La Vallée du Lot édite une carte pour promouvoir et surtout fédérer
Le tourisme représente un atout économique majeur pour la Vallée du Lot. La création d’un itinéraire à vélo au fil du fleuve accompagne la remise en navigabilité de la rivière. Le Syndicat mixte crée une carte papier pour fédérer les acteurs et redynamiser le projet dont les prémices datent de 2001. Entretien avec Marie-Hélène Privat et Claire Barbanceys.
- Pouvez-vous nous présenter votre territoire ?
La Vallée du Lot est un territoire rural, située principalement au cœur du Massif central. Son découpage hydrographique s’affranchit totalement des limites administratives. Elle traverse cinq départements (Lozère, Cantal, Aveyron, Lot et Lot-et-Garonne) et trois régions (Auvergne-Rhône-Alpes, la Nouvelle-Aquitaine et l’Occitanie).
- Quelles sont les caractéristiques de la gouvernance du syndicat mixte de la Vallée du Lot ?
Le Syndicat mixte est une structure hybride particulière, composée de trois collèges : les départements, quelques EPCI et les sous-bassins. Nos missions impliquent la gestion de l’eau, mais également le développement et l’aménagement du territoire autour de la rivière du Lot. Pour sa mise en tourisme, nous progressons dans une démarche interdépartementale avec des actions mutualisées afin de promouvoir la destination “Vallée du Lot”. Le nombre de partenaires est une force et permet de mener à bien les projets de manière collective.
- Pourquoi avoir développé l’itinéraire de La Vallée du Lot à vélo ? Quel est son avancement ?
Le développement touristique est un enjeu économique majeur pour notre territoire. Il crée de l’emploi qui limite l’exode rural. Notre atout principal, la valorisation de la rivière, est au cœur de ce projet. Dans ce cadre, une réflexion globale a été menée pour la remise en navigabilité du Lot. Des mesures d’accompagnement sont également déployées pour que cette action bénéficie à tous les départements, même ceux pour lesquels la navigation n’est pas possible. Développer l’itinérance sur le territoire du bassin du Lot nous permet de fédérer l’ensemble des acteurs et de promouvoir la destination à l’échelle de la vallée. Le vélo épouse parfaitement les contours de notre territoire. Il va de pair avec la rivière qui suit son cours. Le slow tourisme est par ailleurs une caractéristique partagée par l’ensemble de nos espaces ruraux.
Le projet de créer un itinéraire le long de la rivière a mis du temps à se concrétiser. Nous avons lancé une étude auprès de l’AF3V en 2001 afin de l’identifier. Cette démarche a permis de l’inscrire au Schéma national des véloroutes en 2010 sous le numéro de V86. A terme, l’itinéraire fera plus de 700 km. Pour le moment, 45 % du parcours est achevé, il nous reste donc encore 380 km à réaliser. A ce jour, nous comptons un tronçon ouvert entre le Lot-et-Garonne et le Lot d’Aguillon à Cahors, et un autre qui traverse l’Aveyron jusqu’aux portes de la Lozère, en passant par le Cantal, de Capdenac à La Canourgue. Notre objectif est d’atteindre la continuité cyclable à 100 % en 2023.
- En quoi la réalisation d’une carte papier contribue-t-elle à l’avancement du projet ?
La réalisation d’une carte implique la mobilisation d’une multitude d’acteurs : le Syndicat mixte, les comités départementaux du tourisme et les offices de tourisme. Bien plus qu’un outil de promotion, il s’agit d’un réel support pédagogique. Une réflexion collective doit être menée afin de choisir les éléments à valoriser sur les différents tronçons cartographiés. Ainsi, les acteurs locaux, en participant à sa production, prennent conscience qu’ils devaient dépasser leur perspective pour l’élargir à l’échelle de l’itinéraire. Ce processus participe à la création d’une identité commune et à la concrétisation du projet. Cette démarche a également un impact positif sur les acteurs privés. En les fédérant autour d’un projet commun ils sont rassurés et motivés à se labelliser Accueil Vélo. Les résultats sont d’ores et déjà très positifs, car nous avons édité 13 000 exemplaires pour la carte Aiguillon-Cahors en 2020 et 8 300 cartes sur le tronçon Capdenac-La Canourgue l’année suivante avec une projection des stocks entièrement écoulés à la fin de l’été 2021.
- Quels conseils donneriez-vous à un territoire néophyte pour développer le tourisme à vélo ?
Le développement d’un itinéraire cyclable s’effectue en plusieurs étapes. Dans un premier temps, il convient de définir un tracé. Les critères sont objectifs et doivent répondre à un cahier des charges précis. Ensuite, il faut définir l’objectif du projet et ce que l’on souhaite valoriser sur le territoire. À partir de cela, il est nécessaire de faire une reconnaissance d’itinéraire auprès de l’AF3V pour une inscription au Schéma national des véloroutes. De notre côté, nous avons réalisé cette étape sur deux parcours différents : le premier correspond à un itinéraire immédiat qui requiert peu de moyens en termes d’infrastructure avec 90 % en site partagé. Le second, celui du futur, comprendra davantage de voies vertes, mais sera réalisé sur plusieurs années. Notre projet se construit en deux temps car nous souhaitions absolument lui donner une existence immédiate, même si elle n’était pas parfaite. Cela a permis d’impliquer les élus en leur prouvant que nous pouvons créer une véloroute sans investissements conséquents. Pour que l’information circule efficacement auprès d’un large tissu d’acteurs, nous avons également identifié un réel besoin en coordination. Un poste à temps plein accueilli par le Syndicat mixte a été créé en 2021 pour assurer ce rôle. Aujourd’hui, notre itinéraire a encore des trous en termes de continuité cyclable et tous les territoires traversés ne nous ont pas encore rejoint. Mais nous remarquons que l’appui des acteurs les plus motivés crée un réel effet d’entraînement.
Propos recueillis par Elodie Sauze
Pour aller plus loin :
Cet article s’inscrit dans le cadre de la publication du guide « Développer le tourisme à vélo dans les territoires » de Vélo & Territoires. Vous retrouverez une version synthétique de ce retour d’expérience dans la publication consultable en téléchargement ici.
Le guide « Développer le tourisme à vélo dans les territoires » est réalisé avec le soutien technique et financier de l’Agence de la transition écologique (Ademe)