Vélo et environnement – une affaire de complémentarité
Extrait de Vélo & Territoires 33
Retour sur la séquence introductive des Rencontres 2013. Vélo et environnement, une affaire de complémentarité ? Eléments de réponse en compagnie de deux repré-sentants de l’Arene Île-de-France.
Les deux intervenants de ce jeudi 26 septembre 2013 étaient Sandra Garrigou, chef de projet Energie Climat à l’Arene Île-de-France, et Thomas Hemmerdinger, chef de projet Agenda 21 au sein du même établissement. L’Arene Île-de-France est l’Agence régionale de l’environ-nement et des nouvelles énergies. Elle a été créée en 1994. Son rôle est d’accompagner les collectivités franciliennes et les acteurs socio-économiques dans leur politique de dévelop-pement durable. Cet accompagnement s’effectue par la production de ressources, par l’animation de réseaux d’acteurs. Le débat était modéré par Nicolas Mercat, chef de projets expert Indiggo.
Qu’est-ce que le développement durable ?
Selon Thomas Hemmerdinger, le développement durable est « l’adéquation entre les champs social, environnemental et économique ». Cette triple corrélation a permis de poser les bases d’un cadre de référence national. Ce cadre comprend cinq finalités : « la lutte contre le changement climatique ; la préservation de la biodiversité ; la cohésion entre les territoires et les générations ; l’épanouissement de tous les êtres humains, et une dynamique de production et de consommation responsables ».
Quels sont les enjeux de la mobilité au regard du développement durable ?
Selon Sandra Garrigou, la question de la mobilité renvoie à celle de “la précarité énergétique“, puisque le transport constitue le deuxième poste de dépenses des ménages français. En Île-de-France, le transport représente également le deuxième poste de consommation d’énergie. L’impact des transports sur l’accès à l’énergie se répercute aussi sur le cadre de vie. « Une bi-cyclette consomme quatre fois moins d’espace qu’une voiture », rappelle la technicienne. Le vélo offre également l’avantage de réduire les dépenses de santé ainsi que le coût des déplace-ments courts – 65 % des déplacements franciliens concernent des déplacements de moins de 3 km selon l’enquête globale des transports de 2010 pilotée par le STIF. Enfin, les Franciliens sont d’autant plus sensibilisés à la mobilité que le temps qu’ils consacrent aux déplacements est plus long qu’ailleurs. On rappelle également la spécificité francilienne avec le document cadre PDUIF : Plan de déplacement urbain de l’Île-de- France.
Comment concilier développement durable et mobilité ?
C’est ici qu’intervient la notion de « transition écologique ». Comme le rappelle Thomas Hemmerdinger, l’Etat planche sur la question en s’appuyant sur le comité national Agenda 21 et plusieurs associations d’élus.
Qu’est-ce que l’Agenda 21 ?
Les Agendas 21 ont été créés en 1992. Il en existe 1 000 répartis sur tout le territoire français. L’Île-de-France en compte à elle seule 150, déclinés à toutes les échelles des collectivités. Ce sont
« des dispositifs volontaires. Ils visent à décliner la stratégie nationale de développement durable à l’échelle des territoires en adéquation avec les enjeux locaux et en ligne avec la gouvernance
participative ».
Qu’est-ce qu’un PCET (plan Climat-Énergie territorial) ?
C’est une obligation qui concerne depuis les lois Grenelle les collectivités de plus 50 000 habitants. Ces plans obéissent à une double stratégie : une stratégie d’atténuation-diminution des consommations d’énergie, diminution des émissions de gaz à effet de serre et une stratégie d’adaptation aux effets des changements climatiques. La Région Île-de-France s’est dotée d’un plan régional pour le climat, et depuis peu du SRCAE (Schéma régional Climat-Air-Énergie). Les PCET des territoires infra bénéficient donc d’un cadre d’orientations stratégiques et doivent se rendre compatibles avec le SRCAE. « La force de ces outils est de ne pas rester enfermés dans des limites administratives mais d’offrir aux collectivités la possibilité de se rattacher à une vision stratégique définie en amont à l’échelle régionale », souligne Sandra Garrigou.
Où se situe le vélo dans les Agendas 21 et les PCET ?
