De la Loire à la Méditerranée, la V70 trace son sillage
« En 2017, le rêve de nombreux cyclistes de traverser le Puy-de-Dôme du Nord au Sud en roulant sur une véloroute va être exaucé », annonce le Département lors de l’inauguration des 112 km de V70 dans le Puy-de-Dôme, le 16 juin 2017. Entièrement jalonnée sur routes à faible trafic dans le département, la véloroute 70 se connecte à l’Allier où elle est aussi continue, sur 141 km. La V70, une véloroute prochainement en service ? Sur les 600 km d’itinéraire national de Cuffy jusqu’à Palavas-les-Flots plusieurs dynamiques se distinguent. Présentation d’un itinéraire en devenir.
La rivière Allier, moteur de l’itinéraire au nord
La V70 suit l’Allier sur 400 km : de sa source à La-Bastide-Puylaurent (48) à la confluence avec la Loire à Cuffy (18). Marqueur fort de l’identité auvergnate, l’Allier et sa vallée connaissent un regain d’intérêt. Comme pour le Rhône, la Seine ou la Garonne, les acteurs publics cherchent à renouer avec ce patrimoine naturel et culturel, notamment en milieu urbain et périurbain. Le Pays du Grand-Clermont porte un projet de voie verte de 27 km dans le cadre de la réappropriation des berges de l’Allier à l’est de l’agglomération clermontoise. Cette section, sous maîtrise d’ouvrage du PETR du Grand Clermont et sous maîtrise d’œuvre du département du Puy-de-Dôme, avec le soutien financier de la Région et de l’Europe, devrait être finalisée fin 2019. La voie verte remplacera la continuité provisoire mise en place par le département du Puy-de-Dôme en 2017. À l’échelle de la région Auvergne-Rhône-Alpes, la rivière Allier donne cohérence et unité au projet. Quid de l’autre tiers de l’itinéraire, non concerné par le cours d’eau ? En construction en Auvergne-Rhône-Alpes, le projet semble à ce jour moins structurant en dehors des frontières régionales.
La V70, de la Loire à la Méditerranée
Traversée nord-sud du centre de la France, de la Loire à la Méditerranée par le massif central, la V70 est un maillon clé du Schéma national vélo. Complémentaire d’autres itinéraires transversaux au dénivelé plus important, elle se connecte à plusieurs véloroutes majeures : à Cuffy (18) avec La Loire à Vélo et l’EuroVelo 6 ; à Landos (43) avec la ViaFluvia, itinéraire régional d’Auvergne-Rhône-Alpes qui se connecte également à l’itinéraire le long de la Loire/V71 au Puy-en-Velay puis à la ViaRhôna/EuroVelo 17 ; à La Bastide-Puylaurent (48) avec La Vallée du Lot à Vélo/V86 ; et à Palavas-les-Flots (34) avec La Méditerranée à vélo/EuroVelo 8 et la ViaRhôna/EuroVelo 17. La véloroute 70 se situe donc à un carrefour d’itinéraires et connecterait à terme 3 destinations phares : la Loire, l’Auvergne et la Méditerranée.
Région par région, plusieurs dynamiques se distinguent
En Centre-Val de Loire, la V70 représente 25 km en limite régionale et départementale. Le département du Cher, très fortement mobilisé sur le projet de Canal de Berry à Vélo/V46 pour les 10 prochaines années, ne considère pas la V70 comme prioritaire jusqu’à ce jour. Pourtant, une continuité via Sancoins – La Guerche-sur-l’Aubois – Apremont-sur-Allier – Cuffy pourrait être envisageable à court terme en empruntant les itinéraires et antennes existantes et en projet.
En Auvergne-Rhône-Alpes, deux Départements ont inauguré la totalité de leur section de V70, l’Allier en 2015 et le Puy-de-Dôme en 2017. Sur ces deux départements, des projets de sections en site propre existent : portés par les agglomérations de Vichy et Moulins dans l’Allier ; par le PETR du Grand Clermont, l’agglomération d’Issoire et le Département dans le Puy-de-Dôme. En Haute-Loire, les 120 km d’itinéraire ne sont pas définis précisément et devront composer avec de fortes contraintes de vallées encaissées. Sur ce territoire, les maîtrises d’ouvrage ne sont pas connues et les travaux pas programmés mais des études sont en cours. Sur la gouvernance et l’identité de la V70, les territoires sont en attente d’une impulsion régionale. La Région y a répondu et s’est positionnée comme animatrice des travaux via le lancement prochain d’une étude visant à définir une marque et une identité marketing. Sur la gouvernance, elle envisage la mise en place d’un comité d’itinéraire, sous une forme souple et opérationnelle, à horizon 2018 et associant à priori dans un premier temps les maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre concernés, afin de finaliser la réalisation de l’itinéraire. Concernant l’identité, elle souhaite aborder le sujet à la bonne échelle et en prenant en compte les cibles clientèles, qui restent à définir précisément.
En Occitanie, le projet est appelé par certains acteurs publics et associatifs « La Regordane ». Issue des travaux liés au schéma régional des véloroutes et voies vertes de Languedoc-Roussillon, l’appellation ne fait pas consensus puisqu’elle peut être confondue avec l’itinéraire pédestre et VTT GR700® du même nom, et qu’elle manque de pertinence dans l’Hérault et en dehors des frontières occitanes. En Lozère, la V70 n’est pas programmée ni par le Département ni par les Communautés de communes. Le territoire est par ailleurs fortement sollicité sur le projet de La Vallée du Lot à Vélo/V86, sur lequel l’infrastructure n’est pas encore programmée. 7 km de V70 sont néanmoins aménagés sur un délaissé de route et un autre projet du même type est envisagé. Dans le Gard et l’Hérault, deux sections non connectées sont aménagées : la traversée d’Alès sur 7,6 km et la section Montpellier – Palavas-les-Flots sur 20 km. Des projets d’aménagements sur d’anciennes voies ferrées, propriété de l’Hérault et du Gard sont prévues. À horizon 2020-2022, la quasi-totalité de la V70 dans l’Hérault pourrait être continue et la moitié des 100 km qui concernent le Gard. La section manquante au nord du Gard, de Saint-André-de-Capcèze à Alès fait face à des problématiques de foncier et de topographie. Des boucles de cyclodécouvertes portées par les Communautés de communes pourraient garantir une continuité à moyen terme.
Perspectives et enjeux
La véloroute 70 est déjà continue sur une section de plus de 250 km, soit 41 %. Avec la mise en place des projets en cours dans le sillage de l’Allier et du Puy-de-Dôme, cette continuité pourrait s’étendre rapidement. La question de l’identité et du nom de l’itinéraire deviendra alors prégnante : comment rendre compte des atouts indéniables de la V70 entre Loire – Auvergne/Allier – Méditerranée ? Comment valoriser les sections en service sans se couper de l’opportunité d’un débouché sur la Méditerranée à terme ? L’identité et la promotion à mettre en place autour de la V70 devra également assumer la nature de l’itinéraire. La V70 sera un itinéraire plus exigeant (site partagé, dénivelé), pour un public averti et équipé, à adapter à une pratique en VAE. Enfin, les territoires concernés sont mobilisés par ailleurs par d’autres projets forts à l’instar de la Grande Traversée du Massif Central à VTT et VTTAE qui sera inaugurée en 2018 et mobilise la plupart des territoires concernés par la V70 en comité d’itinéraire. L’occasion d’un coup de pouce à la V70 peut-être ?
Agathe Daudibon