Le Bicycode – L’assurance complémentaire
Extrait de Vélo & Territoires 40 Une fois n’est pas coutume, c’est du côté de l’automobile et de son système de plaques et de cartes grises que le vélo prend exemple sur le créneau de la prévention contre le vol. Explications.
Une étude de l’Ifresi – CNRS parue en 2003 chiffrait à 400 000 environ le nombre de bicyclettes volées chaque année en France, faisant de ce facteur l’un des principaux freins à l’utilisation du vélo. Selon la même étude, 150 000 vélos étaient retrouvés mais seuls 2 à 3 % étaient restitués à leur proprié-taire, faute de possibilité de les identifier. À défaut de parvenir à éradiquer ce fléau antédiluvien, comment le contenir ? Et surtout, comment résoudre la double équation du vélo volé puis retrouvé mais du propriétaire désormais introuvable ? S’appuyant sur les expériences danoise et allemande, où un marquage systématique des vélos avant même leur mise sur le marché a permis, d’une part, de réduire les vols de 30 % et, d’autre part, à 40 % des propriétaires de vélos volés de récupérer leur bien une fois celui-ci restitué, la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB) a mis au point en 2004 le système Bicycode.
Immatriculation. « Bicycode n’est pas un antivol, avertit Sophie Hering, chargée de la promotion du système au sein de la FUB. C’est plutôt un outil qui vient en complément à votre antivol. Con-crètement, un numéro unique à 12 chiffres est gravé par fraisage ou par micro-percussion de façon apparente sur la tige de selle de votre vélo. Le propriétaire reçoit ensuite un passeport vélo et doit s’enregistrer sur une banque de données protégée par la CNIL. Si le vélo vient à être volé, son propriétaire le signale alors aux autorités. Si le vélo est retrouvé, la consultation du fichier auquel renvoie le numéro gravé sur le cadre permet de retrouver le propriétaire. » Fin 2014, un total de 201 600 vélos avaient été marqués en France, et 7 à 10 % des vélos volés puis retrouvés ont pu être restitués à leur propriétaire grâce au marquage. Des chiffres encourageants mais à pondérer au regard des 3 millions de vélos vendus chaque année en France. Un ratio qui renvoie au principal chantier de lobbying de la FUB sur ce dossier, à savoir le marquage dès l’usine. « C’est un enjeu, appuie Sophie Hering en effectuant le parallèle avec l’immatriculation des auto-mobiles. Depuis 2010, les cycles Arcade le font systématiquement pour les vélos destinés au marché français, ce qui représentait 42 % des vélos marqués sur la seule année 2014. C’est un début mais l’expérience gagnerait à être généralisée, surtout avec le développement des vélos à assistance électrique. L’investissement que représentent ces derniers incite les éventuels acqué-reurs à demander des garanties, voire à assurer leur véhicule. Cette attente doit être prise
en compte. »
Pédagogie. Quelque 130 opérateurs, dont notamment 50 % sont issus d’associations et 28 % de collectivités territoriales, sont équipés d’un appareil pour graver. C’est le cas par exemple du conseil départemental des Yvelines. Au 1er juillet 2015, les hôtes des Rencontres DRC de 2013 avaient gravé 10 365 bicyclettes depuis leur acquisition, en 2007, de la première des deux machines prévues à cet effet. « Chaque machine a coûté 4 000 euros au Département, explique Emilie Lepicard, chargée de mission Circulations douces au CD 78, une somme à laquelle il a fallu ajouter quelques coûts annexes liés notamment à la formation de départ et à l’acquisition de packs de marquage. Nous les utilisons essentiellement sur rendez-vous ou lors de manifestations comme le village départ de la course Paris-Nice, les journées sans voiture, ou encore lors d’inter-ventions dans les collèges. » Une activité chronophage pour des agents dont ce n’est pas le cœur de métier, mais le sentiment de faire “oeuvre utile” puisque, aux compétences techniques requises pour l’utilisation de la machine s’ajoute une dimension pédagogique, liée à la croyance (erronée) chez nombre d’usagers, que graver immunise contre le vol.
Attacher. C’est également en 2007 que le conseil départemental du Calvados a lui aussi fait l’acquisition de son propre marqueur. « Nous avons été sensibles aux arguments de l’asso-ciation Dérailleurs, confirme Rodolphe Coutance, en charge des Circulations douces au sein du Département. Les premières années, nous sommes essentiellement intervenus sur des opérations ponctuelles dans les collèges ou lors de journées spécifiques liées au développe-ment durable, avec l’idée à terme de mettre cet outil à la disposition de l’ensemble des associa-tions intéressées. » L’ouverture d’une Maison du vélo en 2013 à Caen va modifier la donne. Fort de la visibilité nouvelle offerte par ce local, l’association Dérailleurs sollicite et obtient du Conseil départemental l’autorisation de prendre l’appareil à demeure et de commu-niquer autour d’une session de marquage à date fixe, d’une durée de trois heures, chaque premier samedi du mois. Le bouche-à-oreille sur la zone de chalandise de Caen fait le reste. « En 2014 nous avons ainsi pu marquer environ 240 vélos soit, en raison des créneaux que nous avons mis en place, l’équivalent d’un vélo toutes les six minutes, se félicite André-Pierre Hodierne, le président de l’association. Cela mobilise deux à trois personnes à chaque fois puisque, en plus du marquage proprement dit, nous rappelons aux usagers qu’il leur faut également s’inscrire sur la base de données et, surtout, que cela ne doit pas les exempter d’attacher correctement leur vélo ! »
Anthony Diao