La journée Club itinéraires
Extrait de Vélo & Territoires 34
Retour sur les témoignages croisés de la table-ronde “Itinéraires et schémas régionaux : où en est-on ?”. Entre enjeux communs et premiers enseignements.
Comment pérenniser un itinéraire ? A quelles questions se retrouvent confrontés les comités d’itinéraire ? Quelles réponses sont apportées par les porteurs de projet ? C’est à quelques-unes de ces interrogations qu’ont essayé de répondre les intervenants de la journée Club itinéraires du 14 novembre 2013. Retour sur des problématiques dans l’air du temps.
• La V43. La véloroute 43 relie la Manche à l’Atlantique. Elle part de Ouistreham (Calvados) et se termine 608 km plus loin à La Rochelle (Charente-Maritime). Cet itinéraire coordonné par l’ADRT
des Deux-Sèvres traverse trois parcs naturels régionaux et propose des interconnections avec l’EV4, la Véloscénie, La Loire à vélo et La Vélodyssée, ainsi que la possibilité de liaisons par bateau avec l’Angleterre. Le premier comité d’itinéraire s’est tenu en juillet 2013 et le premier comité de pilotage en novembre 2013. L’ouverture de l’itinéraire est prévue pour 2015.
• Le schéma régional des véloroutes et voies vertes d’Aquitaine. Un premier schéma a été adopté en 2003, avant d’être révisé en 2013 pour tendre vers un linéaire de 2 680 km. 1 500 km restent à réaliser pour un budget estimé à 23 millions d’euros, selon la coordination régionale.
• La V80 ou la Véloroute de l’Entre-deux-Mers. Cet itinéraire s’étend sur 550 km et concerne 3 régions et 6 départements. 90 % du linéaire est en voie verte. « Le point faible est que l’itinéraire n’est pas aménagé dans l’Aude, même si la réalisation est inscrite au schéma cyclable, explique Marie-Luce Blanc de l’ADT82, structure chef de fil du comité d’itinéraire. Dans l’Hérault, seuls 13 km ont été aménagés. Enfin, le problème du chancre coloré sur les platanes va changer complètement le paysage sur des longs tronçons. » En 2014, les partenaires de l’itinéraire mettront l’accent sur la cartographie de l’itinéraire, la mutualisation du site Internet et la labellisation Accueil Vélo.
• L’EV3 en France. C’est la plus longue EuroVelo-route de France avec 1 583 km compris entre Jeumont (Nord) et Saint-Jean-Pied-de-Port (Pyrénées-Atlantiques). Elle concerne 6 régions, 18 départements et un bassin de 7 millions de personnes vivant à moins de 5 km de l’itinéraire – dont 4,8 millions sur la seule Île-de-France. Elle croise l’EV1, l’EV6, la V43 et la V80. La région Île-de-France coordonne le comité d’itinéraire pour l’EV3.
• Le schéma régional de Basse-Normandie. Ce schéma a été initié en 2002. Il intègre les plans départementaux du Calvados et de la Manche, et notamment les trois itinéraires phares que sont le Tour de Manche, la Véloscénie et la véloroute des Plages du Débarquement. Il s’appuie également sur la marque Accueil Vélo et bénéficie de la stratégie globale de développement de la destination Normandie à vélo, où le tourisme vélo est une priorité.
• La Véloscénie Paris–Mont-Saint-Michel. Cet itinéraire traverse 4 régions, 8 départements et 3 parcs naturels régionaux, soit 440 km de pistes cyclables depuis la cathédrale Notre-Dame de Paris jusqu’au Mont-Saint-Michel. Le pilotage du projet est assuré par Manche Tourisme.
