Les DRC expérimentent un WebSIG en Auvergne-Rhône-Alpes
Les Départements & Régions Cyclables (DRC), lauréats d’un appel à projet de l’Ademe Auvergne-Rhône-Alpes (AURAMOB) mettent en place un système d’information géographique interactif pour la mutualisation des données véloroutes et voies vertes. Ce WebSIG est expérimenté en Auvergne-Rhône-Alpes avant d’être déployé à l’échelle nationale. Ce projet pose des jalons pour l’avenir d’une donnée géographique véloroutes et voies vertes complète, standardisée, interactive et en temps réel. Il viendra renforcer la précision et la diffusion de l’Observatoire nationale des véloroutes et voies vertes (ON3V) et sa base de données. Pour décrypter ce sujet technique, les DRC ont interrogé leur géomaticien, Thomas Montagne, pilote de ce projet.
- DRC : Ce WebSIG augmentera la performance de l’ON3V. Pouvez-vous brièvement nous le présenter ?
Thomas Montagne : Porté par les DRC depuis 2005, l’Observatoire agrège les éléments linéaires, c’est-à-dire des informations géométriques et attributaires, produits par les collectivités sur leurs itinéraires cyclables. Cette agrégation de données permet une vision actualisée et nationale du développement des itinéraires cyclables et de la réalisation des différents schémas. Cet outil permet aux DRC de produire chaque année les chiffres du Schéma national vélo. Au-delà de cette vision nationale, l’outil technique est utile aux porteurs de projet dans le diagnostic, le suivi et la valorisation de leurs véloroutes. L’ON3V a été initialement développé en collaboration avec le ministère de l’Ecologie, mais depuis l’arrêt brutal des financements de l’Etat en décembre 2016, les DRC le pilotent, l’animent et le coordonnent seuls.
- Pourquoi chercher à améliorer le fonctionnement actuel de l’ON3V ?
Jusqu’ici, chaque collectivité créant de la donnée géographique vélo pour son territoire est invitée à communiquer ses données à l’ON3V, en se basant sur le géostandard véloroutes et voies vertes. Ces données actualisées, issues des campagnes d’actualisation annuelles menées par les DRC, sont ensuite intégrées à la base de données nationale. Puis, elles sont mises à disposition de façon périodique en OpenData et transmises sous un format adapté à des sites tiers comme Francevelotourisme.com, EuroVelo.com et EuroVelo.org. Ce fonctionnement implique de nombreux intermédiaires et de multiples opérations ; provoque un manque d’instantanéité dans la transmission de la donnée. Ce n’est pas optimal du point de vue de l’accessibilité à la donnée la plus à jour. Le projet de WebSIG améliorera ce fonctionnement.
- Une première réunion d’information organisée en collaboration avec la plateforme géomatique régionale de la région Auvergne-Rhône-Alpes a eu lieu le 16 février pour présenter le projet du WebSIG. Comment ce projet se traduit-il concrètement ?
Lauréats de l’appel à projet AURAMOB de l’Ademe Auvergne-Rhône-Alpes, les DRC expérimentent le WebSIG sur le territoire de la région Auvergne-Rhône-Alpes de février à juin 2017. Pendant cette phase du projet, l’application Full Web de mise à jour des itinéraires cyclables sera mise en place, testée, corrigée, optimisée et fiabilisée. Le Full Web ? C’est l’actualisation des données vélo directement par les contributeurs en ligne et en temps réel. Une réelle simplification de la transmission de la donnée pour tous les contributeurs. Les 18 collectivités d’Auvergne-Rhône-Alpes ont participé à la réunion de lancement du projet de WebSIG véloroutes et voies vertes. Cela montre leur intérêt pour une plateforme d’information géographique vélo interactive. L’expérimentation est stratégique puisqu’elle conditionnera le déploiement national du deuxième semestre 2017. La première pierre de ce WebSIG vient d’être posée avec la mise en ligne du nouvel outil de visualisation des données géographiques de l’ON3V.
- Quelle gouvernance est privilégiée pour le projet de WebSIG ?
Lors de la phase d’expérimentation du WebSIG en Auvergne-Rhône-Alpes, les DRC animent une dynamique régionale sur la donnée véloroutes et voies vertes en lien avec les acteurs de la région, des départements et des territoires en Auvergne-Rhône-Alpes. Par la suite, le WebSIG sera déployé à l’échelle nationale, ainsi que la dynamique de travail. Dans les deux cas, l’équipe des DRC conduit le projet en lien avec un comité technique dédié au WebSIG parmi des volontaires en Auvergne-Rhône-Alpes. Ce comité technique accompagne les DRC dans le suivi, l’optimisation technique et le test de l’application. Le projet de WebSIG représente un investissement de 101 000€ pour les DRC. Il est cofinancé à 40% par l’Ademe.
- Pourquoi les collectivités ont-elles intérêt à collaborer sur ce projet de WebSIG vélo des DRC ?
L’enjeu est multiple pour l’ensemble des collectivités : fiabiliser leurs données au géostandard véloroutes et voies vertes, faciliter leur mise à jour, améliorer leur visualisation, mettre à jour leurs données en temps réel, simplifier le transfert de leurs données auprès de sites tiers de promotion et ainsi optimiser leur rayonnement. Sans acquisition d’un logiciel les collectivités pourront alimenter la base de données géographiques vélo. Elles seront les premières à bénéficier de cette plateforme dont elles seront également les premiers artisans. Ainsi amélioré, l’ON3V permettra de construire, structurer, prioriser et promouvoir les itinéraires cyclables des collectivités contributrices.
- Quelles sont les perspectives et les prochaines étapes ?
La première étape du projet est la mise en place du WebSIG en Auvergne-Rhône-Alpes avant son amélioration progressive. Les contributeurs seront formés à l’outil lors d’une réunion du comité technique courant mars. Le souhait est de tester et fiabiliser l’application pendant 4 mois en s’appuyant sur des bêta-testeurs, avant de la déployer à toute la France début juillet 2017. D’ici la fin de l’année, l’outil devrait être disponible à grande échelle et, côté DRC, nous aurons également arrêté un modèle économique pour faire fonctionner cet outil d’intérêt public sur la durée. Une donnée vélo performante, c’est stratégique pour la progression du vélo en France.
Propos recueillis par Dorothée Franke