Le Schéma national continue de porter la progression des réseaux de véloroutes françaises, et s’affiche désormais en visualisation dynamique
Le Schéma national des véloroutes (SNV) poursuit une progression soutenue. Les 610 km livrés en 2024 portent son taux de réalisation à 83,6 %. À six ans de l’échéance de 2030, qui marque l’ambition de son achèvement, le Réseau vélo et marche reprend le suivi et la coordination du SNV (confiés à Vélo & Territoires en 2007 et 2019), et propose une nouvelle datavisualisation des 59 véloroutes de ce « schéma directeur cyclable national” pour mieux accompagner les dynamiques territoriales.
1 137 km réalisés 2024, tous réseaux de véloroutes confondus
Durant l’automne 2024, l’enquête annuelle de l’Observatoire national des véloroutes – dispositif de suivi des véloroutes françaises historiquement animé par Vélo & Territoires et désormais Réseau vélo et marche (voir encart en bas de l’article) – a permis de recueillir les contributions de 138 collectivités, venant s’ajouter à une cinquantaine d’autres transmises en cours d’année. L’agrégation et la mise en cohérence de ces données permettent une nouvelle fois de dresser un tableau des dynamiques locales et de qualifier les réalisations de l’année.
En 2024, 1 137 km de véloroutes ont été réalisés sur l’ensemble des schémas départementaux, régionaux et national (comprenant également les EuroVelo). Un chiffre inférieur à celui de 2020, année record qui avait enregistré 1 784 km, mais dans la continuité de la tendance observée depuis (1 150 km en moyenne).
Un regain de dynamisme au niveau départemental
Fait notable : les schémas départementaux des véloroutes (SDV) ont totalisé 359 km de réalisations en 2024, soit deux fois et demie plus que la moyenne des trois années précédentes. Parmi ces infrastructures, 34 % sont des voies en site propre.
Cette dynamique n’est cependant pas homogène, puisqu’en réalité seuls dix départements ont vu leur SDV progresser durant l’année écoulée, cinq d’entre eux concentrant 85 % des réalisations : la Côte-d’Or, l’Eure, la Haute-Saône, la Mayenne et la Nièvre.
Mais au-delà du simple volume de réalisations, cette dynamique départementale se traduit également par une contribution massive et constante des départements à l’Observatoire national des véloroutes. En effet, depuis quatre ans, 80 % d’entre eux y participent chaque année avec une amélioration notable de la qualité des données transmises.
Des schémas régionaux au ralenti
La majorité des régions disposent d’un schéma régional des véloroutes (SRV), qui proposent un maillage intermédiaire entre le SNV, colonne vertébrale du réseau français, et les SDV à vocation plus locale. À quelques exceptions près, les régions portent rarement la maîtrise d’ouvrage des projets.
En 2024, les réalisations d’itinéraires inscrits dans les schémas régionaux ne totalisent que 165 km, soit 15 % du total national. Elles accusent une baisse de moitié par rapport à la moyenne des trois années précédentes. Quatre régions concentrent 90 % des linéaires réalisés : la Normandie (60 km), les Hauts-de-France (46 km), la Nouvelle-Aquitaine (24 km) et le Grand Est (21 km).
L’enquête pointe vers une tendance croissante des régions à alléger leur effort d’animation, et possiblement de suivi de leur schéma. Le nombre de contributions régionales à l’Observatoire national des véloroutes est en effet en diminution depuis quelques années. Certaines s’en remettent d’ailleurs ouvertement à l’Observatoire national des véloroutes pour assurer le suivi de leurs propres projets. Fait nouveau, dans les régions n’assurant pas un réel suivi de leur SRV, certains départements délaissent les projets d’itinéraires régionaux, voire les retirent de leur SDV.
Assiste-t-on à une perte de vitesse durable de l’échelon régional dans l’avancement des projets de véloroutes? Cela peut nous alerter sur le risque d’un affaiblissement des dynamiques régionales dans le système national de gouvernance des véloroutes et, ce faisant, des efforts déployés pour promouvoir une mobilité durable et sécurisée à l’échelle du territoire.
