La Métropole de Lyon annonce un plan d’urgence pour le vélo
A l’approche du déconfinement, le président de la Métropole de Lyon, David Kimelfeld, a annoncé le lancement de son plan d’urbanisme tactique qui serait doté de 5 millions d’euros, ce lundi 4 mai. Afin d’éviter un retour massif à l’autosolisme, la Métropole mise sur un rééquilibrage de l’espace public permettant d’améliorer les conditions de déplacement des piétons et des cyclistes. Parmi les mesures phares, 77 km de nouveaux aménagements cyclables seront créés d’ici le mois de septembre.
L’urbanisme tactique, une réponse agile et rapide
« Aujourd’hui nous estimons que seul 30 % des usagers habituels des transports en commun souhaitent revenir à ce mode de transport à la fin du confinement » introduit David Kimelfeld lors de la conférence de presse organisée en ligne. « Le risque, c’est évidemment un retour massif à la voiture individuelle, qui serait une catastrophe pour l’environnement et la qualité de vie sur notre territoire. Nous devons traiter la mobilité sous un angle nouveau et proposer des alternatives de déplacement. » C’est la même équation quasi insoluble qui s’impose à toutes les villes françaises aujourd’hui : comment pallier le délestage des transports en commun et éviter l’engorgement de nos territoires par les voitures tout en garantissant un retour sécurisé à la mobilité ? Pour la Métropole de Lyon, l’urbanisme tactique constitue une partie de la solution. L’objectif ? Proposer des aménagements et des services transitoires, faciles et rapides à mettre en œuvre, pour favoriser les modes actifs. Mais aussi améliorer le rééquilibrage de l’espace public et remettre de l’humain et du lien dans l’environnement urbain.
Des propositions pour développer massivement le vélo
Concrètement, quelles sont les mesures en faveur du vélo ? « Un travail a été entamé pour multiplier les aménagements cyclables transitoires » explique Pierre Hémon, délégué aux mobilités actives à la Métropole et vice-président de Vélo & Territoires. « Nous disposons d’ores et déjà d’un réseau d’environ 1 000 km d’aménagements cyclables sur l’ensemble de la métropole, qui s’agrandit de 60 km en moyenne chaque année. Ce que nous proposons avec ce plan, c’est de créer 77 km de nouveaux aménagements cyclables d’ici le 4 septembre, en nous concentrant sur les grands corridors de déplacements pour offrir une véritable alternative à la voiture individuelle. » Un défi pour les services techniques de la collectivité, qui sont à pied d’œuvre pour rendre ces aménagements opérationnels à un rythme jamais vu : 12 km seront réalisés d’ici le 11 mai prochain pour accueillir les premiers cyclistes déconfinés. Autre sujet d’attention pour la Métropole, les couloirs de bus. « Actuellement environ 50 % des voies de bus sont accessibles aux vélos » rappelle Fouziya Bouzerda, présidente du Sytral. « Nous sommes favorables à une ouverture de la totalité de ces couloirs aux cyclistes, à l’exception bien sûr de ceux qui représentent un danger particulier ». Mais circuler ne suffit pas, il faut pouvoir stationner. La Métropole prévoit ainsi la pose de 3 000 arceaux vélo temporaires, en accord avec les communes du territoire. Les écoles, les commerces et les quartiers d’affaires seront prioritairement visés.
Des mesures transitoires plutôt que provisoires
Outre les aménagements, des mesures d’incitation à la pratique du vélo sont prévues. En complément du forfait de 50 euros proposé par l’Etat pour réparer un vélo, les édiles métropolitains ont annoncé le passage à 500 euros de l’aide pour l’acquisition d’un VAE proposée par la collectivité. « Ces mesures d’incitation, elles passeront aussi par des subventions aux associations d’usagers locales » précise Jean-Luc Da Passano, vice-président de la Métropole. « Nous avons la chance d’avoir un tissu associatif très fort sur notre territoire. Nous souhaitons nous appuyer sur l’action quotidienne de ces acteurs. Nous soutiendrons les ateliers d’auto-réparation, les formations de (re)mise en selle et organiserons avec eux une bourse aux vélos virtuelle sur le site Internet de la Métropole ». Derrière cette collaboration avec les associations locales, il y a aussi la volonté d’expérimenter et écouter les attentes des Grands Lyonnais. « Un suivi partenarial de ces nouveaux services et aménagements est organisé en accord avec le Sytral, les associations, les communes et les services de l’État » indique Jean-Luc Da Passano. « Grâce à ce suivi, nous pourrons adapter ces mesures en temps réel, les évaluer, puis conserver ce qui aura fonctionné ».
Reste un élément essentiel de l’urbanisme tactique : quel sera le respect de ces aménagements du côté des automobilistes ? Si la Métropole sensibilise les habitants au respect de ces nouvelles mesures, il appartient par ailleurs aux maires de mobiliser leurs pouvoirs de police. « Une politique de tolérance zéro s’impose à nous vis-à-vis des infractions » rappelle en conclusion David Kimelfeld. « Nous travaillons avec les communes du territoire pour mobiliser de nouveaux effectifs de police et faire en sorte que ces aménagements soient respectés et sécurisés ».
Antoine Coué
Pour aller plus loin :
- Campagne « Le vélo est mon geste barrière »
- Article de Vélo & Territoires « Déconfinement : l’État annonce un plan de 20 millions d’euros pour favoriser la pratique du vélo, geste barrière par excellence »
- Article de Vélo & Territoires « Avant/après le confinement : la mobilité résiliente ne peut se passer du vélo »