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Stationnement sécurisé des vélos en gare : 54 % des gares atteignent leurs objectifs six mois après l’échéance du décret LOM

En juin 2021, un décret d’application de la Loi d’orientation des mobilités (LOM) fixait l’objectif d’équiper 1 133 gares du territoire en stationnements sécurisés pour les vélos avant le 1er janvier 2024.  Six mois après l’échéance du décret, Vélo & Territoires dresse le bilan dans son tableau de bord dédié au suivi du stationnement vélo en gare. Résultat : 54 % des gares atteignent ou dépassent le nombre minimum de places de stationnement fixé par le décret. Un bilan mitigé à l’échelle nationale qui masque des dynamiques de progression constante dans les territoires. Décryptage.

Quelques rappels

Première pierre d’une politique de stationnement intermodal pour les cyclistes à l’échelle nationale, le décret n° 2021-741 du 8 juin 2021 liste 1 133 gares, soit 37 % de l’ensemble des gares ferroviaires du territoire, soumises à l’obligation de se doter de stationnements sécurisés pour les vélos avant le 1er janvier 2024. Pour chaque gare, le décret fixe un nombre minimum d’équipements à atteindre. Ce seuil, allant de 10 à 1 000 places, est calculé en fonction de la fréquentation journalière entrante de chaque gare. Au niveau national, un minimum de 75 891 places de stationnement devait être mis en place avant l’échéance du décret.

Qu’entend-on par « stationnement sécurisé » ?

Au sens du décret d’application de la LOM, ces équipements doivent obligatoirement permettre de stabiliser et de fixer le vélo par deux points. Par opposition aux stationnements « libres » (arceaux, lices ou appuis vélos), ils doivent aussi bénéficier d’un système de fermeture sécurisée, de surveillance humanisée ou de vidéo-surveillance. Par ailleurs, le décret précise que les stationnements doivent être situés dans des endroits couverts, éclairés et implantés à moins de 70 m d’un accès à la gare, sauf en cas d’impossibilité technique avérée.

Un peu plus de la moitié des gares atteignent leurs objectifs six mois après l’échéance du décret

Alors où on est-on ? Les données transmises par SNCF Gares & Connexions et vérifiées auprès des régions, ainsi que des DREAL confirment que les objectifs du décret LOM ne sont pas atteints. Plus encore, aucune des douze régions métropolitaines n’a pu équiper la totalité des gares concernées, six mois après l’échéance du décret. Au 1er juillet 2024, les objectifs de la LOM sont atteints et parfois dépassés dans seulement 615 gares du territoire, soit 54 % de l’ensemble des gares visées. Mais l’analyse désormais semestrielle de ces données par Vélo & Territoires met en lumière quelques tendances positives. Depuis le dernier relevé réalisé en janvier 2024, 99 nouvelles gares ont atteint les objectifs de la LOM, soit une augmentation de 19 % du nombre de gares équipées. Preuve que les acteurs concernés – à savoir l’État, les conseils régionaux et SNCF Gares & Connexions – fournissent des efforts importants.

Exemple de carte régionale présentant le taux de réalisation de l’objectif LOM par gare – Tableau de bord Stationnement vélo en gare de Vélo & Territoires – juillet 2024

Près de 44 000 places déployées aux abords des gares

Au total, 43 924 places de stationnement sécurisé sont désormais déployées à proximité des gares concernées par le décret LOM. Parmi ces dernières, 285 ne disposent à ce stade d’aucun équipement de stationnement sécurisé pour les vélos. Mais ce constat préoccupant doit être nuancé. Les données récoltées par Vélo & Territoires recensent 3 714 places de stationnement sécurisé supplémentaires réparties sur 461 gares, non ciblées par la LOM. Ces chiffres, non exhaustifs, montrent que les régions sont aussi à pied d’œuvre pour équiper ces gares « hors LOM » – c’est-à-dire celles de moins de 100 000 voyageurs par an.

Des situations contrastées selon les régions

La situation n’est pas la même dans toutes les régions comme le montre le dossier dans Vélo & Territoires, la revue n°73. Certains « bons élèves » se démarquent, ayant déjà engagé de vastes programmes de déploiement de stationnements en gare avant la parution de la loi. C’est le cas des régions Auvergne-Rhône-Alpes, Bretagne, Centre-Val de Loire, Grand Est, Occitanie et Pays de la Loire, où au moins 80 % des gares concernées par le décret atteignent désormais leurs objectifs. Les régions Bourgogne-Franche-Comté et Hauts-de-France accusent, quant à elles, les retards les plus importants. À noter également le cas particulier de l’Île-de-France, dont seulement 14 % des gares atteignent leurs objectifs, mais qui doit déployer à elle seule 58 % du volume total de stationnements au niveau national. Un effort colossal demandé à la Région qui met tout en œuvre pour relever ce défi. Mais les financements et les volontés politiques ne font pas tout.

Les limites des données

Les chiffres présentés sont issus des données transmises par SNCF Gares & Connexions, et corrigées par les régions d’une part et les DREAL d’autre part. Les chiffres remontés résultant parfois de méthodes de recensement divergentes, Vélo & Territoires ne peut garantir leur exhaustivité. Par ailleurs, il est probable qu’une partie des équipements recensés soient aujourd’hui déployés, mais pas encore mis en service. Améliorer la qualité du recensement du stationnement en gare doit donc rester une priorité.

La mise à disposition de solutions de stationnement, notamment en gare, est un ingrédient essentiel pour développer l’intermodalité vélo – train comme alternative crédible à la voiture individuelle. L’État, les opérateurs, les aménageurs et les propriétaires fonciers doivent se mobiliser rapidement pour atteindre les objectifs minimums fixés par le décret. L’enjeu est d’équiper l’ensemble des 3 000 gares du territoire, dont les moins fréquentées. Une mesure essentielle pour développer l’intermodalité dans les territoires peu denses, où les besoins en solutions de mobilité décarbonées doivent également être adressés.

Antoine Coué

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