Avec AVELO, l’Ademe accompagne les territoires peu denses
Le dispositif des Certificats d’Economie d’Energie (CEE) oblige les vendeurs d’énergie à contribuer activement à l’efficacité énergétique. L’un des principaux instruments de cette politique repose sur le financement de programmes réalisant des économies d’énergie. Le programme AVELO de l’ADEME (Agence de la transition écologique) accompagne financièrement et techniquement 218 territoires lauréats de l’appel à projets Vélo et Territoires dans leur stratégie de développement du vélo. Entretien avec Claire Schreiber, chargée de l’animation du programme AVELO, pour en savoir plus sur ce dispositif.
- Vélo & Territoires : Pouvez-vous présenter le programme ?
Claire Schreiber : Tout a commencé avec l’appel à projets Vélo et Territoires, lancé en septembre 2018 par l’ADEME, après l’annonce officielle par le gouvernement du Plan vélo et mobilités actives. L’appel à projets s’inscrit dans une démarche d’accompagnement des collectivités pour définir, expérimenter et animer leur politique cyclable. Force est de constater que pour les territoires peu denses, les freins à la mobilité à vélo sont de taille et le contexte ne semble guère favorable au développement de sa pratique. Mais ce n’est pas l’envie qui manque. L’objectif du programme AVELO est d’accompagner au plus près ces territoires peu denses en leur apportant un soutien financier et un appui à l’ingénierie territoriale. Au nombre de 218, ils sont tous lauréats de l’appel à projets Vélo et Territoires. Le programme AVELO repose sur le dispositif des CEE, qui le finance en intégralité, à hauteur de 13 millions d’euros. Les subventions sont attribuées selon le taux de population. Pour les communes de moins de 50 000 habitants, le taux d’aide apporté est de 70 % du montant des dépenses du projet financé. Ce taux est réduit à 50 % pour les territoires de plus de 50 000 habitants.
- Concrètement, en quoi consiste l’accompagnement proposé ?
Le dispositif intervient sur trois axes. Il s’agit d’abord de financer des schémas directeurs cyclables et des études de maîtrise d’ouvrage ou pré-opérationnelles. Cela permet aux territoires de définir et de construire leur politique vélo ou de la renforcer si elle existe déjà. L’enveloppe dédiée à ce premier axe est de 4,3 millions d’euros. C’est donc notre mission la plus importante dans le cadre du programme AVELO. Il s’agit ensuite d’accompagner les territoires dans la mise en place de services comme la location de vélo, des vélo-écoles ou la diversification de flottes de vélos existantes. Il s’agit enfin d’apporter un soutien à l’animation et la communication. Cela peut prendre la forme d’événements ou de campagnes de communication.
Chaque direction régionale de l’ADEME relaie les outils mis à destination des collectivités territoriales mis en place au niveau national : formations, espaces d’échanges et de discussions, ressources utiles. Le Cerema, partenaire du programme, intervient pour réaliser les formations aux politiques cyclables. Pour le compte de certaines directions régionales, Auvergne-Rhône-Alpes, Grand-Est, Occitanie et Hauts-de-France, il intervient également en assistance à maîtrise d’ouvrage et assure le suivi des collectivités.
- Qui peut bénéficier de ce programme ?
Les territoires ruraux et périurbains étaient les deux cœurs de cible de l’appel à projets Vélo & Territoires car celui-ci a fixé à 250 000 habitants le plafond en-dessous duquel les EPCI étaient éligibles. Le programme AVELO en accompagne 218, sur un total de 227 territoires lauréats, de différents échelons territoriaux : communautés de communes, départements, PETR et PNR. Les actions dans les territoires lauréats d’outre-mer (Nouvelle-Calédonie, Polynésie française) ne peuvent être financées par les CEE et par conséquent ne font pas partie du programme AVELO. Mais le financement de l’ADEME leur permet de mettre en place les mêmes actions. L’objectif du programme AVELO est d’amorcer des dynamiques vélo concrètes dans ces territoires peu denses.
- Quel bilan pouvez-vous faire de ce programme ?
C’est un véritable succès ! Il est encore trop tôt pour dresser un bilan complet, mais nous constatons que dans plus de 80 % des territoires bénéficiaires du programme AVELO, une véritable dynamique s’est enclenchée. Cela va même plus loin : de nombreux territoires souhaitent aller au-delà du cadre apporté par le programme AVELO. La motivation des collectivités est très encourageante. Pour faciliter la mise en place du programme et des politiques cyclables ambitieuses, l’ADEME finance 72 postes de chargé.es de mission vélo dans les départements, EPCI, toujours dans le cadre de l’appel à projets Vélo et Territoires.
- Pourquoi l’accompagnement de ce programme se déroule uniquement sur deux ans ?
Le dispositif des CEE étant fixé par un arrêté ministériel, tous les programmes ont une durée limitée. AVELO a été lancé le 5 mai 2019 et s’arrêtera à priori en décembre 2021. La crise sanitaire actuelle freinant le processus, il est possible que le programme soit rallongé.
- Qui finance ce projet ? En quoi les CEE sont -ils une opportunité ?
Nous avons sept vendeurs d’énergie qui financent l’intégralité du programme AVELO : Picoty, Greenyellow, Geo PLC, Esso, ENI France, BP et Dyneff. Chacun y participe de manière égale. L’enveloppe de 2 millions d’euros initialement dédiée à l’appel à projets Vélo et Territoires ne permettait pas de répondre à l’engouement des territoires. Avec le dispositif des CEE nous avons pu revoir les moyens alloués à la hausse. Au total, en cumulant le programme AVELO et le budget alloué par l’ADEME, les lauréats des deux phases de l’appel à projets sont accompagnés techniquement et financièrement à hauteur de plus de 15 millions d’euros.
Violette Lallouet