Les Yvelines – département cyclable

Extrait de Vélo & Territoires 33

YVELINES, LE TEMPS D’UNE RENCONTRE AVEC JEAN-MARIE TÉTART

Député de la 9e circonscription des Yvelines Vice-président du conseil général des Yvelines, responsable des Routes, des Transports, des Déplacements et de la Coopération décentralisée – Maire de Houdan

• A quand remonte le déclic vélo dans le département des Yvelines ?
Jusqu’en 2006, la politique vélo du département des Yvelines était minimaliste. Elle se résumait à quelques bandes cyclables le long de départementales. Nous avons alors lancé une politique vélo organisée et volontariste. Notre volonté était d’être triplement exemplaires. Nous voulions être exemplaires quant à la mise en “cyclabilité“ du patrimoine routier départemental, exemplaires quant à notre politique de déplacements – y compris pour nos employés – et exemplaires quant à notre soutien aux efforts de développement cyclable de nos communes.

• Comment avez-vous procédé pour mettre ce programme en oeuvre ?
Nous avons travaillé sur la sensibilisation et sur la formation d’une coalition des partenaires. Nous nous sommes efforcés de réunir les différents acteurs de terrain à l’occasion de nos Assises annuelles du vélo. Ces Assises sont l’occasion de discuter des projets émergents, de se donner une culture commune et d’aborder l’actualité technique ou réglementaire.

• Votre département est aussi connu pour avoir travaillé autour de la question du gravage des vélos…
Oui. Nous avons effectivement deux machines à graver les vélos que nous prêtons régulièrement aux associations et collectivités locales du département. Nous en sommes à plus de 7 300 vélos gravés depuis 2006, dont 1 252 pour la seule année 2012. Les séances de marquage sont aussi l’occasion de débats comme par exemple sur la sécurité du cycliste.

• Quels sont les objectifs du schéma cyclable du 18 juin 2010 ? Il s’agit d’un schéma départemental “Véloroutes Voies Vertes“
proposant un réseau structurant de 500 km en première phase et 100 km de plus en seconde phase, à développer sur une dizaine d’années. Ce réseau s’appuiera sur une combinaison d’amé-nagements sur routes départementales et communales, mais aussi sur des chemins ruraux, des voies sur berges, etc. Ce schéma Véloroutes Voies Vertes est en cohérence avec le Schéma régio-nal francilien, ainsi qu’avec le programme EuroVelo, puisque les Yvelines sont concernées sur 25 km par l’Avenue verte London-Paris, ainsi que par la Véloscénie qui relie Paris au Mont-Saint-Michel. Ce schéma propose une boucle autour des Yvelines ainsi qu’une traversée est/ouest qui va de Houdan à Versailles en passant par Montfort-l’Amaury. Il est le support à l’accrochage de boucles locales à l’initiative des intercommunalités.

• A quel public s’adressent ces aménagements ?
Le spectre est large. Nous souhaitons que tous les usagers intéressés puissent utiliser ces aména-gements sécurisés et continus. Les maîtres-mots de notre politique cyclable sont l’usage partagé, la sécurité, l’accessibilité, le confort et la continuité. Partant de là, le public attendu va du loisir au sportif en passant par l’utilitaire et les personnes à mobilité réduite.

• Comment cela se passe-t-il au niveau des portions situées en bordure de Seine ?
Les itinéraires en bord de Seine visent les deux rives du fleuve. Ils représentent un linéaire de 200 km. Le Département a la volonté de mettre en place quatre franchissements de la Seine réservés aux cyclistes. Deux passerelles à Andrésy et à Mantes-la-Jolie sont déjà lancées. Deux autres pas-serelles suivront à Poissy et à aux Mureaux.

• Combien de kilomètres d’aménagements ont-ils été réalisés à ce jour ?
On dénombre aujourd’hui près de 850 km d’aménagements cyclables dans les Yvelines, dont 285 km le long des départementales. Ce chiffre recouvre tous types d’aménagements et tous types de maîtres d’ouvrage.

• Quel budget le conseil général des Yvelines consacre-t-il à sa politique cyclable ?
Les travaux sur les routes départementales sont subventionnés à hauteur de 50 % par la Région Île-de-France. Le département consacre environ 6 millions d’euros chaque année à sa politique cyclable, dont 1,5 million sont utilisés à titre de subventions pour les communes. Pour entrer dans le détail, en 2012 le Conseil général a subventionné 24 projets pour un montant de près de 1,1 million d’euros. Cela a permis de financer 25 km d’aménagements cyclables, 574 places de stationnement et 4 études. À titre de comparaison, le budget 2013 s’élève précisément à 1,5 million d’euros de subventions aux communes, 3,5 millions d’euros de travaux et un premier acompte de 1,2 million d’euros au titre de la passerelle d’Andrésy. En 2014, ce seront également 1,2  million d’euros pour cette passerelle, 1,5 million d’euros de subventions et 3 millions d’euros de travaux.

• Qu’ont permis de réaliser les subventions cumulées au bénéfice des collectivités ?
Si nous reprenons les dépenses engagées depuis 2006, nos subventions allouées aux collectivités représentent un total de 5,8 millions d’euros. Elles ont permis de financer 85 km d’aménage-ments, 19 études, 2 200 places de stationnement.

• À quels types de difficultés êtes-vous confrontés ?
La maîtrise du foncier le long des départementales en est une importante. Quelques secteurs industriels le long de la Seine doivent aussi être pris en compte. Les contraintes de protection en forêt, même pour du cyclable, constituent enfin une difficulté “paradoxale“.

• Quels sont les prochains enjeux pour les Yvelines ?
Nos échéances sont rythmées par notre engagement financier annuel. Nous sommes heureux de travailler sur la politique cyclable en parfaite synergie avec la Région, et ce malgré des sensibi-lités politiques différentes. Nous travaillons également en étroite relation avec Yvelines Tourisme, notamment pour la labellisation “vélo“ des hébergements et nous prenons notre part dans les comités d’itinéraires EuroVelo qui nous concernent.

• Ultime question : trouvez-vous le temps de vous déplacer à vélo vous aussi ?
Moins qu’avant malheureusement. Je faisais régulièrement du tandem avec mon épouse – elle dit que c’est le seul moyen qu’elle a trouvé pour que je ne m’échappe pas pendant quelques heures [rires]. Il est vrai que les contraintes liées à mon agenda parlementaire ont réduit ma disponibilité et ont multiplié mes déplacements sur un mode peu compatible avec le vélo. Cela n’empêche pas de rester un militant.

Propos reccueillis par A. D.