun s’apercevant par l’analyse produite et les propositions d’actions que les compétences de sa direction avaient toute leur place dans l’élaboration de la politique cyclable. Le comité technique, réunissant en outre la direction de la Communication, a permis de préparer les décisions soumises à un comité de pilotage composé de quatre vice-présidents, et d’obtenir un schéma directeur voté à l’unanimité des élus départementaux au tout début de l’année 2015.
Votre schéma directeur cyclable s’articule autour de quatre axes stratégiques, eux-mêmes déclinés en quatorze actions opérationnelles [voir encadré page 7]. Quelles sont celles engagées à ce jour ?
Avant même l’approbation définitive du SDC , nous avons engagé dès fin 2014 la refonte des circuits de La Drôme à Vélo (cf. action n°11). Celle-ci avait été rendue nécessaire par l’ancienneté du dispositif et le caractère trop “sportif” des itinéraires conçus à l’époque – c’est-à-dire en 1993, puis réactualisés en 2004. Il fallait retravailler les circuits et offrir une gamme complète pour les familles, les touristes en découverte du territoire, etc. Nous avons ainsi d’ores et déjà élaboré une trentaine de circuits et devrions atteindre environ 60 circuits d’ici à l’été 2016.
Comment se répartissent ces circuits ?
Ces circuits sont classés en niveaux vert, bleu, rouge et noir. Les trois premiers niveaux feront l’objet de balisage sur le terrain. Tous les circuits sont édités sous forme de “Bons plans à vélo” (dans la série des Bons plans sports de nature du Département). Ces circuits sont coproduits avec les acteurs locaux, associations d’usagers et de cyclosportifs, offices du tourisme, intercommunalités.
Comment gérez-vous la question de la continuité des itinéraires ?
Ce point fait précisément l’objet de notre action n°4. Cette action est aussi engagée avec un nouvel aménagement de type chaussée à voie centrale banalisée (CVCB ). Celui-ci devrait être mis en oeuvre sur l’itinéraire de la VVV de la vallée de l’Isère d’ici à fin 2015. Deux autres dispositifs de CVCB sont programmés pour 2016 sur des routes départementales, faisant de la Drôme un laboratoire in situ de ce nouvel objet routier, suivi de près par les services de l’État (Cerema) et les acteurs du vélo en général.
Qu’en est-il des autres actions en cours ?
Concernant le stationnement vélo aux arrêts de cars (action n°9), une enquête a été menée au printemps sur deux lignes desservant la vallée de la Drôme entre Valence, Crest et Die, pour identifier les arrêts où un intérêt des usagers était avéré. Nous devrions d’ici début 2016 positionner quelques box à vélos sécurisés au niveau de quatre arrêts sur cette ligne, de manière expérimentale. Sont visés dans cette action les déplacements utilitaires, domicile-travail et
domicile-établissement scolaire. Le déploiement du label Accueil vélo (action n°13) est désormais
sur les rails, sous l’égide de l’Agence de développement touristique (ADT ) qui cumule à ce jour 15 établissements labellisés. L’objectif est d’atteindre 50 établissements fin 2016 et plus de 200 labellisés en 2020, en maillant tout le territoire. Dans le cadre de l’action n°14 “La Drôme à vélo, maillot jaune”, une réflexion s’engage sur les supports de diffusion, au-delà des Bons plans à vélo, d’une carte La Drôme à vélo à rééditer, ou encore d’un topo-guide à paraître en 2016. De nombreux événements populaires sont organisés autour du vélo, le dernier-né étant une opération “col réservé” où une route départementale montant dans le Vercors depuis le bassin valentinois a été fermée à la circulation motorisée un dimanche de juillet, pour fêter la pose du bornage du col pour les cyclistes. D’autres opérations du même genre seront organisées en 2016.
Je tiens beaucoup aux actions n°7 et 8 (“30 minutes de vélo sur ordonnance” et “Vélo pour tous”). Elles constituent l’heureuse surprise de ce SDC , mais sont finalement tellement évidentes au regard des compétences en matière de santé et de solidarité d’un Département. Elles démarrent doucement depuis cet été, les chefs de projet ayant été identifiés au sein de la DGA Solidarités.
