Bretagne : engouement pour le vélo et hausse de la fréquentation des véloroutes et voies vertes
Cinq ans après une première étude, le Comité régional de tourisme (CRT) et ses partenaires ont reconduit une enquête de fréquentation élargie à tous les usagers des véloroutes et voies vertes de Bretagne. Succès confirmé : avec 5,4 millions de sorties en 2018 dont 1,4 million de sorties cyclistes, la destination Bretagne séduit. Retour sur les résultats, présentés au public en mai dernier.
Un dispositif élargi auprès de l’ensemble des usagers
La Bretagne compte 2 000 km de véloroutes et voies vertes. Elle a fait de l’itinérance et de la mobilité douce un axe prioritaire de développement. Les résultats de la première étude de fréquentation et retombées menée en 2013 ont permis d’accompagner la structuration de ce réseau, notamment en développant des projets en phase avec les critères d’améliorations suggérés dans ces résultats.
Comme en 2013, et contrairement aux études généralement conduites sur des itinéraires cyclables, le dispositif mis en œuvre en Bretagne observe l’ensemble des usagers de la voie : piétons, cavaliers et cyclistes sont au cœur de cette observation. Ainsi, plus de 2 700 questionnaires ont été collectés au cours des 82 journées d’enquêtes, menées d’avril à novembre 2018. Cette étude, réalisée et co-financée par le CRT et huit partenaires bretons (1), s’inscrit également dans le cadre du projet AtlanticOnBike pour la partie concernant l’EV1 ‑ La Vélodyssée. Hormis le champ d’observation élargi, l’étude bretonne s’appuie sur la même méthode que les autres véloroutes françaises, à savoir la méthode EuroVelo 6. Ce qui permet de produire des données comparables à celles de 2013 et aux autres itinéraires enquêtés.
1,4 million de sorties cyclistes en 2018, une progression de 40 % en cinq ans
La fréquentation, tous types de pratiques confondues, atteint 5,4 millions de sorties en 2018, soit 21 % de plus qu’il y a cinq ans. Les piétons restent les principaux usagers (73 % des sorties). Mais le nombre de sorties cyclistes progresse de 40 %, signe d’un véritable engouement pour le vélo. Ainsi, en 2018, près d’un million et demi de cyclistes ont sillonné les véloroutes et voies vertes de Bretagne. L’objectif premier de ces sorties ? Les loisirs : 72 % des cyclistes pédalent pour le plaisir, la balade, la découverte alors que 20 % ont une pratique sportive et 5 % font un séjour en itinérance. Les 3 % restants sont présents dans le cadre d’un trajet utilitaire (pour aller au travail, faire des courses…).
Parmi les cyclistes, 41 % sont des touristes. C’est-à-dire qu’ils sont présents dans le cadre d’un séjour avec nuitées. C’est un chiffre nettement inférieur à celui observé sur l’EV1 – La Vélodyssée au niveau national (65 % en 2018) mais comparable à ceux de La Loire à Vélo (43 % en 2015) ou La Méditerranée à Vélo (44 % en 2017). Qui dit touristes, dit hébergement. En Bretagne, les touristes à vélo séjournent avant tout en hébergement marchand (81 % d’entre eux). Ils affectionnent le camping en tente (17 %) ou le camping-car (26 %). Bien sûr les comportements diffèrent entre touristes en séjours et itinérants. Ces derniers, nomades par définition, sont encore plus nombreux à dormir en tente (35 % d’entre eux).
Les itinéraires littoraux ont le vent en poupe
Le vélo en Bretagne se pratique plutôt pour des sorties courtes : 54 % durent en moyenne une heure ou deux, 28 % une demie journée, 12 % la journée entière et 6 % plusieurs jours. Pendant leur sortie, les cyclistes parcourent en moyenne 30 km à vélo. Les champions sont les itinérants avec 59 km au compteur, quand les cyclistes loisirs parcourent, eux, 22 km.
Ces distances sont inférieures à celles observées sur La Loire à Vélo mais plus conformes à celles de l’EV1 – La Vélodyssée. Le littoral inciterait-il à des balades plus courtes ? Avec 16 % des groupes qui utilisent un vélo à assistance électrique, on peut visiblement conclure que ce fort taux ne contribue pas systématiquement à l’allongement des distances parcourues mais plutôt à la démocratisation de la pratique.
Les itinéraires littoraux arrivent en tête des destinations les plus prisées par les cyclistes. 31 % d’entre eux parcourent la V5 ou V45 dans le Schéma national et 20 % l’EV4 – La Vélomaritime. À l’intérieur des terres, ce sont la V3 (18 %), l’EV1 – La Vélodyssée (13 %) et la V2 (ou V42 dans le Schéma national) (12 %) qui attirent le plus de cyclistes.
Les cyclistes une manne économique pour les territoires
Le vélo devient un véritable atout pour le territoire.En effet, 72 % des touristes à vélo considèrent que le vélo est un élément très ou assez important lors du choix de leur destination. Ils sont par ailleurs 77 % à pratiquer tous les jours ou presque pendant leur séjour. Chaque sortie est une occasion de dépenser. Ainsi, lors d’une journée à vélo, les touristes dépensent en moyenne 57 € par personne. Des dépenses qui bénéficient directement aux territoires traversés. Au global, en 2018, l’ensemble des cyclistes ont généré 24,3 millions d’euros de retombées économiques directes, soit 12 200 euros par kilomètre aménagé.
Une satisfaction en progrès
En cinq ans et tous usagers confondus, le niveau de satisfaction progresse sur l’ensemble des critères évalués. Preuve que les actions engagées, à la suite de la première étude, portent leurs fruits. Les paysages, la sécurité de l’itinéraire, l’entretien, la cohabitation entre usagers et la signalétique figurent parmi les éléments les mieux notés.
Comme sur la plupart des itinéraires et malgré une belle progression, les services de base (points d’eau, toilettes, aire de pique-nique…) restent un point sensible. D’autres points de vigilance sont liés aux évolutions des pratiques et des besoins : la présence de services de location et de réparation de vélos, de portage de bagages ou de rechargement de vélo à assistance électrique obtiennent de moins bonnes notes. Autant de pistes de réflexion pour la Bretagne et l’ensemble des itinéraires français…
Stéphanie Mangin
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