Alvéole 2 : financeur et promoteur du stationnement vélo qualitatif
La Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB) et ROZO, bureau d’études spécialisé en efficacité énergétique, organisaient en avril une réunion de présentation du programme Alvéole 2 à Lyon. Ce programme permet à tous les acteurs publics de financer à hauteur de 60 % la création de places de stationnement vélo à proximité des pôles d’intermodalité, des établissements scolaires et universitaires ainsi que des établissements publics, grâce aux certificats d’économie d’énergie (CEE). En bonus, le programme propose des actions de sensibilisation à l’écomobilité pour accompagner les usagers au changement de comportement. Immersion immédiate dans ce mécanisme, les choix de stationnement et la mise en œuvre pratique
Les participants étaient réunis dans les locaux du bailleur social Grand Lyon Habitat au cœur du pôle d’intermodalité du quartier Part-Dieu à Lyon. « Le plan vélo de la Métropole de Lyon arrive à échéance en 2020, introduit Pierre Hémon, délégué aux mobilités actives. La question du stationnement vélo en général, et sécurisé en particulier, est un élément fort du prochain plan de mandat. Les programmes Alvéole 1 et 2 sont très intéressants pour aller dans ce sens. » Et pour cause, d’après l’enquête Baromètre des villes cyclables 2017 de la FUB, « 92% des sondés craignent pour la sécurité et estiment que les vols et la dégradation de vélo sont un frein à la pratique. » Son Président Olivier Schneider précise : « seuls 20% des répondants trouvent qu’il est facile de stationner son vélo près des gares ou des stations de transports. » Le programme Alvéole 2 pourrait répondre aux enjeux de mobilité durable et d’intermodalité des collectivités.
Alvéole 2, une version enrichie
Grâce au mécanisme des CEE, « le programme vise la création de 30 000 places de stationnement vélo et l’accompagnement de 18 000 usagers » affirme Clémence Pascal, chargée de projet Alvéole à la FUB. Comment ? Le programme vise désormais tous les lieux ou leviers permettant les économies d’énergie : les gares et pôles d’intermodalité, les établissements scolaires et universitaires, les bailleurs sociaux ainsi que les établissements publics et finance à 60 % structures et attaches vélos. De quoi séduire les collectivités et satisfaire les cyclistes soucieux de la sécurité de leur monture. Pour également encourager le report modal et créer une nouvelle « génération vélo », le programme prévoit deux types d’accompagnements à l’écomobilité, financés à 100%. L’un, à destination des écoles élémentaires est obligatoire. « Ce savoir-rouler apprend à pédaler et à circuler en situation réelle sur la route. » Le deuxième, optionnel pour les autres sites, pourra prendre différentes formes : sensibilisation à l’écomobilité, contrôle technique de vélos… Un cercle vertueux de la pratique en perspective.
Éligibilité et calendrier
Chaque projet doit être inscrit sur la plateforme www.programme-alveole.com avant vérification de l’éligibilité du bénéficiaire par Rozo et confirmation de la faisabilité du chantier. « L’engagement des travaux doit être avoir débuté après le 9 février 2019, date de lancement d’Alvéole 2. Les collectivités peuvent bénéficier du programme jusqu’au 30 juin 2021 » précise Anne-Laure Béguet, technicienne énergie chez ROZO et chargée des relations avec les bénéficiaires Alvéole 2. Le but ? Installer des abris vélos qualitatifs, faciles d’accès et d’utilisation. « En clair, le programme finance un système de rangement couvert, fixé au mur ou au sol, protégé des véhicules motorisés ». Pour orienter les bénéficiaires et prévenir les erreurs, la FUB a créé un cahier de recommandations.
Marche à suivre
Pour le stationnement envisagé, l’identification des besoins commence par une estimation du nombre de places. « Les vélos accrochés aux arbres ou aux poteaux dans un secteur renseignent sur le manque d’aménagement » indique Clémence Pascal. Ensuite, l’emplacement doit être choisi pour à la fois assurer une bonne accessibilité au local vélo et être connecté au réseau cyclable. Enfin, l’usage du local doit être déterminé. Faut-il envisager une consigne ou un local sécurisé ? Est-ce du stationnement résidentiel ou à court terme ? En cas de doute, Fabien Ripaud, du fournisseur Altinnova, suggère de tester les consignes box à vélo collectives autoportantes. « Elles permettent d’expérimenter. Si l’emplacement ne convient pas, vous pouvez les changer de place. » Les entreprises comme Altinnova ou Abri-Plus proposent déjà des solutions reconnues par le programme, qui diffusera à terme un catalogue de différents fournisseurs. En effet, Alvéole 2 préconise trois types d’abris : les abris préconstruits et sécurisés, les solutions légères de mobilier urbain rapides à mettre en place et les supports d’attaches vélos libres d’accès et couverts en extérieur ou dans un local existant. Chaque type peut faire l’objet d’un plafond de financement unitaire allant de 200 € à 2000 € HT.
Usage
Parmi les bonnes pratiques énoncées, le mot d’ordre est l’accessibilité des stationnements vélo, agrémentée d’un cheminement éclairé, lui-même indiqué par un revêtement et une signalétique qui permet de rejoindre le local vélo. « Pour les gares par exemple, le lieu de stationnement vélo doit être à moins de 50 mètres de lieu de départ et plusieurs petites unités de 10 à 15 emplacements seront préférables à une grosse unité surtout aux heures de pointe » plaide Olivier Schneider. Le local doit rester propre. « Si le local commence se dégrade, un sentiment d’insécurité et d’encombrement va enlever son côté sécurisant. Selon Clémence Pascal, il en est de même pour les “vélos-épaves” qui dévalorisent le local. Il faut informer les propriétaires et les enlever à terme ». Les spécialistes préconisent un local modulable et extensible si possible. « Il vaut mieux commencer petit et en fonction de l’usage, c’est-à-dire quand le local commence à être plein, prévoir une rack double étage ou une extension. » suggère Fabien Ripaud. Avec Alvéole 2, la culture du stationnement vélo qualitatif trouve un sacré allié.
Amandine Dupré