Une Voirie pour Tous : développer la pratique du vélo en périurbain et interurbain
Le dispositif « Une Voirie pour Tous » était le cadre, le 28 mars dernier, d’une journée de formation sur le thème du vélo en interurbain et périurbain. Co-organisée par le Cerema Méditerranée, Vélo & Territoires et le Centre national de la fonction publique territoriale, cette seconde édition s’est tenue à guichet fermé. Plus de 150 personnes étaient réunies à Montpellier pour échanger sur les pistes et leviers d’action pour développer le vélo dans ces espaces, souvent dominés par l’autosolisme.
Un cadre national qui évolue et des financements à la clé
« Nous nous trouvons dans un contexte favorable au développement des modes actifs. Il faut en profiter » ouvrait Laurence Damidaux, directrice adjointe du Cerema Méditerranée. Il est vrai qu’avec la « petite loi » d’orientation des mobilités actuellement à l’étude à l’Assemblée Nationale, le vélo est au cœur de beaucoup de discussions. Au-delà de la LOM, tout un dispositif de financement a été mis en place au niveau national pour agir, entre autres, sur les espaces périurbains et interurbains. « Aujourd’hui, l’argent n’est plus le principal problème. Il faut bien sûr continuer à orienter des financements sur le vélo, mais il est surtout nécessaire d’agir sur la capacité à faire » explique Jean-Yves Petit, président de l’association métropolitaine RAMDAM. Une problématique que l’appel à projets Vélo & Territoires piloté par l’Ademe, qui a été un véritable succès avec près de 350 candidats, entend résoudre.
Agir à différents niveaux pour une politique cyclable cohérente
Milieu hybride entre ville et campagne, dense et diffus, le périurbain est l’affaire de tous. Mais comment réussir une politique vélo dans ces espaces ? Vélo & Territoires rappelle l’importance de la planification à grande échelle et de l’utilisation du Schéma national vélo – ainsi que ses ramifications locales – comme clés de voute des politiques cyclables. « Les données de la Plateforme nationale des fréquentations de Vélo & Territoires montre une pratique duale avec des profils qui relèvent tout autant de la mobilité du quotidien que du loisir ou du tourisme » détaille Camille Thomé, directrice de l’association. Observer est nécessaire pour mieux comprendre les usages mais aussi vérifier l’efficacité de l’investissement public. Agir sur le périurbain passe aussi par des aménagements cyclables adaptés, rappelle Jérôme Cassagne, référent vélo du Cerema Méditerranée. Mixité (zones de circulation apaisée, couloirs bus et double-sens cyclables), séparation des usagers sur la voie (bandes cyclables), ou encore aménagements en site propre (pistes cyclables et voies vertes) sont autant d’instruments à la disposition des territoires pour sécuriser la pratique du vélo en interurbain et périurbain.
Partage de bonnes pratiques et exemples de réalisations
Les journées Une Voirie pour Tous favorisent avant tout le partage d’expériences. Parmi les exemples les plus intéressants : le département de l’Hérault, qui a expérimenté la chaussée à voie centrale banalisée pour améliorer le partage de la route entre les différents usagers dans des espaces très contraints. La ville d’Avignon, qui a systématiquement donné la priorité aux usagers de la voie verte du chemin des canaux qui lie le centre-ville au reste du territoire. Le département des Pyrénées-Orientales, qui a réussi à mobiliser des financements innovants pour la réalisation de voies vertes. Ou encore Vélo Loisir Provence, qui a plaidé pour la continuité des itinéraires cyclables. « Nous avons assisté l’EuroVelo 8 – La Méditerranée à vélo vers la mise en œuvre de continuités rapides, en favorisant l’utilisation de jalonnements et d’aménagements modestes » explique Sylvie Palpant, directrice de l’association. « L’idée était de donner la priorité à la continuité des itinéraires et de permettre d’abord aux usagers de circuler, quitte à proposer des solutions provisoires pour y revenir ensuite ».
Quelles perspectives pour l’avenir de ces territoires ?
La continuité devient aujourd’hui le maître-mot. Les financements et l’appui à l’ingénierie s’avèrent indispensables pour permettre de combler les vides dans ces espaces, même de manière provisoire. « Nous devons nous battre sur le périurbain car souvent les collègues élus ne rêvent que de pistes cyclables » raconte François Bonneau, conseiller municipal d’Agen. « La priorité doit aller à la continuité et pas à des aménagements de carte postale. La perfection est un frein à l’action ». Autre problème, la gouvernance : « la discontinuité est souvent le résultat d’une mauvaise répartition de la compétence voirie » explique Jean Yves Petit. « Les communes ne se concertent pas entre elles, et donc ne connectent pas leurs aménagements ».
Mais l’organisation des compétences passe d’abord par une prise de conscience de la part de certains élus. « Aujourd’hui encore il existe des élus vélophobes dans les collectivités. Il faut les combattre avec des moyens humains et financiers plus importants, mais aussi faire preuve de courage politique sur ces sujets » précise Michaël Delafosse, conseiller départemental de l’Hérault. Un courage politique qui doit s’appliquer « à tous les niveaux » selon Sylvie Banoun, coordinatrice interministérielle pour le développement de la marche et du vélo. « Les espaces périurbains sont les secteurs les moins accessibles aux modes actifs. Aujourd’hui nous avons vu qu’il existe des solutions pour les aménageurs. Mais il faudra aussi agir plus globalement en développant l’intermodalité, et en éduquant à la pratique du vélo dès le plus jeune âge ». Un contexte favorable et de nombreux outils pour réorganiser ce système périurbain et redonner toute sa place au vélo.
Antoine Coué