La Bicycletterie – Velove story

Extrait de Vélo & Territoires 33

La Bicycletterie a ouvert ses portes le 26 janvier 2013. Son local est situé à Lyon dans le 1er arrondissement, au pied des pentes de la Croix-Rousse. Si c’était un appartement, ce serait un loft de 180 m² en rez-de-chaussée. Ou un F2 avec séjour à l’avant et garage à l’arrière. Une pièce pour se restaurer, une autre pour restaurer son vélo. Charlotte Dumenil et Anthony Duvernay portaient l’idée en eux depuis quatre ans et un séjour outre-Manche. « Nous avons été séduits par les enseignes de type Look Mom No Hands* », se souvient la titulaire d’un master Information-Communication. Le couple fait allusion à une boutique vélo londonienne mi-atelier mi-café. Le prototype britannique ne désemplit pas et le concept mûrit doucement dans la tête des deux trentenaires. Monsieur est branché guidon et est éducateur sportif de métier. Il valide bientôt une formation qualifiante auprès de Lyon Cycle Chic [cf. V&T n°28] quand Madame est davantage slow food que fast food. L’esprit, l’envie et les compétences étant là, il ne restait plus qu’à trouver le lieu.

Quartier. C’est à cet instant que la bonne fée se penche sur le berceau et que leur petite histoire rejoint celle, plus large, du quartier. La rue Romarin se situe en effet à l’angle de la place des Terreaux et de la rue Sainte-Catherine, deux spots de la vie noctambule lyonnaise. Or, qui dit oiseaux de nuit dit décalage avec les riverains diurnes, et qui dit décalage dit recadrage. « Notre projet a coïncidé avec celui de la rénovation du bas des Pentes », resitue Anthony. La Ville de Lyon se mobilise en effet depuis 2010 pour apaiser le quartier et le redynamiser. Exit les rideaux métalliques baissés depuis des années et tagués depuis le trottoir jusqu’à la gouttière. L’heure est à la reconquête par l’activité et l’ouverture d’échoppes tendance. L’idée est de faire de ce coin de la place des Terreaux non plus la ligne Oder-Neisse de la Presqu’île mais, au contraire, le prolon-gement de celle-ci. La Ville s’appuie pour ce faire sur plusieurs interlocuteurs – chambre de commerce et d’industrie, chambre des métiers et de l’artisanat du Rhône, GrandLyon Habitat… Leur soutien financier a ainsi servi de levier à une quinzaine de jeunes entrepreneurs comme Charlotte et Anthony. Mieux : La Bicycletterie louant à Alliade Habitat les locaux d’un ancien bar de nuit situé en rez-de-chaussée, elle bénéficie à ce titre du dispositif Fisac (Fonds d’intervention pour les services, l’artisanat et les commerces). En clair, une subvention de 50 % du montant des travaux  à réaliser dans une limite de 16 000 € par dossier. Une manne bienvenue pour une SARL au capital de 10 000 €.

Qualité. « Nous sommes les premiers en Presqu’île à proposer ce concept », se réjouit Anthony, une clef de douze à la main. Côté bou-tique : ici, des selles Brooks aux vélos Achielle, Arcade ou Brompton en passant par les draisiennes Wishbone, les casques Bern ou les ponchos Spad, la gamme proposée est large ; là, l’espace de réparation ou de customisation. Côté comptoir, Charlotte joue la carte du bio, du local et de la qualité avec des pâtisseries artisanales de chez Guillemette, du café Voisin ou des jus de fruits Pressoirs de Provence, « en attendant de proposer bientôt du salé ». Le tout dans un espace raccordé au WIFI, accessible aux vélos et décoré ton sur ton avec des accessoires chinés au fil du temps. Ouvert six jours sur sept, le magasin a bénéficié de l’effet boule de neige de premiers articles élogieux parus sur le site Mylittlelyon.fr ou dans le guide Collector. Il s’est même permis le luxe, après quelques mois d’existence seulement, d’organiser au vidéoprojecteur la retransmission en direct de certaines étapes du dernier Tour de France. Avec la réouverture prochaine des Halles de la Martinière toutes proches et l’éclosion régulière de nouveaux commerces – épicerie bio, cave à vin, prêt-à-porter masculin… –, « il ne manquera plus que notre rue devienne piétonne et ce sera parfait ! », se projettent les deux entrepreneurs.