Les services vélos, un investissement public efficace
Les aménagements cyclables sont nécessaires, mais pas suffisants pour inciter à l’usage du vélo et à son développement. L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) étudie l’impact de la mise en place de services vélos par les collectivités. Résultat ? Les services vélos sont une composante essentielle d’une politique vélo réussie, chiffres et arguments à l’appui.
Etat de l’art des services vélos
L’étude « Evaluation sur les services vélos » propose cinq cahiers techniques : un diagnostic, une synthèse technique, une synthèse des résultats et des infographies. Elle souligne les impacts positifs des différentes offres au-delà du très connu vélo en libre-service (VLS). Le focus est mis sur la location de vélos classiques et de vélos à assistance électrique (VAE), les systèmes d’aide à l’achat de VAE, les vélos-écoles, les consignes vélo en gare et en milieu urbain, les services vélos en entreprise ainsi que les ateliers d’autoréparation et les systèmes de VLS.
Diminution de l’usage de la voiture
Les services permettent un report modal de la voiture vers le vélo et donc l’abandon d’un véhicule. Ainsi, chez les locataires de VAE, en comparaison avec un individu n’utilisant aucun service vélo, la tendance à renoncer à l’acquisition d’une voiture est de 13% plus élevée. De même, les abonnés à un service de consignes vélos en gare, permettant de combiner leur stationnement vélo avec un trajet en train, ont tendance à se séparer de leur voiture pour 14% d’entre eux. L’aide à l’achat d’un VAE impacte pour sa part la démotorisation surtout du second véhicule du ménage. « La mise à disposition de VAE, que ce soit la location ou l’aide à l’achat, entraîne une forte baisse de l’utilisation de la voiture particulière : près de 50% des déplacements faits à vélo se substituent à la voiture » souligne l’étude. Il y a donc un gisement intéressant.
Impacts environnementaux
Les services vélos permettent-ils de vrais gains environnementaux ? Selon l’Ademe, les consignes vélos en gare permettent d’éviter 2 200 km en voiture par abonné et par an. Côté VAE, la location à l’année diminue les trajets en voiture de 1 400 km par abonné. Les néo-cyclistes grâce aux vélo-écoles économiseraient 700 km de voiture par an. Au total, les services vélos permettent une réduction des émissions de CO2 entre 140 kg et 550 kg par usager et par an selon le service. Accompagné de services efficaces, le vélo est donc bien une réponse au défi climatique.
Services vélos et santé publique
Pédaler améliore la santé ! L’étude constate que le niveau d’activité physique avant/ après adhésion des bénéficiaires des services vélos est multiplié par 3 à 5. Les grands gagnants sont les abonnés à un service de location de vélos classiques qui pédalent en moyenne 34 minutes chaque jour. Qui dit une activité physique quotidienne plus intense, dit meilleure santé : l’étude chiffre à 1,16 €/km parcouru à vélo le gain socio-économique grâce à la pratique du vélo.
Potentiel économique
Selon l’Ademe, les services vélos ont un potentiel économique sous-exploité. Plus de 3 500 emplois directs et 45 millions d’euros pourraient être générés pour la filière du cycle par un déploiement à plus grande échelle des services vélos. 550 000 inscrits supplémentaires dans une vélo-école créeraient 2 200 emplois ; 200 000 places de stationnement sécurisé vélo en gare pourraient générer 20 millions d’euros de chiffre d’affaire par an (fourniture des consignes) ; 120 000 vélos supplémentaires en location longue durée créeraient 750 emplois à terme. Sans oublier qu’il s’agit pour la plupart d’emplois locaux et non-délocalisables.
Multitude d’usages
Age, CSP, sexe, situation familiale, revenus, fréquence et motifs d’utilisation ou encore motivations à la pratique du vélo ont été étudiés par l’Ademe pour caractériser les usagers et leur usage utilitaire, seul profil considéré dans cette étude. Les motivations liées à la pratique du vélo se diversifient selon les profils : les « primo-cyclistes » évoquent surtout les impacts positifs sur la santé et l’environnement, alors que les cyclistes aguerris mettent la rapidité et la practicité en avant. Diverses approches doivent donc accompagner la mise en place de services vélos adaptés à ces publics variés. Une démarche sur les services vélos dédiés à la pratique touristique constituerait une extension intéressante de cette étude très complète.
Aux externalités positives directes des systèmes vélo en termes de retombées économiques s’ajoutent celles indirectes sur l’environnement et la santé publique. Dès lors, une collectivité assurera un investissement public d’autant plus rentable qu’elle offrira une variété et une bonne densité de services vélos. Avec cette étude, les collectivités disposent d’un outil pour mettre en place les dispositifs les plus adaptés à leurs priorités.
Dorothée Franke
L’étude complète et la synthèse sont disponibles ici.