On retrouve là encore la “marque de fabrique” de ce schéma directeur, où chaque direction est impliquée sur ses compétences propres, cherchant ainsi l’efficacité et la synergie des services. La
présence de Patricia Brunel-Maillet, vice-présidente du CD 26 en charge de l’Environnement et la Santé, à la table ronde conclusive des Rencontres des DRC cette année, était un signe fort de l’engagement large des élus en faveur de la politique cyclable, y compris dans des domaines de compétence jusque là peu mobilisés.
Quels sont les objectifs à terme ?
Le schéma directeur cyclable a vocation à être déployé sur la durée du mandat, soit 2015-2020. Compte tenu de l’ampleur des objectifs et des actions à mener, je pense qu’il faudra bien cela pour y parvenir. Les cibles sont multiples, car tous les usages du vélo sont concernés : les déplacements utilitaires, avec une inflexion de la stratégie concernant les bandes multifonctionnelles qui devraient laisser la place à des pistes cyclables au niveau périurbain en marge des routes à fort trafic (au-delà de 7 000 véhicules/jour) ; les usages touristiques avec plusieurs actions en leur faveur, visant à doubler la part des séjours touristiques impliquant directement le vélo (passant de 3,4 à 7 % des séjours) ; les usages sportifs, avec l’extension des circuits VTT à une large gamme d’utilisateurs ; sans oublier bien sûr les itinérants, pour lesquels des actions permettant d’améliorer
les services sur et aux abords des VVV seront conduites.
Combien de kilomètres cela représente-t-il, au total ?
Il convient de noter que plusieurs actions du schéma directeur cyclable reposent sur des acteurs externes, que le Département souhaite accompagner ou coordonner pour une meilleure efficacité de l’action publique en général. Dans ce contexte, il ne paraissait pas opportun d’introduire des objectifs chiffrés pour toutes les actions, mais plutôt d’insuffler une ligne directrice, de donner un cap stratégique et opérationnel, qui sera décliné maintenant en associant très largement tous les acteurs, comme nous l’avons fait durant l’élaboration de ce schéma.
Quel budget consacre le Département à ces différentes actions ?
Lorsqu’il s’est agi d’aménager les deux itinéraires majeurs de VVV (ViaRhôna et la vallée de l’Isère, V60 et V63 du SN 3V), le Département a fait un effort considérable en investissant environ 5 M € par an pendant cinq ans, de 2009 à 2013, mais avec des partenariats à hauteur d’environ 60 %. Depuis, le budget s’est stabilisé à hauteur d’environ 1 M€ par an, tant en investissement direct qu’en accompagnement des territoires sur ces thématiques.
L’action n°6 porte sur les collégiens vélomobiles. Pouvez-vous nous en dire davantage ?
Cette action, engagée depuis 2009, est assez emblématique de la volonté du département de la Drôme de ne pas se limiter à des aménagements. En effet, les plans de déplacements des collèges
(PDC ) s’articulent autour de deux axes : d’une part l’aménagement de cheminements modes doux aux abords et dans un rayon de 3 km autour des collèges ; d’autre part l’apprentissage du vélo
et des actions de sensibilisation aux modes doux en direction des collégiens, mais aussi de leurs parents. L’ensemble fait l’objet d’une contractualisation entre la commune, le collège et le Département. La tendance consiste souvent à réaliser quelques aménagements cyclables, sans aller plus loin, et nous devons insister régulièrement sur une démarche globale d’animation/sensibilisation. Sans actions d’animation, auxquelles les services du Département contribuent significativement, pas d’accompagnement du Département sur les aménagements cyclables. Près de la moitié des collèges hors périmètre de transport urbain sont engagés dans une démarche. L’objectif à terme est de rendre ces collèges autonomes dans le pilotage de l’animation et, bien sûr, d’étendre la démarche aux autres collèges.
Quelles autres actions souhaitez-vous mettre en avant ?
Quelques actions concernent directement les véloroutes voies vertes du département, je veux mentionner ici :
— l’action n°3 “Des voies vertes bien reliées”, par laquelle nous souhaitons développer les liaisons directes entre les VVV (ViaRhôna et la vallée de l’Isère) et les territoires traversés, afin d’offrir plus
de services aux itinérants et d’améliorer l’accès aux VVV pour les résidents ;
— l’action n°2 “Ma voie verte près de chez moi ”. Elle vise à mettre 80 % de la population drômoise à moins de 5 km d’une VVV , par la mise en oeuvre de plusieurs VVV portées par les intercom-munalités, avec le soutien actif du Département. Le succès populaire indéniable de ViaRhôna, puis de la VVV de la vallée de l’Isère, a fortement contribué à une prise de conscience de l’importance de ce type d’aménagement. Plusieurs projets sont en bonne voie de réalisation pour 2016-2017. Ils représentent plusieurs dizaines de kilomètres.