Le SNV, toujours priorisé par les collectivités avec 54% des réalisations
En 2024, 610 km ont été nouvellement réalisés au SNV, soit 54% de l’ensemble des réalisations enregistrées par le Réseau vélo et marche. Traditionnellement priorisé par les collectivités, le SNV qui concentre la moitié des réalisations des 4 dernières années, continue donc de l’être en 2024. Le SNV compte à ce jour 25 900 km (dont 8 975 km d’EuroVelo).
Particularité du millésime ? La part de site propre (essentiellement pistes cyclables et voies vertes) atteint seulement 24%, ce qui est faible au regard du taux actuel de site propre sur la partie réalisée du SNV (46%).
À six ans de l’échéance de 2030, qui marque l’ambition de terminer le SNV, ce dernier est donc réalisé à 83,6 % (93,5 % pour le réseau EuroVelo). Pour tenir cet objectif et achever les 4 245 km restants (dont 580 km d’EuroVelo), il faudra maintenir une cadence proche de 710 km/an.
Une nouvelle datavisualisation pour les itinéraires du SNV
En 2024, 30 des 59 véloroutes nationales ont progressé, totalisant 610 km de réalisation. Ces dernières sont à nouveau concentrées sur quelques itinéraires très dynamiques, au premier rang desquels, la V93 – La Vélidéale, la V64 – Véloroute de la traversée des Alpes et la V32 – Véloroute du Nord qui ont concentré 40% des réalisations de l’année à elles seules.
Par rapport à 2023, 2 véloroutes supplémentaires peuvent être considérées comme achevées ou proches de l’être (réalisée à 95% ou plus), portant ce chiffre à 24. Mais les disparités perdurent et à l’autre bout du spectre, 7 véloroutes présentent encore un niveau de réalisation inférieur à 50%.
L’Observatoire national des véloroutes est un dispositif animé par Vélo & Territoires depuis plus de quinze ans, bénéficiant du soutien financier du ministère chargé des Transports. En 2024, 138 territoires y ont contribué à l’occasion de l’enquête annuelle menée en fin d’année, bien que celle-ci ne soit pas obligatoire. Il est donc possible que certaines réalisations de 2024 n’aient pas été communiquées et manquent dans cette analyse.
Les véloroutes sont en constante évolution, depuis le premier tracé jusqu’à la réalisation des infrastructures définitives, et même après leur achèvement. Les linéaires cumulés à l’échelle d’un itinéraire, d’un territoire ou d’un schéma peuvent ainsi varier d’une année à l’autre, parfois de quelques kilomètres. Par conséquent, le suivi des évolutions entre deux années est difficilement exprimable en termes de variation de kilomètres. C’est pourquoi la notion de taux de réalisation est privilégiée. Notons également que certaines véloroutes empruntent localement des sections communes. Les linéaires cumulés présentés à l’échelle d’un territoire ou d’un schéma ne comptent ces sections qu’une seule fois (attribuées au schéma le plus important) et sont donc systématiquement inférieurs à la somme des linéaires des véloroutes qui les composent.
Enfin, le Réseau Vélo et Marche a actualisé la méthodologie de production des chiffres de linéaires des véloroutes nationales. En 2024, pour tout itinéraire du SNV, la longueur totale présentée correspond à la somme des longueurs de l’ensemble des segments constitutifs de la véloroute, qu’ils soient réalisés, provisoires ou en projet. Cela inclut localement des sections parallèles, telles que des voiries réalisées provisoirement en attendant l’aboutissement d’un projet en site propre, ou encore des voiries parallèles dédiées chacune à un sens de circulation. Pour les véloroutes promues dans l’écosystème France Vélo Tourisme, dont le calcul se basait auparavant sur les seuls segments des étapes journalières, cette nouvelle méthode de calcul peut induire une augmentation de la longueur totale et une baisse de quelques points du taux de réalisation.
Fabien Commeaux
En savoir plus :
Réseau vélo et marche coordonne le développement et le suivi du Schéma national des véloroutes, en lien et pour le compte du ministère en charge des transports depuis 2019.