L’Arene Île-de-France a analysé 24 plans d’action issus d’Agendas 21 ou de PCET . 13 % des actions menées dans ce cadre relevaient de la mobilité, avec cependant de fortes disparités selon les territoires. Ces actions portaient sur les aménagements, la sensibilisation, la sécurisation des aménagements aux abords des gares, l’aide à l’achat de vélos à assistance électrique pour les particuliers et le développement des vélos en libre-service. Il reste cependant « difficile d’obtenir une évaluation qualitative des résultats des actions vélo, explique Thomas Hemmerdinger. Ceux-ci sont souvent mesurés à l’aune du nombre de kilomètres de pistes cyclables réalisés. Ils ne prennent pas en compte la correspondance entre ces infrastructures et les besoins des usagers. » La clé de la réussite ? « Il faut promouvoir la coopération, le dialogue et la confiance mutuelle entre les services de chaque instance et les instances administratives elles-mêmes. Il reste aussi à développer l’évaluation participative », estime le technicien.
Quel est le rôle des Départements et des Régions en la matière ?
Les Régions et Départements ont un rôle d’animateur territorial. La concertation entre collectivités est en effet essentielle pour assurer une cohérence entre les politiques et un réel maillage territorial. Le réseau Pro’mobilité est un exemple d’animation territoriale en Île-de-France. Ce réseau regroupe des acteurs volontaires du territoire dans le but de créer les conditions favorables au développement des plans de déplacements d’entreprises (PDE).
Le nombre d’échelles d’intervention n’est-il pas un frein à la promotion de la mobilité et des politiques cyclables ?
Le risque d’être contre-productif existe, concède Thomas Hemmerdinger, surtout lorsque sur un même territoire, plusieurs échelons territoriaux interviennent sans pour autant mettre leurs réseaux cyclables en cohérence. « L’organisation de la réponse régionale aux questions de mobilité pose effectivement des problèmes de lisibilité, car elle nécessite une articulation cons-tante entre les documents régionaux et les politiques des collectivités », conclut Sandra Garrigou.
Plus d’informations sur :
www.areneidf.org – www.agenda21france.org – www.pcet-ademe.fr – www.promobilite.fr
Quantifier l’économie de CO2 due à l’usage du vélo
L’étude de l’European Cyclists’ Federation (ECF) de 2011 a quantifié les économies d’émissions de gaz à effet de serre du vélo par rapport aux autres modes de transport. En comparant autos, bus, vélos à assistance électrique et vélos standards, l’EC F a étudié comment le vélo peut aider l’UE à atteindre ses objectifs 2050 de réduction des GES dans les transports. Selon l’étude, si les citoyens de l’UE faisaient tous autant de vélo que les Danois en 2000 (2,6 km par jour en moyen-ne), ils permettraient à l’UE d’atteindre plus d’un quart des réductions d’émissions dans le secteur des transports.
Principales conclusions de l’étude
• Les émissions liées au vélo sont plus de 10 fois inférieures à celles de la voiture, même en tenant compte de l’apport nutritionnel supplémentaire nécessaire au cycliste par rapport à un usager des transports motorisés.
• Les VAE , en dépit de leur assistance électrique, génèrent des émissions compa-rables à celles des bicyclettes ordinaires. Compte-tenu du fait que les VAE permet-tent d’augmenter de 56 % la distance des trajets quotidiens et de remplacer 39 % des trajets en voiture particulière, ils présentent un énorme potentiel pour réduire davantage les émissions de GES liées aux transports.
• Les vélos en libre service ont également un potentiel de réduction d’émissions con-sidérable dans la mesure où ils présentent une alternative à des solutions motorisées pour 50 à 75 % de leurs utilisateurs.
• L’Europe importe 955 millions de barils de brut chaque année. Le fait que les citoyens de l’Union européenne se déplacent à vélo au même niveau que les Danois en 2000 permettrait de réduire les importations de pétrole de près de 10 %.
• Les objectifs de l’UE ne seront pas atteints par la technologie et ils exigeront des plans ambitieux prévoyant un transfert modal des transports motorisés individuels, au niveau de l’UE. Une combinaison de mesures d’amélioration (utilisation plus efficace des véhicules motorisés, faible teneur en carbone des carburants, utilisation plus efficace des systèmes de transport) ne contribuera qu’à une diminution de 20 % en 2050, par rapport aux niveaux de 1990.
Télécharger l’étude gratuitement sur www.ecf.com/resources/co2-calculator (en anglais)