À quelles difficultés êtes-vous confrontés dans la mise en place de ce schéma directeur cyclable ?
La multiplicité des acteurs, tant internes qu’externes, rend particulièrement complexe la mise en oeuvre de ce schéma. Mais cela ne fait que rendre compte de la complexité du monde actuel, où de nombreux acteurs institutionnels gravitent autour du vélo, ainsi que des acteurs associatifs particulièrement engagés et motivés. La coordination ne fait que commencer, c’est l’un des enjeux principaux de ce SDC. L’autre enjeu de taille consiste à concilier les contraintes budgétaires qui pèsent sur toutes les collectivités avec le démarrage de plusieurs actions, en particulier celles qui nécessitent un budget de fonctionnement qui doit être maîtrisé. Il va donc falloir être inventif, faire jouer les mutuali-sations internes et externes, aller à l’essentiel en ciblant ce qui sera le plus efficace… Autant d’enjeux qui font de la mise en oeuvre de ce schéma directeur cyclable une aventure vraiment excitante.
Le point sur la ViaRhôna et la véloroute voie verte de l’Isère
Où en est aujourd’hui la portion drômoise de la ViaRhôna ?
Pascal-Éric Chomel – La ViaRhôna a été terminée en 2013 par la sécurisation de la toute dernière section, celle la plus au sud, où nous avons mis en place une voie verte le long d’une route départementale où circulent près de 12 000 véhicules/jour, bien séparée de la chaussée par un dispositif approprié. Il nous reste encore un raccordement à réaliser conjointement entre l’Ardèche et la Drôme, au niveau de La Roche-de-Glun, où nous souhaiterions aménager une passerelle accrochée en encorbellement sur un barrage concédé à la Compagnie nationale du Rhône, à condition que d’importants financements partenariaux soient mobilisés pour résorber ce passage délicat.
Et concernant la VVV de la vallée de l’Isère ?
S’agissant de cet itinéraire, nous avons obtenu début 2012 la déclaration d’utilité publique. Les travaux ont bien démarré comme prévu à l’automne 2012, pour s’achever un an plus tard, après la construction de deux nouvelles passerelles. Ces deux ouvrages s’ajoutent à la première passerelle réalisée par anticipation entre Romans et Bourg-de-Péage, ainsi qu’à l’aménagement de 20 km de voie verte et au balisage des 42 km de l’itinéraire.
Des comptages ont-ils été effectués depuis 2011 ? À l’époque, vous aviez relevé une tendance étonnante : une dominante du sens nord-sud des déplacements mesurés…
En effet, les compteurs mis en place dès l’origine continuent de livrer leurs données. Nous en avons six sur ViaRhôna et cinq sur la vallée de l’Isère. Les résultats de fréquentation sont très bons voire excellents : entre 160 et 270 passages quotidiens sur les différentes sections de ViaRhôna, entre 100 et 390 passages quotidiens sur la vallée de l’Isère ; sur ViaRhôna, une augmentation de 9 % entre 2013 et 2014, et
même de 17 % en ne tenant compte que des vélos. La dominante nord-sud demeure sur ViaRhôna, les usagers préférant parfois effectuer des boucles en revenant par ailleurs, et les itinérants descendant très majoritairement vers la Méditerranée. Une enquête terrain a été menée à l’été 2014 pour mieux connaître les utilisateurs, dont on peut retenir quelques éléments : 90 % des usagers sont français, dont la grande majorité vient de la région Rhône-Alpes ; parmi les étrangers, 30 % d’Allemands, 22 % de Suisses ; 10% d’itinérants, 15 % de sportifs et 63 % en loisirs ; 44 % apprécient ViaRhôna pour la sécurité qui y est offerte, 36 % apprécient le côté découverte des territoires … Autant d’appréciations qui confirment la pertinence d’un tel aménagement.
Pour en savoir plus : www.ladrome.fr – www.ladrometourisme.com
Anthony Diao