Les mots-clés du débat
Financer. Stéphan Barrault, à propos de la Véloscénie : « Nous sommes partis sur
250 000 € sur trois ans, avec une grosse intervention de l’Etat au départ pour lancer les actions. Notre montage est un forfait fixe pour les Départements et les Régions, ainsi qu’un prorata au kilomètre. Nous sommes ici en deçà des montants de partici-pation mis en place sur les autres itinéraires. La majorité des partenaires ont mis du budget supplémentaire sur leurs fonds propres pour compléter. Au final, nous arri-vons à peu près à un seuil équivalent à 10 000 € par partenaire, et c’était utile. Il vaut donc mieux ne pas rogner au début puisque, sur le long terme, les ressources
sont de toute façon indispensables. »
Coordonner. Gwenaële Duval, à propos de l’EV3 : « Coordonner un itinéraire d’une telle longueur est une vraie difficulté. Il va nous falloir trouver les leviers pour mobiliser solidement, car les partenaires ne veulent justement pas complexifier le projet. Un comité d’itinéraire fondateur en juin 2013 a abouti à un Copil [Comité de pilotage] tout aussi fondateur début novembre. Nous faisons une distinction claire entre les partenaires qui sont financeurs et ceux qui ne le sont pas. Aujourd’hui, trois Régions et cinq Départements – soit plus d’un tiers des partenaires – se sont prononcés favorablement. Les choses se mettent en place progressivement. J’assure l’intérim pour l’instant, mais une coordination à temps plein est prévue dès 2014. »
Dépersonnaliser. Sabine Andrieu, coordinatrice de La Vélodyssée : « Sur La Vélo-dyssée, nous avons mis en place un comité directeur pour répondre aux besoins décisionnels entre deux Copil. Ce comité directeur est composé de trois direc-teurs de structures partenaires. L’historique et la continuité sont ainsi maintenus. Et l’on évite la personnalisation. »
Justifier. Stéphan Barrault, à propos de la Véloscénie : « Dans la Manche, une enquête a été menée pour justifier l’investissement auprès des financeurs. Entre le Tour de Manche, la Véloscénie ou la véloroute des Plages du Débarquement, nos compteurs affichent une hausse de fréquen-tation de 40 %. Ce chiffre parle aux investisseurs et pose la question, lorsque plusieurs itinéraires concernent un même territoire, de multiplier les participations. »
Inciter. Gwenaële Duval, à propos de l’EV3 : « Nous avons de grosses discontinuités d’itinéraires rien qu’en Île-de-France. Les partenaires franciliens ne sont pas forcé-ment mobilisés alors même que l’Île-de-France dispose de 12 millions de touristes potentiels. Un travail de motivation et d’argumentation va donc devoir être mené. On peut aussi avoir des discontinuités dues à la non participation de certains territoi-res au projet. Il va falloir argumenter là aussi, et nous sommes dotés d’un vrai levier : le déploiement d’Accueil Vélo ne sera accordé par le coordonnateur que si les partenaires financent la démarche. »
Procéder par phases. Stéphan Barrault, à propos de la Véloscénie : « Il y a une phase de lance-ment, une phase de consolidation et une phase ultérieure. Nous en sommes à la phase de conso-lidation et ses enjeux en termes de gouvernance. Des change-ments de pilotes de Cotech [Comité technique] se sont faits sur l’EV1. Ils ont permis la mobilisation des territoires. Les communautés de communes sont également deman-deuses… »
Planifier. Willy Aubineau, à propos de la V43 : « Nous avons veillé à ce qu’il y ait une répartition géographique entre Nord et Sud. Les partenaires sont vraiment mobilisés. 2013 a été une année importante avec la mise en oeuvre du projet et un Copil à venir. L’objectif est d’ouvrir l’itinéraire en 2015, ce qui permet d’avancer certains travaux d’aménagement notamment. Des Cotechs com-plémentaires pourraient être consti-tués sur la question des bases de données par exemple, avec la mobilisation d’autres compétences au sein des collectivités. Les Cotechs travailleront à la mise en place d’un site Internet dédié et l’élaboration d’une signalisation commune. Des réflexions sur l’« après » devront être menées pour anticiper le fonctionnement des trois années qui suivront. »
Prioriser. Isabelle Prévost, à propos du SR 3V de la région Aquitaine : « La clé du succès est d’identifier les objectifs communs et de se répartir les tâches. Sur le terrain, il faut être d’accord sur un minimum. Mais surtout, il faut que nous sachions prioriser. »
Répartir. Jennifer Chicoyneau de Lavallette, à propos du SR3V de la région Basse-Normandie : « Les missions sont réparties. Les Départements assurent la maîtrise d’ouvrage ou à défaut accom-pagnent les EPCI. Ils sont largement impliqués dans le développement des itinéraires et ce sont eux les évaluateurs du développement d’Accueil Vélo. La Région quant à elle assure la coordi-nation de la stratégie régio-nale pour le développement de la destination “La Normandie à vélo”. La Région ac-compagne techniquement et financièrement l’ensemble des réalisations. Ce qui est bien, chez nous, c’est cette capacité à fonctionner collégialement. L’ensemble des institutions ont une volonté de faire ensemble. »
Équilibrer. Stéphan Barrault, à propos de la Véloscénie : « Manche Tourisme a assuré la coordi-nation de l’ensemble des partenaires, avec une personne à temps plein. Nous avons en outre pris en charge des groupes de travail sur la communication et la promotion. Il faut veiller à une répar-tition plus équilibrée de la charge de travail entre les partenaires. »